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Haewon et les hommes - Critique

Par Nopopcorn @TeamNoPopCorn

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Rohmer en Corée !

Après avoir été en compétition lors du Festival international du film de Berlin 2013 et à l'affiche du Festival Paris Cinéma 2013, le nouveau film d'Hong Sang-soo sort en salles.
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Hong Sang-Soo s'éloigne en tout de l'image qu'on se fait de la nouvelle vague coréenne.
Point de thrillers noirs, de comédies torturées, dans une logique de genre poussée à l'extrême. On est en présence d'un réalisateur europhile, qui va puiser son inspiration dans le cinéma européen.

Dans le style d'Hong Sang-Soo, il n'y a jamais d'accélération, de hausse du rythme. Au contraire, il a un style bien à lui, qui peut perturber si on n'a pas l'habitude de ses films. Il ne découpe que très peu ses scènes, jouant beaucoup avec le plan-séquence, ou du moins des plans très longs, comme la fameuse (et récurrentes dans ses derniers films) scène de la beuverie des étudiants avec leur professeur.
Plutôt que de faire des gros plans, il préfère zoomer sur les visages. En revanche, les scènes entre elles sont très découpées avec des situations répétitives.

En général, ce style commence à ennuyer, dans les derniers films de Hong Sang-Soo, car il s'intéresse souvent aux mêmes personnages, des hommes de 40 ans un peu désabusés, essayant de séduire les jeunes femmes.
Mais le film Haewon et les hommes possède un peu plus de grâce, et parvient à nous toucher, grâce au personnage d'Haewon. Cette jeune étudiante coréenne, perturbé par le départ de sa mère pour les États-Unis, est très touchante, d'autant plus qu'elle est joué par une actrice à la beauté un peu naïve.

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C'est tout de suite beaucoup plus facile pour un jeune de s'identifier à ce personnage. Mais comme on est chez Hong Sang-Soo, il fallait que ce personnage soit également une originale, un peu timbrée, qui n'hésite pas à faire ce qui est interdit, que ce soit passer derrière une barrière physique, ou derrière une barrière morale, en ayant une relation avec l'un de ses profs.

Par rapport à ses films précédents, toujours un peu figés, avec des stéréotypes sans forcément d'intérêt, on apprend ici quelque chose sur la société coréenne, vis-à-vis du rapport avec les barrières, l'ordre, mais aussi vis-à-vis de la relation profonde du pays avec l'émigration vers les États-Unis, et cela donne un peu d'épaisseur au film, et même quelque chose que beaucoup d'autres films coréens n'ont pas, un vrai rapport avec la réalité.

Le(s) moins

Le coté répétitif et la lenteur du film sont un peu gênants lorsqu'on n'a pas l'habitude de ce genre de films.
De plus, le jeu parfois très expressif des acteurs coréens parait très étrange. Les habitudes de jeu sont très différentes entre la Corée et la France, et cela peut presque passer pour de l'amateurisme, pour certains acteurs du moins, même si ça ne l'est pas.

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Conclusion

Un nouveau film lent de Hong Sang-Soo, mais qui est cette fois-ci plus troublant que d'ordinaire, et qui mérite le détour pour ceux qui aiment ce genre de films.

Ma note : 7/10


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Haewon et les hommes

Réalisé par: Hong Sang-soo.
Avec: Eun-chae Jeong, Lee Seon-gyoon, Ye Ji-won.
Genre: Drame.
Nationalité: Sud-Coréen.
Titre original: Nugu-ui Ttal-do Anin.
Distributeur: Les Acacias.
Durée: 1h30min.
Date de sortie: 16 octobre 2013.

Synopsis : "Haewon, une jeune et belle étudiante, veut mettre fin à la liaison qu'elle entretient avec son professeur Seongjun. Se sentant déprimée par le départ de sa mère qui part s'installer au Canada, elle le contacte à nouveau. Ce jour-là, ils rencontrent des étudiants dans un restaurant et leur relation est révélée. Haewon est de plus en plus perturbée et Seongjun émet l'idée qu'ils partent ailleurs tous les deux..."

  • Bande annonce

  • Les Anecdotes !


    Haewon et les hommes a été en compétition lors du Festival international du film de Berlin 2013.

    Le réalisateur, Hong Sang-soo, a voulu donner comme titre à son film un prénom qui correspondait à la personnalité de son héroïne au caractère fort mais également très fragile : "Haewon est un prénom féminin usuel en Corée, j'ai seulement changé la calligraphie. J'ai remplacé le caractère chinois "Hae", qu'on utilise habituellement, par un autre caractère suggérant plus de force. Quant à "won", cela veut dire "qui a eu une vie choyée". C'est pour ça qu'elle est un peu enfermée dans son propre monde, en dehors de la réalité. Elle est comme une jeune fille dans un jardin, protégée par une très haute muraille. En même temps grâce à sa politesse, elle possède certaines facilités pour établir des liens sociaux avec les gens. En mélangeant toutes ces impressions, j'ai créé son prénom."

    En plus de sa carrière de cinéaste, Hong Sang-soo enseigne la discipline cinéma à l'université de Konkuk (Séoul) depuis 2008. Cette surcharge de travail ne l'empêche pas de tourner en moyenne trois films tous les deux ans : "Si je ne tourne qu'un film par an, ça me laisse trop de temps de repos. Deux fois par an, c'est un peu trop chargé pour m'occuper de la post-production et de la sortie en salle. J'enseigne à la fac pour des raisons matérielles. Il y a une sorte de conflit entre "faire un film" et "enseigner le cinéma"."

    A la surprise générale, Jane Birkin fait un caméo dans Haewon et les hommes. Cette rencontre entre elle et Hong Sang-soo a été le fruit du hasard, puisque la chanteuse a rencontré le réalisateur à l'issu du concert qu'elle donnait à Séoul en 2012 : "La présence de Jane fut un heureux hasard. (...) Je lui ai dit que le tournage allait commencer et à ma grande surprise, elle m'a dit qu'elle pourrait faire un caméo. J'ai apprécié son amabilité et j'ai réfléchi à ce que j'allais faire avec elle. Kim Kyoung-hee, ma productrice m'a alors fait remarquer que Jeong Eun-chae était une grande fan de Charlotte Gainsbourg [la fille de Jane Birkin]. C'est vrai qu'il y a aussi une certaine ressemblance physique entre Jeong Eun-chae et Charlotte. A partir de là, j'ai créé la rencontre avec Jane. L'allure exotique de Jeong Eun-chae et son personnage aspirant à aller à l'étranger collaient bien avec cette scène."

    Hong Sang-soo a pour habitude d'introduire des éléments de ses précédents films dans ses nouveaux. Dans Haewon et les hommes, il s'agit du journal intime, déjà présent dans Night and day (2008) et Matins calmes à Séoul (2011), un accessoire qui joue un rôle primordial dans la structure narrative : "J'utilise parfois des éléments venant de mes films précédents mais je ne le fais pas toujours consciemment. Bien sûr, je sais que mon nouveau film sera aussi vu par des spectateurs connaissant mes films précédents. Cette fois-ci, j'ai un peu hésité à faire apparaître Yu Junsang et Ye Ji-won (les rôles de Yungshik et Yeonju) avec les mêmes noms et situation que dans Ha Ha Ha. Finalement, l'idée m'a semblé pas mal."

    Hong Sang-soo a tourné une partie du film à Seochon, à l'ouest de Séoul. C'est en 2011, lors du tournage de son précédent film Matins calmes à Séoul, que le cinéaste a découvert les environs de Seochon dont il est tombé sous le charme : "J'ai bien aimé le parc Sajik qui préservait quelque chose de l'ancien temps. Même la statue énorme dans le parc me plaisait. En marchant dans les ruelles de ce quartier, j'avais l'impression de me retrouver dans les années 70 et 80. (...) Même si on représente le passé comme quelque chose de grandiose, aussi imposant que cette statue, il est peuplé de gens comme Haewon aussi incertains de leur avenir."

Et vous qu'avez-vous pensé du film Haewon et les hommes ?

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