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Dexter, Saison 8: La triste fin d’un mythe

Publié le 09 octobre 2013 par Wtfru @romain_wtfru

dexter tableau

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Comme dirait l’autre, « voilà, c’est fini ». Après huit ans de bons et loyaux services, Dexter tirait sa révérence à la fin de cette saison. Un épilogue très attendu tant pour connaître le dénouement autour du plus célèbre des serial killer que par l’envie de voir les scénaristes nous en mettre plein les yeux après une saison 7 décevante.

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/!\ ATTENTION SPOIL /!\

De bonnes idées de départ…Nous avions quitté Dexter dans un cliffangher qui laisserait forcément des traces. Notamment sur Debra, liée corps et âme à son frère désormais après avoir tué Laguerta qui avait découvert à son tour le secret du rouquin. C’était bien évidemment le postulat de départ de la saison, voir comment le lieutenant Morgan allait réagir après ce tournant spectaculaire, cache misère d’une saison 7 plus que poussive.
On retrouve donc une Debra complètement perdue et dépressive, qui a décidé de quitter la Miami Metro pour devenir détective privée. Une façon de se cacher et de sombrer dans l’alcool et la drogue. C’est un peu stéréotypé, mais le jeu de Jennifer Carpenter prend de l’ampleur et s’avère très convaincant. On comprend ce que peut ressentir cette pauvre nana à la vie merdique qui vient d’ôter la vie à sa supérieur pour protéger son frère adoptif. Ses relations avec ce dernier sont d’ailleurs au point mort puisqu’elle décide de ne plus lui parler, convaincue qu’elle avait déjà assez perdu de temps à le comprendre et le protéger.

De l’autre côté, on retrouve un Dexter qui tente tant bien que mal de garder contact avec Deb’ et découvre la lente et inéluctable déchéance de sa sœur. Ce n’est plus un secret, l’expert en médecine légale ne sait plus où il en est et se montre de moins en moins prudent dans ses affaires. Dès le premier épisode, il remet de l’huile sur le feu en démontant un gars devant Debra et ressortant du motel maculé de sang avec Harrison qui l’attend dans la voiture… On est loin, très loin du Dexter méticuleux que l’on aimait.
Si on ne peut plus compter sur sa science du meurtre, les scénaristes trouvent néanmoins quelques bons filons à exploiter, notamment un retour dans le passé de Dexter qui découvre qu’Harry n’a pas crée « The Code » seul, mais avec l’aide d’une psychanalyste, spécialisée dans les tueurs en série (interprétée froidement par une Charlotte Rampling au niveau). Et de fil en aiguille, au milieu de la saison, il découvre l’existence d’un jeune avide de sang, Zac, lui aussi patient du Dr Vogel, qu’il décide de prendre sous son aile. Alors que l’on imagine une fin plausible et intéressante où Dex passerait le témoin du tueur en série de tueurs en série, la production décide de zigouiller le jeune Zac à l’emporte pièce, dans un épisode que le gamin portait pourtant quasiment sur ses épaules. Une frustration de plus qui vient s’additionner à celles de la saison précédente (on n’a pas oublié le départ incompréhensible de Lewis) et à celles que cette saison-ci va connaître.

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dexter saison 8

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… Gâchées dans un océan de n’importe quoi
Au lieu de mettre en place un seul fil conducteur qui se serait tenu de la saison 7 à la fin de celle-ci, les scénaristes ont sur-multiplié les pistes, pas toujours crédibles, au point de créer une overdose de situations plus abracadabrantesques les unes que les autres. Plus la saison avance et plus l’impression d’un script à la va-vite vient nous gâcher le plaisir de regarder Dexter. Très sincèrement, on s’accroche à cette saison dans le simple but de voir ce qui va advenir dans l’épisode final, même si on ne peut pas s’empêcher de noter les nombreuses incohérences et les avancées à grands sabots du scénario. Les tensions entre Dexter et Debra s’assainissent très (trop) rapidement sur le simple bon vouloir de Vogel, le retour d’Hannah McKay que l’on penserait revancharde du coup fourré de Dex s’avère être un pétard mouillé puisqu’elle retombe directement dans ses bras (et devient presque copine avec Deb!).
Pareil pour la relation Debra/Quinn – le gars qui a quand même serré tout le monde dont la baby sitter Jamie cette saison – qui va mener à un « happy end » prévisible à 100km.
On ne comprend pas trop non plus à quoi sert le détective Elway dans l’histoire, tout comme le Marshall Cooper, tout deux à la poursuite d’Hannah mais dont l’effet et l’intérêt final frôle le zér0 pointé. Il y a aussi le fameux fils de Vogel, Oliver Saxon, qui s’avèrera être le bad guy de la saison avec des retournements de situations capillotractés et un charisme très très relatif. On ne rentre jamais dans cette intrigue de fin de saison et la gêne est remplacée par l’irritation puisqu’on ne sait pas où l’on navigue et la peur de voir un épisode final bâclé se fait de plus en plus palpable.

Et ça ne va pas rater. De mémoire, jamais un épisode de fin de série n’a autant fait l’unanimité contre lui. C’est bien simple, toutes les situations vont être résolues en 55 minutes dans un océan de gâchis. Si on pouvait s’attendre à la mort d’un personnage principal, et notamment Debra, la façon dont va être gérée le drame est absolument grotesque. Mourra ? Mourra pas ? Le suspens après que Deb ait reçu une balle est nullissime puisqu’elle va mieux, puis moins bien comme dans une vulgaire série B. Et que dire de sa mort où Dexter a tout le loisir de débrancher les fils de la machine sans consulter le moindre docteur et de sortir le corps de sa sœur de l’hôpital pour l’emmener sur son bateau, aux yeux de tous sans que personne ne bronche. Pareil pour le règlement du cas Saxon. Dex’ va le tuer lors d’un prélèvement d’ADN devant les caméras de police et l’histoire sera balayée par Batista et Quinn qui ne chercheront pas la petite bête, croyant sur parole le cas de légitime défense avancée par Dexter (pourtant Quinn avait des soupçons sur lui lors de la saison 5 non ?). Hannah va se défaire des griffes d’Elway, pourtant malin, à l’aide d’un simple tranquillisant, le tout dans un bus bondé. Easy. Et puis la scène finale, cerise sur le gâteau. Alors que l’on voit Dexter s’éloigner à bord de son bateau pour s’enfoncer dans une tornade et se suicider après toutes ces merdes (le mec abandonne son fils au passage hein, le laissant partir avec Hannah en Argentine), une dernière scène nous le montre, hirsute, mal rasé dans une cabane de bûcheron où il vit reclus du monde visiblement. Le malaise est total.

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La belle époque

La belle époque

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Un classique détruit avec le temps
Alors que la série s’était très vite démarquée avec son anti-héros et avait fait l’unanimité d’emblée, les dernières saisons ont salement terni l’image finale.
Aujourd’hui tout le monde s’accorde à dire que Dexter a trop duré derrière l’apogée de la saison 4 et n’a pas su s’arrêter au bon moment. Il est vrai qu’après la saison de Trinity, il n’y a bien que la saison 6 qui s’est montré à la hauteur des premières. Et à l’heure des comptes finaux, 4 des 8 saisons sont loin d’être indispensables (3, 5 et la doublette de la mort 7/8), ce qui fait quand même beaucoup. Dans un monde parfait, Dexter aurait pu être bouclé en six saisons et s’installer dans le top du top des meilleures séries de l’histoire. Mais comment en vouloir à Showtime qui avait en ses mains une véritable poule aux oeufs d’or, la série la plus lucrative de l’histoire de la chaine ?

Au final, on se rappellera surtout d’un excellent postulat de départ mené par un génial Michael C. Hall et par une première salve de scénaristes de haut niveau (le changement d’équipe à la fin de la quatrième saison a fait grand mal). Il ne faut pas cracher sur ce qui a été grandiose et l’on reverra toujours les premières saisons avec un plaisir fou et certaines d’entre-elles (tout comme certains épisodes, même dans les saisons un peu moins bonnes) resteront dans les annales.
Toute fin est triste, et se dire qu’on ne verra plus Dexter Morgan manger ses œufs au petit-déj’ pendant le générique fait mal. Mais lorsqu’en plus, on voit tout ceci se terminer dans un plantage monumental, la douleur est d’autant plus vive. Et qu’on ne vienne pas nous parler de spin-off (l’idée a été lancée…) ou d’une reprise. Le mal est fait.

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