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Comment François Fillon poursuit sa route... à droite

Publié le 16 octobre 2013 par Juan
Comment François Fillon poursuit sa route... à droite L'ancien premier est engagé dans une course de vitesse, à droite. L'objectif, ringardiser rapidement Nicolas Sarkozy. Fillon est ainsi sorti de son "positionnement" historique de gaulliste social pour récupérer deux des thématiques fortes de la droite - la rhétorique sécuritaire d'une part, un libéralisme décomplexé et brouillon d'autre part.
Lundi soir, vingt-quatre heures après l'échec d'une candidate UMP contre un rival frontiste à Brignoles, le voici sur TF1 pour donner sa "vision". On attendait un point d'étape sur son propre rapprochement à droite, sa façon si tardive, opportuniste et énervée de "casser un peu de vaisselle". L'expression avait été sortie pour justifier sa propre déclaration qui fit tâche - quand il hésita publiquement à énoncer une consigne simple et claire de vote en cas de finale locale entre un FN et un socialiste.
Bref, Fillon, ce lundi soir, était un peu attendu.
1. Nous eûmes la confirmation d'une démarche neo-lib. Fillon, lundi, enfonça quelques clous dans son tableau libéral. Il usa d'une curieuse formule, "l'assommoir fiscal"  contre lequel il enjoignait les électeurs de voter lors des prochaines ... municipales. Se réfugier derrière un fameux ouvrage d'Emile Zola avait quelque chose d'indécent pour cet apprenti candidat à la Présidence des Riches: "le gouvernement continue inlassablement à augmenter les impôts et il provoque ce sentiment de rejet - pas seulement à Brignoles - qui est extrêmement puissant (...) Puisque le gouvernement ne veut rien entendre, la seule façon d’exiger l’arrêt de l’augmentation des impôts, c’est de faire des élections municipales un référendum".
"L'assommoir sert souvent à défendre une porte : dans un château fort, il est typiquement placé au-dessus de l'étroit couloir couloir d'entrée menant au pont-levis, en arrière de la herse."
Source: Wikipédia
La veille dans les Echos, l'ancien premier ministre avait précisé quelques-unes de ses idées économiques, déjà évoquées dans l'indifférence quasi-générale l'été dernier. Fillon est un optimiste: "La France est entrée dans une période durable de déclin, avec des alternances de croissance faible et de récession". Et donc il faudrait un traitement de choc. Il faudrait "décoiffer". Fillon va lancer des "ateliers" de coiffure version neo-lib. Il a des idées: "Arrêtons d'empêcher les restructurations d'entreprise, cela conduit souvent au pire." 100.000 d'emplois industriels perdus dans les 3 ans de "son" quinquennat.. où a-t-il vu que les restructurations d'entreprises étaient empêchées ? Il y a d'autres "suggestions", comme "réformer la formation professionnelle ainsi que les professions réglementées, accélérer l'autonomie des universités, aller plus loin que la suppression d'un poste de fonctionnaire sur deux partant en retraite, obliger les collectivités locales à faire de même, fusionner départements et régions, porter la retraite à 65 ans"
2. Fillon a aussi fait sienne la surenchère sécuritaire. La manoeuvre est connue: il s'agit de montrer que la gauche de gouvernement est laxiste en la matière. En langage fillonnesque, cela donne: "Les Français sont assommés par les impôts, ils ont le sentiment que le chômage ne baissera jamais, l’insécurité est un vrai sujet, et c’est le moment que le garde des Sceaux choisit pour proposer des textes qui vont dans le sens d’une moins grande sévérité".

Le hic, c'est que Manuel Valls est plus populaire que François Fillon ... à droite. Que faut-il retenir de cet incroyable résultat que le journaliste de TF1 n'osa exposer à l'impétrant UMPiste ? Que Fillon, donc, n'est pas jugé crédible, lui, l'ancien premier ministre, par son propre camp ? Terrifiant sondage...
3. Fillon eut aussi la trouille d'assumer sa rivalité avec Nicolas Sarkozy. Mais non... il n'est pas en conflit, ce n'est pas "la guerre froide"... il nous l'a assuré ! "Les Français attendent qu’on leur propose une nouvelle politique (...) Si on est bloqué sur ce passé, alors, ils pourront avoir des raisons d’aller vers le Front national. Les relations entre moi et Nicolas Sarkozy pendant cinq ans, c’est un sujet pour les historiens, ce n’est pas un sujet pour construire un projet politique."
Les Amis de Nicolas Sarkozy se rassemblaient justement ce mardi 15 octobre, pour leur traditionnel déjeuner annuel, le second du genre, immortalisé devant des caméras.Les sourires étaient souvent jaunes. Mercredi débute une convention à l'UMP consacrée... à l'inventaire du quinquennat de leur mentor. Quelle infamie ! Guillaume Peltier, nous raconta le Figaro, expliqua combien Fillon s'était "tiré deux balles dans le pied" en étant ambigüe sur le FN puis en critiquant Nicolas Sarkozy. Brice Hortefeux a moqué l'initiative du parti. Sur RTL, le matin même, il avait eu ce moment d'amnésie publique toujours troublant, qualifiant Sarkozy de "seule personnalité en France capable de faire reculer le Front national", oubliant l'incroyable progression électorale de la famille Le Pen entre 2007 et 2012.
Bon courage...


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