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Cuba annonce la fin de sa double monnaie

Publié le 23 octobre 2013 par Quiricus

Cuba annonce la fin de sa double monnaie
C'est la fin d'un particularisme vieux de vingt ans. Après plusieurs mois de tractations, le Parti communiste cubain (PCC) a lancé aujourd'hui un processus d'unification des deux monnaies ayant cours sur l'île, le peso cubain et le peso convertible, indexé sur le dollar.
Dans son discours inaugural, le président cubain Raul Castro a néanmoins été peu expansif: seule donnée connue aujourd'hui, la réforme devrait être appliquée dans un premier temps aux entreprises d'État, puis aux particuliers. Selon différents spécialistes, l'application de cette mesure à l'ensemble de l'économie, l'une des plus faibles du monde, pourrait prendre dix-huit mois.
Un peu d'histoire. Après la chute du bloc soviétique, les rentrées financières de l'île, ultra-dépendante du grand-frère communiste, chutent d'environ 85%. Pour redonner un peu de souffle à un système anémique, Fidel Castro consent une «ouverture» au marché extérieur: les transferts de la diaspora cubaine sont autorisés dès 1993 et, dans un même temps, le dollar, jusqu'alors honni par le régime, fait son apparition dans les rues de la Havane.
Raul Castro, le 26 juillet 2013  
En 1994, une troisième monnaie étalonnée sur le billet vert, le peso convertible (CUC), entre officiellement en circulation. Dix ans plus tard, à la suite de nouvelles sanctions économiques votées par l'administration Bush, l'utilisation du dollar est prohibée sur l'île et sa conversion taxée à 10%. Le peso convertible devient alors la monnaie de référence pour les échanges extérieurs, les produits d'importation et le tourisme.

Une fracture sociale

Concrètement, la refonte du système monétaire insulaire devrait passer par une dévaluation échelonnée du peso convertible, aujourd'hui égal à 24 peso cubains (CUP), et une réévaluation progressive de cette dernière devise. Le casse-tête apparaît pour les comptes nationaux et les entreprises d'État, qui établissent leur comptabilité avec une parité CUC-CUP qui «distorsionne toute réalité économique», soulignait en avril l'économiste Pavel Vidal, ancien spécialiste monétaire de la CEEC, aujourd'hui enseignant à l'université de Cali.
En deux décennies, l'existence de cette double monnaie a favorisé l'essor d'une partition au sein de la société cubaine, où le salaire mensuel moyen est estimé à une quinzaine d'euros. D'un côté, professions libérales et salariés des entreprises nationales qui reçoivent chaque mois leurs paie et retraites en peso cubain. De l'autre, tout un pan de la société civile dépendante de l'industrie du tourisme, rémunéré en peso convertible, ou chavito, sobriquet locale de cette devise. Ainsi, aujourd'hui, un médecin généraliste gagne en moyenne 500 CUP par mois (14 euros), lorsqu'un vendeur de cartes postales empochera jusqu'à dix fois cette somme.

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