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Lewis Allen Reed (2 mars 1942 – 27 octobre 2013)

Publié le 28 octobre 2013 par Storiagiovanna @StoriaGiovanna

lou-reed-sizedCe dimanche 27 octobre 2013, je me rappellerai que j’étais triste. Pas mal de petites choses ont un peu pourri ma journée, notamment le souvenir de mon réveil du dimanche 27 octobre 2002, journée pourrie de mon existence s’il en est. Cette soirée du dimanche 27 octobre 2013, quelque chose m’a rendue encore un peu plus triste encore : l’annonce du décès de Lewis Alan Reed, plus connu sous le nom de Lou Reed.

Je me suis dit, comme toutes les fois que j’entends le décès d’un artiste que j’apprécie, que je n’ai pas eu la curiosité de découvrir toute son œuvre de son vivant, ce qui est pour moi une injustice majeure. Il est vrai que l’œuvre de Lou Reed n’était pas l’une des plus accessibles au grand public, du fait d’une création qui se voulait exigeante et sans concession. Comme beaucoup de personnes qui me liront, j’en connaissais principalement les tubes les plus écoutables par le grand public, mais, depuis hier soir, je découvre des choses assez audacieuses parmi mes contacts FB qui postent leur chanson préférée et Oüi – merci encore – qui déterrent des trucs que je n’aurais jamais eu la volonté de déterrer moi-même.

Encore une fois, je ne remercierai jamais assez mon parrain de m’avoir fait découvrir Velvet Underground & Nico (1966). La musique est datée et correspond tout à fait à ce qui se faisait dans les années 1960, mais il y avait quelque chose de gracieux, de différent dans les mélodies. En vérité, ce sont les thèmes abordés par l’album et la manière dont les paroles étaient écrites qui ont suscité l’émoi. Même une chanson avec une orchestration mignonne comme Sunday Morning contient en vérité des paroles très obscures (Sunday morning, and I’m falling, I’ve got a feeling I don’t want to know…). C’était la signature Lou Reed. Dans le même style, je trouve que I’ll be your mirror est la plus jolie des chansons d’amour des années 1960, même si, quand on regarde les paroles, ça pourrait facilement me faire passer pour une psychopathe.

Il est évident que je ne connais pas grand-chose de la suite de la carrière de Lou Reed après 1970, mis à part les tubesques Take a Walk on the Wild Side et Perfect Day . Malgré tout, j’avais eu la curiosité d’écouter son concept Lulu (2011) avec Metallica. Oui, Metallica, je vous jure. Le résultat était… bizarre mais pas dégueulasse, comme je l’avais si bien décrit à l’époque. Autant dire que je ne connaissais Lou Reed que de réputation, mais dans l’éventualité où je tombais sur une de ses œuvres, je ne me bouchais pas les oreilles pour autant.

Il est vrai qu’à l’instar de David Bowie pour les popeux et les rockeurs prétentieux, Lou Reed, dès le début de sa carrière solo, est devenu une véritable source d’inspiration pour les keupons new-yorkais, là où j’aurais davantage vu The Stooges comme quelque chose d’évident, puisque plus flamboyant et riot. D’ailleurs, tant qu’à parler de David Bowie, je trouverais davantage de similitudes avec l’univers de création du Thin White Duke : même timbre chevrotant (même si celui de Reed est bien plus grave que celui de Bowie), une même volonté d’expérimentation mélodique et orchestrale, l’exploration de mêmes univers dans les années 1970… Sauf que, d’un côté, on retrouve une espèce de flamboyance et d’invitation aux rêves/aux univers parallèles tandis que de l’autre côté, on trouve une œuvre pessimiste, emplie d’une fascination pour les profondeurs de l’âme humaine. Preuve que Lou était resté underground bien après le Velvet.

Il restera aussi de l’œuvre de Lou Reed une vision décortiquée et précise de New York. Outre le fait d’avoir inspiré de nombreux groupes et de nombreux artistes de la Grosse Pomme – Andy Warhol et Sonic Youth peuvent nous le témoigner – et d’avoir consacré une grosse partie de son œuvre à sa ville, il se permit de sortir en 1990 un album qui lui est complètement consacré et qui fut l’une de ses dernières réussites artistiques. Arnold disait ce matin : Je crois qu’avec Lou Reed, j’ai pu visiter New York sans jamais y avoir mis les pieds.

Comment beaucoup de poètes inspirés par les noirceurs de l’âme, Lou Reed paya de sa santé ses multiples incursions vers la source de son écriture. Il restera de lui une œuvre rare, profonde et souvent distordue, dont beaucoup de personnes se revendiqueront désormais. Une chose me rassure tout de même : il aura vécu assez longtemps pour voir la portée de son œuvre de son vivant. J’espère, par conséquent, qu’il s’en est allé dans la paix.



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