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Le sensible et singulier univers de Brigitte Giraud en deux romans

Par Filou49 @blog_bazart
30 octobre 2013

brigitte_giraud__lmc_article En listant les-nombreux- envois Service de Presse que j'ai reçu depuis la rentrée, je me suis aperçu que j'avais deux ouvrages du même auteur, Brigitte Giraud, l'un publié en poche, et sorti l'an passé en grand format, et l'autre en grand format chez Stock. Car Brigitte Giraud, auteur locale bien connue des lyonnais, est une habituée de la rentrée littéraire et nous propose pratiquement chaque année un de ses romans.

D'elle, j'avais jusqu'à présent lu deux ouvrages, "A présent", le récit touchant et sincère de la mort de son compagnon, père de son fils, (décédé soudainement dans un accident de moto) et surtout son recueil de nouvelles, "L'amour est très surestimé", en 2007, qui m'avait  beaucoup charmé. Dans ses onze nouvelles, l'auteur nous racontait l’amour qui finit de toutes les manières : dans le déni, dans l’indifférence, dans la violence, dans l’abandon, dans la mort, l''écriture de Brigitte Giraud frappait par sa délicatesse et sa pudeur.

Bref, j'avais très envie de retrouver la plume de cette si sensible auteur, et ce que j'ai pu faire grâce à deux éditeurs, J'ai lu et Stock pour les deux chroniques suivantes : 

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1.Pas d'inquiétude (ed J'ai Lu)

Le thème de "Pas d'inquiétude", roman publié l'an passé, et édité en poche fin aout 2013,  n'est pas sans rappeler celui de"La guerre est déclarée" ou d'"Alabama Monroe", deux films magnifiques  et dont j'ai dit beaucoup de bien sur ce blog : un couple face à la maladie, très grave, de leur enfant. Un sujet si délicat et pouvant donner lieu à pas mal de pathos ,de sensiblerie,  ou au contraire de trop de froideur, éceuils que les deux films évitaient largement.  Dans le roman de Brigitte Giraud, le pathos est également complètement évité. Le narrateur est le père du garçon  qui témoigne au jour le jour de son impuissance, à agir ainsi que de l'aigreur qui l'absorbe jusqu'à rendre son fils coupable de l'empêcher de vivre "normalement" , et de son desarroi devant cette maladie s'immiscer dans la vie quotidienne de sa famille, modifier ses relations avec sa femme et avec sa fille adolescente, avec ses amis et ses collègues ... En bref, "Pas d'inquiétudes" est le récit de ce désarroi d'un père obligé de rester à la maison avec un fils de 10 ans qu'il connaît mal et qu'il apprendra à découvrir peu à peu.,  et  le livre nous montre comment la maladie d'un des membres de la famille influence l'ensemble de leur vie, de leurs relations aux autres . Hélas, contrairement aux deux ouvrages que j'avais pu lire d'elle, Brigitte Giraud  sur ce sujet donc potentiellement tire- larme, opte pour l'effet un peu trop inversé, à savoir un ton et une vision manquant un peu d'empathie et qui peut désarconner le lecteur. "Pas d'inquiétude" se révèle de fait moins émouvant qu'il aurait pu être. Trop monocorde, trop clinique,  ne lâchant pas d'une semelle ce père sans repères, démuni et presque pathétique, la douleur presque  apathique  du père  ne nous touche pas autant qu'on aurait souhaité. Dommage!!

 

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2. Avoir un Corps ( ed Stock)

 Même si j'ai donc quelques réserves à formuler sur son précédent roman, il y a une chose qu'on ne peut que louer chez cette romancière, c'est sa capacité  à se renouveler, et sur la forme et sur le fond, et à tenter des projets pour le moins audacieux et aventureux sur le papier.

Témoin sa dernière oeuvre en date, "Avoir un corps", qui est sortie pour cette rentrée littéraire 2013 et qui n'est ni vraiment un essai, ni vraiment un roman, mais un récit né de rencontres avec la chorégraphe Bernadette Gaillard un récit vu le prisme de l'évolution d'un corps de femmes, sur une vie de sa naissance jusqu'à maintenant ( lorsqu'elle a la quarantaine, après une maternité)

Les rapports que l'on entretient avec son enveloppe charnelle, Brigitte Giraud nous en parle dans son touchant dernier livre autobiographique, puisqu'elle part de sa propre histoire qui arrive à devenir universel, grâce à l'écriture de Giraud, sensible et sèche à la fois.

La belle idée de départ est ici exploitée  de bien belle façon, et jusqu'au bout du récit. 

La romancière lyonnaise arrive à nous narrer toute une vie de femme (un peu comme le faisait d'une autre façon, Sylvie germain, dans son dernier roman) sauf que là, la vie de cette femme est aussi celle de l'auteur et qu'on reste sous la sphère de l'intime, et jamais de  l'extérieur. Par le biais de courts paragraphes décrivant toutes les sensations diverses que traverse le corps au fil du temps, on vit à travers cette femme qui va traverser des épreuves, et à chaque fois les traduire par des émotions corporelles.

" Avoir un corps" nous raconte donc une enfance, la naissance du frère, les jeux,  les premiers cycles menstruels,  les premiers émois amoureux,  et l'envie d'enfanter contre lequel on lutte d'abord puis se soumet plus ou moins délibèrement. Rarement on nous avait montré ce que c'était d'avoir un corps d'enfant, qui se mue progressivement pour devenir celui d'une femme puis d'une mère, en gardant  toujours  la conscience des différentes transformations de celui ci. 

Un projet littéraire original et parfaitement maitrisé qui démontre que ma seconde rencontre d'afilée avec l'univers de Brigitte Giraud m'a plus convaincu que la prémière..


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