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Staande ! Debout !, film de Anu Pennanen et Stephane Querrec

Publié le 04 novembre 2013 par Onarretetout
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A Renault Vilvoorde, la solidarité est morte ? La caméra s’attarde sur une usine abandonnée, des machines arrêtées. Des voitures, cependant, roulent encore, des camions, la terre continue de faire pousser son herbe. Combien de morts ? Combien d’espoirs perdus, de trahisons, dans ces combats de 1997, fin du XXe siècle, stratégies capitalistes broyant les ouvriers, les luttes syndicales européennes ? Il n’en reste pas tant des anciens camarades, huit au début du film, après la mort de Berto. Huit qui ont, chacun, choisi une façon différente de continuer à vivre, autour de l’usine. Un autre métier, la muséification de l’industrie, la solidarité tiers-mondiste, la survie, l’apprentissage de la langue juridique de l’exploiteur… Comment vivre debout pour les damnés de la terre ? Le film est une variation (bilingue - français, flamand - et sous-titrée en anglais) autour de ce chant révolutionnaire, L’internationale. Debout, Félix, cet homme, le plus âgé de tous ceux qui restent, n’a jamais digéré la défaite, jamais accepté les trahisons, toujours hanté par l’usine, le bruit des machines, le chant des travailleurs. L’usine, c’était sa vie, à lui, le Français venu travailler en Belgique. Comment n’est-il pas mort avec elle ? Comment peut-il comprendre que les sept autres qu’il rencontre après la mort de Berto aient trouvé d’autres raisons de vivre, tourné la page ? La fierté de classe, représentée par la statue magnifiant un jeune ouvrier, la fierté de la lutte, représentée par la statue d’un poing levé, ne sont-elles désormais que des images dans le décor que traversent les véhicules sans que les conducteurs y jettent un regard, des symboles du passé, d’un passé définitivement passé ? C’est au pied de cette dernière statue que Félix chante, une dernière fois L’internationale, jusqu’au dernier couplet : « La terre n’appartient qu’aux hommes », la terre où, s’il faut y vivre debout, il meurt couché, entouré des amis de travail et de lutte, leur accordant en quelque sorte de vivre, lui qui meurt une dernière fois avec l’usine qui fut sa respiration, sa fierté, son combat.

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Et comme ce film résonne alors que PSA ferme un site en région parisienne, alors que Mittal ferme les hauts fourneaux à Florange. Mêmes témoignages des ouvriers qu'en 1997. Mêmes angoisses, mêmes combats. Même revendication :

Hideux dans leur apothéose
Les rois de la mine et du rail
Ont-ils jamais fait autre chose
Que dévaliser le travail ?
Dans les coffres-forts de la bande
Ce qu'il a créé s'est fondu
En réclamant qu'on le lui rende
Le Peuple ne veut que son dû


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