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Mon genre, ma bataille !

Publié le 07 novembre 2013 par Lifeproof @CcilLifeproof

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Michèle Sylvander, La Fautive, 1995

Au lendemain des bouleversements rencontrés face au débat sur le mariage pour tous, une exposition questionnant le genre et la sexualité semblait s’imposer. C’est en tout cas ce qu’a pensé le MuCEM, Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée, en proposant de nous dresser un état des lieux sérieux, bien qu’un peu léger, sur les transformations et les différences qui s’établissent dans nos sociétés entre le genre masculin et le genre féminin, autrement dit, un problème vieux comme Hérode. Fort est de constater, point positif et assez surprenant à l’appui, que le commissaire général et son associé à l’art contemporain, ainsi que le conseillé artistique sont tous des hommes. De quoi clouer le bec à certaines féministes trop radicales qui voudraient que les hommes n’aient pas leur mot à dire à propos des luttes sexuelles.

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Pilar Albarracín, sans titre (Torera). © Pilar Albarracín, Courtesy, Galerie GP & N Vallois, Paris

L’exposition se présente comme un voyage anthropologique, associant des objets du quotidien, des œuvres d’art contemporain (Annette Messager, Louise Bourgeois, Pierre et Gilles, Nan Goldin…), des films documentaires et de fictions, mais également des objets issus de la collection ethnologique du musée. À travers différentes approches (le corps féminin, l’égalité des sexes, l’homosexualité, la religion), l’exposition nous invite à sortir des catégories qui cloisonnent et hiérarchisent la société, tant au niveau des classes sociales, du sexe, du genre, des origines, ou encore des orientations sexuelles. Cette exposition fait le constat que la catégorie de sexe est une catégorie ancrée dans la société et que les hommes comme les femmes perpétuent, de manière inconsciente la plupart du temps, par quelques habitudes réflexives et comportementales.

 

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Anke Doberaurer, Léo, 1995. Huile sur toile – MMK Francfort Allemagne

En parcourant cette exposition, je n’ai pu m’empêcher de penser aux propos tenus par Monique Wittig concernant la catégorisation des sexes[1]. La volonté de Monique Wittig est de déconstruire les catégories mentales et sociales de genre, autrement dit les modèles de pensées traditionnels sur lesquels la société est fondée. Elle nous montre d’autre part, que pour bon nombre de personnes, ces catégories constituent des repères intangibles et que les mettre à mal reviendrait à détruire les bases solides sur lesquelles repose le système social.

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Hassan Hajjaj & HANDPICK JP AKA, Rider, 2010, metallic lambda print, wooden frame with knor stock packaging © Hassan Hajjaj & HANDPICK JP AKA

Au fil de l’exposition, on comprend alors que cette catégorie sexuelle est à l’origine des comportements normés des hommes et des femmes. Comme l’écrit Virginie Despentes dans son ouvrage King Kong théorie, si on demande à l’homme d’être viril, protecteur, compétitif, on demande à la femme d’être « séduisante mais pas pute, bien mariée mais pas effacée, travaillant mais sans trop réussir, pour ne pas écraser son homme, mince mais pas névrosée par la nourriture, […] bonne maîtresse de maison mais pas boniche traditionnelle, cultivée mais moins qu’un homme… »[2].

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Affiche."Boulot, Omo, marmots, y'en a marre, contraception pour toutes et tous" MLF, 1971. Paris, Bibliothèque Marguerite Durand © Cliché : Bibliothèque Marguerite Durand / Parisienne de Photographie

Cette exposition nous interroge donc sur le système de pensées homme et femme dans la société actuelle, en France comme ailleurs. Étonnant donc qu’elle se titre « Au bazar du genre. Féminin/Masculin en Méditerranée », même si l’on comprend que le Mucem se doit, dans ses expositions, de faire un avec lien forcé avec le bassin méditerranéen. Cependant cette réflexion autour du concept de genre et sur les discriminations sexuelles est un sujet national et international. Mais dans un tel lieu, les commissaires se devaient de présenter une enquête menée dans différents lieux en Méditerranée afin de montrer comment les changements dans les pratiques et représentations du genre trouvent, dans l’espace méditerranéen, des expressions particulières selon les cultures, les communautés, les contextes sociaux et économiques.


[1] Monique Wittig, « La Categorie de sexe » in La pensée straight, Paris, Edition Balland, 2001, p. 49.

[2] Virginie Despentes, King Kong théorie, Le livre de poche, Paris, 2007, p. 13.

Marine.

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Exposition du 7 juin 2013 au 6 janvier 2014 au MuCEM 1 esplanade du J4, 13002 Marseille

Tous les jours sauf le mardi de 11h à 19h en été (jusqu'au 3 novembre 2013), et de 11h à 18h en hiver (du 4 novembre 2013 au 30 avril 2014).
Dernière entrée à 18h15 en été et à 17h15 en hiver.

Nocturne le vendredi jusqu’à 22h.
Dernière entrée à 21h15.

Evacuation des salles d'expositions 30 minutes avant la fermeture.


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