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[critique] Waterworld : noyade post-apocalyptique

Publié le 08 novembre 2013 par Vance @Great_Wenceslas

Toute la filmographie de Kevin Costner n’est pas à l’aune de Danse avec les loups, ou encore JFK. Loin s’en faut d’ailleurs, même si le bougre a su assez souvent surfer sur de bonnes vagues, depuis ses scènes coupées dans les Copains d’abord qui poussèrent le réalisateur à l’engager dans Silverado.

Bannière Costner 02

Au rayon des grosses casseroles que le beau Kevin se traîne en figurent deux de taille : the Postman et Waterworld. Deux méga productions qui semblent s’être effondrées sous leur propre poids, les problèmes de tournage s’ajoutant aux soucis financiers, pour aboutir dans la liste des flops les plus retentissants. Et la critique n’a pas été tendre avec eux. Peut-être Kevin Costner était-il monté trop haut, trop vite ?

Toujours est-il que malgré leurs points communs dans l’échec, ce sont deux films assez différents dans leur conception qui ne méritaient peut-être pas la volée de bois vert qu’ils se sont pris à l’époque.

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Soyons francs, cela dit : c’est la troisième fois que je vois Waterworld et j’ai du mal à me débarrasser de ma première impression, celle d’un film bouffi, tape à l’œil et laid, digérant mal ses influences (bien loin d’égaler le sombre dynamisme de Mad Max) sans assimiler totalement le concept du genre post-apocalyptique. Pourtant, lorsqu’on y revient, on se dit que ce melting-pot improbable et lourdingue est le résultat du mélange hasardeux d’éléments intéressants, voire fascinants. Pensez donc : une planète noyée sous les eaux ! On boucle la boucle entre le Déluge et la fonte des glaces : une seconde purge, mais y a-t-il une seconde chance ? Oh, il y a bien un mythe, une chimère, de celles qui ne servent qu’à entretenir un mince espoir le temps de crever la gueule ouverte dans un monde définitivement hostile à l’humanité, quand bien même elle aurait poussé très loin les limites de ses capacités d’adaptation. A moins qu’une mutation bienvenue lui permette de s’en sortir ?

Le problème est que le script de Twohy (coscénariste, il s’y est mis après celui du Fugitif) plombe immédiatement ces idées-force en les subordonnant aux règles strictes de la quête héroïque : on sent bien que le personnage principal, marin solitaire et taciturne s’en sortant un peu mieux que les autres grâce à un don inné, puisqu’il est incarné par Costner, se doit d’être un héros, charismatique, beau, musclé et tout et tout. Oui, il y a bien des tentatives de le rendre un peu méchant sur les bords, mais on ne doute pas une seconde qu’il refusera de laisser un marchand profiter des faveurs de sa compagne (délicieuse Jeanne Tripplehorn) – d’autant qu’il succombe bien vite au regard de sa petite protégée, devenant un papa de substitution un peu trop rapidement.

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Costner est ainsi, peut-être, ce qui nuit au film, conçu visiblement pour explorer à l’envi un univers graphiquement sublime (la mer à perte de vue) plombé par un désespoir ambiant duquel se nourrissent quelques immondes petits potentats aux visées aussi courtes qu’égoïstes. D’autant que, pour qu’il y ait un héros, il fallait un adversaire à sa mesure : le choix de Hopper (truculent dans son genre, moins cynique que dans Speed mais tout aussi expansif) achève de plonger le métrage dans le ridicule. Suivent les décors, parfois imposants, mais qui laissent une désagréable impression de kitsch avec ces costumes et ces baraquements réalisés avec deux bouts de ficelle et quelques épaves. C’est moche et ça doit puer. Le genre d’odeur dont on ne se débarrasse jamais, un peu comme cet arrière-goût qui vous pourrit un dîner qu’on vous promettait fastueux.

Waterworld ne décolle jamais et enchaîne des péripéties sans intérêt autre que celui d’exposer Kevin sous toutes les coutures (il avait perdu du poids depuis Robin des bois). Quant au mythe de Dryland, il est tellement mal fichu que le dénouement final a vraiment du mal à passer.

Tout entier construit pour servir l’aura de Costner, le film se fourvoie souvent et hésite constamment. L’acteur, en revanche, paie de sa personne, dans un rôle assez physique qui le laisse tranquille du côté expressions faciales. Il faut lui reconnaître un vrai charisme, surtout qu’il est le seul à être à peu près élégant malgré ses breloques et colifichets de récup’.

Waterworld 04

Restent quelques moments sympa (pour l'anecodte : Jack Black joue un des pilotes de Dennis Hopper) et beaucoup de regrets. Si le projet de la chaîne SyFy de le « remaker » aboutissait, cela pourrait être nettement plus intéressant. Ou lamentable.

Ma note (sur 5) :

2


 

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Titre original

Waterworld 

Mise en scène 

Kevin Reynolds

Date de sortie France 

25 octobre 1995

Scénario 

David Twohy & Peter Rader 

Distribution 

Kevin Costner, Jeanne Tripplehorn & Dennis Hopper

Musique

James Newton Howard

Photographie

Fuller, Semler & Soderling

Support & durée

Blu-ray Universal 2009 Region All ; 1.85 :1/ 136 min

Synopsis : A la suite d'une catastrophe écologique, la Terre est recouverte par les océans. Les rares survivants vivent sur des atolls artificiels, rêvant d'une contrée mythique, Dryland, recouverte de vastes forêts et de profondes vallées.


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