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Interview ❘ Joséphine Draï, la princesse des bons mots change d’air

Publié le 11 novembre 2013 par Generationnelles @generationnelle

« Pas loin de Dauphine, c’est la reine des petits rats à qui sourit la vie. » Joséphine « Ose » à nouveau monter jusqu’au 29 décembre tous les dimanches à 18h sur la scène du Théâtre du Petit Hébertot. La comédienne en tutu assure avec son débit légendaire et ses chansons attachantes son « seul en scène à trois » désopilant avec ses deux acolytes musiciens. Après la réalisation de son « rêve » musical, avec la sortie de ses compositions en disque, la femme caméléon continue de diffuser son humour caustique et décalé sur France Inter et sur Canal+. Après scène, radio, télévision, le cinéma ne sera bientôt plus fiction pour l’ancienne parolière d’Élodie Frégé et Sheryfa Luna.

Pour ceux qui ne le sauraient pas encore, pourquoi avoir donné ce nom « Joséphine Ose » au spectacle ?
Le nom du spectacle n’est pas obligatoirement lié à la chanson. Pour moi, c’était important de mettre en avant le terme « oser » parce que personnellement, j’osais monter sur scène et que je n’avais jamais eu l’occasion de le faire auparavant. Puis la chanson « Oser Joséphine » avait un lien avec mon histoire personnelle. Mon père était le batteur d’Alain Bashung pendant des années quand j’étais petite. On m’a rapporté l’histoire bien plus tard, il venait souvent me tirer la joue en ajoutant « ah! si j’osais Joséphine » et de cette petite phrase est né ultérieurement le gimmick du refrain. A l’époque où j’écrivais la pièce tout cela m’est revenu en tête.

Le spectacle est hybride avec chanson sketchs, comment cela est-il venu ?
C’est venu des chansons, je n’avais absolument pas l’idée de faire un spectacle d’humour au début. Je voulais juste mettre ces chansons sur un disque ; j’étais déjà parolière pour d’autres artistes et témoin privilégié du gel de la vente des disques. Je me suis dit « tes chansons, elles sont peut-être sympas mais c’est pas la révolution non plus. Tu vas sortir un disque, tu vas en vendre 3 et demi et tu vas donner 3 pauvres concerts. » Je savais que ces chansons devaient vivre autrement. À cette époque, je me produisais avec d’autres, je parlais naturellement avec des impros qui suscitaient le rire. On m’avait alors conseillé de structurer le tout avec les chansons et les bouts de texte pour créer un « un sur scène ». Les chansons n’avaient absolument pas vocation à être drôles, à part une ou deux où il y a des traits d’humour. Je propose de jolies chansons parce qu’on peut les écouter par la suite sur le cd, sans le spectacle. Je suis très contente de préserver ce côté poétique.

C’est l’histoire d’une fille de 25 ans qui a ses petits problèmes et depuis 2011, se fait larguer par « Gaëtan Connard » tous les dimanches soirs…
OUI ! Alors qu’en fait, dans la vie je suis avec quelqu’un depuis deux ans ! Pendant un an, j’étais vraiment en accord avec ce que je disais mais depuis deux ans, je joue la comédie tous les soirs. Du coup, c’est un vrai travail de composition puisque ça me concerne moins. Mais c’est des choses que j’ai écrites donc que j’ai pensées donc que j’ai vécues donc j’arrive facilement à me remettre dedans. Je n’ai fait que parler de moi en essayant de rester naturelle sans vouloir délivrer de message particulier. Si les filles mangent trop de Kinder et s’en veulent et font un régime pour plaire, c’est tant mieux, c’est la magie de la rencontre entre un artiste et un public. Je pense que c’est mieux que de s’obliger à rentrer dans un univers de filles avec : les mecs, les soirées filles.

Cette fille justement, qui n’est pas comme les autres, elle est trash un peu, elle est crue notamment dans les sujets abordés sur scène.
Je suis pire, vraiment pire dans la vraie vie. (Rires) Dans ce secteur « trash », je ne suis pas la seule, mes copines sont pareilles en évoquant ces sujets « tabou ». C’est la « normalité » de dire de ne pas faire du bruit la première nuit sinon le mec va pas vouloir rester avec nous et de parler de règles, c’est tellement la vie que ça ne me semble pas être de la provocation gratuite. Je ne suis pas vulgaire pour être vulgaire. Je suis juste un peu un miroir de la vie…

Mais cette « normalité », n’est –elle pas en total contraste avec la tenue que vous portez ?
Oui évidemment, les filles, aujourd’hui, jonglent entre deux attitudes paradoxales. Princesse qui veut que son amant vienne lui offrir à dîner, voilà une part de féminité qu’on a toutes : couronne, jolies chaussures vernies, le côté « on est des filles » ! Mais cette apparence masque une toute autre facette. Les thèmes trash, la démarche, le langage cru, c’est pour montrer qu’on peut être jolie en subtilité et en même temps dire des horreurs parce que c’est ça une fille aujourd’hui.

D’ailleurs, c’est quoi ces chaussures et ce diadème ?
Des Repettos ! C’est bien pour la scène, elles sont hautes mais elles sont stables. Du coup, le choix de chaussures de danse était logique. Ce diadème n’est pas celui que je portais initialement. Mon premier colifichet: affichait « Birthday Girl », ça me faisait rigoler, et comme dans le spectacle, je dis que je fête mon anniversaire, ça convenait parfaitement : genre, il me reste un peu de mon anniversaire d’hier. Et il s’est cassé parce que c’était de la camelote mais j’ai gardé le principe du diadème, et ça va avec le tutu.

Interview ❘ Joséphine Draï, la princesse des bons mots change d’air

Il y a aussi un côté décalé avec votre arrivée sur l’air de Champs-Elysées…
Ça résume aussi le personnage en totale auto-dérision mais qui est en apparence très sûr de lui alors qu’il n’y a pas toujours de quoi ! Il fallait une entrée triomphale mais en même temps pourrie. Qu’elle exécute une chorégraphie de meneuse de revue qui en jette mais suscite aussi des « mais c’est ringard ! » Du coup, le générique de Champs-Elysées, c’est totalement ça ! C’est tout autant « ouah » et génial que le Lido et en même temps, c’était les années 80.

C’est marrant que cet univers décalé se retrouve à France Inter, dans l’émission « On Va Tous Y Passer  » de Frédéric Lopez où vous incarnez l’humour absurde avec Chris Esquerre ou Thomas VDB. Comment on fait quand on a un jeu de situation aussi développé pour gommer tout cela et devenir une voix à la radio ? Vous vous aidez de votre débit assez hallucinant…
En vérité, je ne fais pas du tout attention à adapter mon écriture. Je continue à faire énormément de têtes grimaçantes à l’antenne, comme ce matin lors d’envolées rapides chantées que j’adore exécuter lors de mes chroniques. Finalement, la grimace me soutient dans le jeu, et à l’oreille on comprend qu’il y a un truc qui se passe, et ce que retient l’auditeur, c’est le côté vivant et investi. Parfois, j’en joue en reprenant des chansons et les commentant en rythme. J’ai repris cette formule depuis une semaine, là si on n’est pas super rapide, on est grillé. D’ailleurs, je dois modifier plein de choses dans la dernière chanson car il y a trop de mots par rapport à l’espace et ça va me perdre.

A Canal, dans votre chronique de Clique (de Mouloud Achour NDLR) « le courrier du cœur », il y a toujours un côté Bridget Jones …
C’est porter un regard plus ou moins décalé sur l’actualité, les tweets des téléspectateurs, la vie quotidienne des jeunes filles en espérant ne pas être trop cliché. Si la force de Bridget Jones, c’est d’avoir touché une vérité, j’espère pouvoir relayer ce sentiment. Ça sera aussi présent dans ma nouvelle pastille. Ma chronique va être modifiée et devenir plus un journal intime un peu décalé, un peu de la loose.

 Au cinéma, on vous a vue cette année dans « Paris à tout prix », « Les Gamins », d’autres projets s’annoncent-ils ?
Je serai dans un film début janvier qui s’appelle Prêt à tout, un film très drôle de Nicolas Cuche avec Aïsa Maïga et Max Boublil dans lequel j’ai un petit rôle très sympa. Et je serai dans une série qui s’appelle France Kbek qui sort au Printemps sur OCS Orange en partenariat avec HBO  c’est une série hilarante avec des épisodes de 22 minutes, ça parle de deux canadiennes qui débarquent à Paris et je travaille dans le bureau d’une des deux. Petit à petit, ça arrive, la scène m’a énormément débloquée, je suis avant tout comédienne et je suis très contente de la tournure des choses.

Ça fait deux ans et demi que le spectacle existe, à quand la suite ?
Je vais avoir bientôt 30 ans et je vais pouvoir passer à autre chose, à un nouveau spectacle. J’ai pas encore tout bien mis en l’ordre mais j’ai des idées. Cette fois ça parlera du couple que j’ai pu expérimenter depuis deux ans, je vais pouvoir parler de cette nouvelle vie, une nouvelle étape. Je suis incapable encore de dire s’il n’y aura que des sketchs ou que des stand-up, ça dépend de plein de petits incidents. Ce qui est sûr, c’est qu’il y aura des chansons et c’est en écoutant bien les chansons que je pourrai en déduire ce qui se passera…


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