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Peel slowly and see...

Par Lifeproof @CcilLifeproof

Le 27 octobre, nous apprenions la mort de Lou Reed. Géant du rock, ce dernier a fait partie du mythique Velvet Underground, qui pendant un temps a collaboré avec Andy Warhol à la Factory. Retour sur cette aventure entre Pop Art et Rock'n'roll dans l’Amérique des années 1960.

91 banane

Pochette de l'album « The Velvet Underground & Nico »

On ne présente plus Andy Warhol, figure emblématique du Pop Art qui souhaitait abolir les frontières entre le « grand art » et la culture populaire. En 1963, ses ateliers deviennent la Factory, QG du milieu underground New Yorkais, où se côtoient des rock stars, des artistes, des drag queen, ou encore des toxicomanes anonymes. Des boîtes de soupe Campbell's à Elvis Presley, Warhol reproduit les images publicitaires omniprésentes à chaque coin de rue, à l'aide de la sérigraphie. Au delà du reflet de la société qui l'entoure, son travail se base sur un réemploi du réel grâce à différentes techniques. Ainsi, sa vidéo Sleep consiste à regarder un homme endormi pendant 8 heures, soit la véritable durée d'une nuit de sommeil.

Lou reed et warhol

Andy Warhol, Lou Reed, 1965-67. Photographie : Stephen Shore

On comprend donc les affinités qui l'ont poussé à entrer en contact avec le Velvet Underground, après un de leur concert au Cafe Bizarre de Greenwich Village. Lou Reed était lui aussi très ancré dans la réalité et ses chansons décrivaient le quotidien destructeur de la vie urbaine moderne. Il était associé à John Cale, altiste et pianiste, ancien musicien de La Monte Young, un compositeur de musique expérimentale minimaliste. Maureen Tucker quant à elle, était connue pour jouer de la batterie debout. Enfin le guitariste Sterling Morrison venait compléter la bande. Artiste mais aussi véritable homme d'affaire, Warhol devient le producteur de ce groupe avant-gardiste.

EXPLODING

Affiche du spectacle « The Exploding Plastic Inevitable ». Courtesy : Thomas Kiedrowski

Selon la volonté de Warhol, Nico, une mannequin Allemande à la voix si particulière deviendra la figure féminine du groupe. S'en suivra l'album The Velvet Underground & Nico, dont la pochette, une fameuse banane autocollante (la colle selon la légende aurait été mélangée à du LSD), sera réalisée par Warhol. L'album est enregistré en studio selon la technique du Wall of Sound inventée par Phil Spector, c'est à dire que tous les instruments sont enregistrés en même temps avec un seul micro. L'aspect expérimental de cette musique qu'on apparente presque au bruitisme sous l'influence de Cale, associé à des textes radicaux sur la drogue, le sadomasochisme, la prostitution qui n'ont rien à envier aux écrivains de la Beat Generation, font de cet album un concentré de la contre-culture sixties aux États-Unis.

 

Heroin

Les concerts quant à eux, s'apparentent à de véritables performances. En effet, en 1966, Warhol met en place les Exploding Plastic Inevitable, des soirées aux allures de happening monumentaux qui deviennent vite extrêmement populaires, où se mêlent jeux de lumière, musique du Velvet Underground, projection de vidéos réalisées par Warhol sur les murs, et danseurs de la Factory.

 

Venus In Furs et Heroin. Extrait du Exploding Plastic Inevitable par Ronald Nameth

Aujourd'hui considéré comme un album culte, The Velvet Underground and Nico est le fruit d'une époque, d'une idylle entre art et musique. Un fruit à éplucher lentement, et écouter sans fin.

Ophélie.


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