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Baby Boom me fait culpabiliser

Par This Girl

babyboom_3Avant d’être enceinte, je regardais Baby Boom et ça me faisait chialer.
Voir toutes ces femmes devenir mère, tous ces pères si émus, ça me serrait le cœur et me nouait la gorge.
Et ça me faisait dire aussi "putain mais franchement chéri si tu veux un gamin, cherche toi une autre nana tout de suite!"

Ouais…. Et je suis tombée enceinte. Et j’ai regardé Baby Boom pendant ma grossesse.
Et je disais à chaque fois "J’veux pas accoucher!!! Je ne vais jamais y arriver!".

Bon j’y suis arrivée et au final j’avais hâte d’accoucher!
Maintenant quand je regarde Baby Boom, je suis mal à l’aise.

Alors oui je chiale aussi, un peu, je me retiens. Je regarde mon fils et je me dis que j’ai de la chance qu’il soit en bonne santé, que je l’aime plus que tout et qu’il est la plus belle chose qui me soit jamais arrivée.
Ensuite je regarde l’Homme qui partage ma vie et je lui dis "on a pas pleuré nous quand il est né".

Non on a pas pleuré. Mon Homme, lui, il riait.
Je lui ai demandé ce qu’il avait ressenti quand il a vu notre fils pour la première fois. Et il m’a décrit cette sensation unique, intense, de joie suprême que décrivent si bien les parents de Baby Boom.
A son tour il m’a demandé ce que moi j’avais ressenti.
J’ai cherché mes mots, je ne voulais pas l’effrayer, j’étais gênée, honteuse.

"Rien, je ne sais pas ce que j’ai ressenti. Il était là sur moi, tout chaud et hurlant. C’est tout."

C’est tout. C’est horrible. Je me sens horrible.
J’ai fait ce constat avec effroi et je me suis souvent demandé si j’aimais mon bébé.
Quelle mère se pose cette question? Mais putain quelle mère pense à ça?!
J’ai remonté le temps, j’ai réuni tous mes souvenirs, j’ai regardé les premières photos, j’ai regardé la vidéo des premiers instants du Ptit Loup. Oui il était là sur moi et moi j’étais terne, fatiguée oui, mais comme neutre, pourtant je lui murmurais des mots d’amour, mais je ne souriais pas.

Et pourtant je me souviens de ces neuf mois à le porter, à l’aimer, à me sentir déjà mère, à vouloir le protéger coûte que coûte.
Je me souviens de mon arrivée à la maternité, de cette impatience, de cette peur, de ce désir si puissant que tout se passe à merveille.
Je me souviens très bien sa naissance, naissance que j’ai déjà évoqué ici.
Je me souviens de mon incrédulité et de mon bonheur à l’idée que bientôt il serait là.

Alors quoi? Pourquoi je n’ai pas pleuré? Pourquoi j’ai cette impression douloureuse de n’avoir rien ressenti en le serrant contre moi? Était-ce dû à la fatigue? A cette hémorragie qui est survenue juste après sa sortie? Parfois je me rassure en me disant que oui c’était ça. J’ai senti que ça n’allait pas, j’ai senti que quelque chose de grave était en train de m’arriver. Peut-être que je ne voulais pas m’attacher? Par peur?

Je ne sais pas, vraiment je ne sais pas.
Je n’ai pas pleuré, je ne sais pas ce que j’ai ressenti quand je l’ai eu sur mon ventre.
Je sais simplement que je l’ai touché avant même de le voir, que j’ai glissé mes mains vers mon entrejambe et qu’il les a agrippé avec les siennes, que je l’ai attrapé et attiré à moi. Je sais que ce contact là est le plus merveilleux qui soit.
Quelque chose a remué au fond de moi, c’était d’une violence inouïe, quelque chose d’inexplicable.
C’est la seule chose que j’ai ressenti. Après c’est comme si mon cerveau s’était mis sur "OFF".

J’ai fini par pleurer le lendemain matin, quand je me suis retrouvée seule avec lui, dans notre chambre d’hôpital, il était là dans mes bras, et je pleurais de joie, il était beau, j’étais fière, j’étais maman.

Aujourd’hui quand je regarde Baby Boom et que je vois tous ces parents pleurer, je me sens coupable de ne pas avoir été comme eux. C’est moche je le sais.
Ça ne veut rien dire j’imagine mais je ne sais pas, ça me perturbe, je n’ai pas pleuré.

Parfois je doute. Non pas sur l’amour que je porte à mon fils mais sur ma façon de l’aimer. Est-elle la bonne?
Je ferai tout pour lui, je suis telle une mère louve, je m’inquiète sans cesse de son bonheur, de sa santé, de son avenir. Je ne peux me rassasier de lui, il est ma bouffée d’oxygène,  la plus pure, celle qui m’emmène direct au pays du bonheur.

Je ne sais pas si je l’aime comme il faut. Mais est-qu’une mère peut être sûre d’aimer son enfant de la meilleure façon qu’il soit?
Est-ce que c’est grave de ne pas avoir pleuré?



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