Magazine Culture

Vivre libre ou mourir… sur scène

Publié le 18 novembre 2013 par Thierry Gil @daubagnealalune

La compagnie Afag joue ¡Ay Carmela ! la pièce du dramaturge espagnol José Sanchis Sinisterra vendredi soir à L’Espace de L’Huveaune

Ay Carmela_750

¡Ay Carmela ! est le refrain d’une chanson populaire (El Ejercito del Ebro) chantée par les soldats républicains pendant la guerre civile espagnole. C’est aussi le titre d’une pièce écrite par le dramaturge José Sanchis Sinisterra – adaptée pour le grand écran par le réalisateur Carlos Saura en 1990 – qui fut l’un des plus grands succès du théâtre espagnol de l’après-franquisme. C’est cette pièce que la compagnie Afag Théâtre a ajouté à son répertoire et qu’elle présente vendredi soir sur la scène de La Penne-sur-Huveaune où elle a joué en mai dernier « D’Artagnan Hors-la-loi ». Elle y avait revisité le mythe des mousquetaires à l’aune d’un monde, le nôtre, qui n’offre que peu de place à l’héroïsme et à l’intégrité. Il y était question de justice et de désobéissance civile. De théâtre populaire et d’engagement aussi. Car ce qui forge l’identité de cette compagnie, c’est cette propension à vouloir offrir des formes théâtrales dynamiques, parfois burlesques, toujours vivantes et accessibles au grand public, au service d’un propos engagé, incisif, en prise réelle avec les tensions civiles contemporaines.  L’art est-il nécessairement engagé ? Pour la compagnie Afag il ne fait aucun doute et c’est naturellement ce qui l’a amené à s’emparer de l’œuvre de Sinisterra.

¡Ay Carmela ! parle de théâtre, pas celui des grands boulevards mais celui des petites gens, itinérant et sans grands moyens. C’est aussi une histoire d’amour, celle de deux comédiens ambulants, Paulino et Carmela, interprétés par Serge Balu et Virginie Rodriguez, que tout semble unir et qu’un destin tragique va séparer. C’est enfin une pièce sur l’Histoire contemporaine et l’un de ses chapitres les plus douloureux : celui de la guerre civile espagnole. Les deux saltimbanques qui chantent pour les républicains sont arrêtés en zone franquiste et vont être contraints de jouer dans un théâtre municipal devant un parterre de soldats franquistes, de volontaires fascistes italiens et de nazis allemands. On y attend même l’élite du mouvement nationaliste dont le général Franco lui-même. Pour sauver leur peau, Paulino et Carmela acceptent de changer la nature de leur spectacle en ridiculisant et en insultant le drapeau républicain. Mais peu avant que le rideau ne s’ouvre, ils apprennent la présence dans la salle de prisonniers républicains, issus des brigades internationales, amenés de force pour assister au spectacle et qui doivent être exécutés le lendemain matin. Pour les deux comédiens se pose alors un cas de conscience : céderont-ils à la terreur que leur inspirent les fascistes en souillant le drapeau républicain devant ces prisonniers qui vont à la mort ? Devant ce choix absurde et oppressif, leur destin va prendre une tournure tragique.  Ainsi l’œuvre de Sinisterra nous renvoie à travers un jeu de miroirs entre la réalité et la fiction à nos propres choix, à nos engagements et nos renoncements, dans une société jamais à l’abri d’une menace totalitaire qui nous priverait d’un bien précieux : le libre arbitre.

Thierry Gil

Vendredi 24 mai à 20h32, Espace de L’Huveaune, chemin Noël-Robion à La Penne-sur-Huveaune. Tarifs : 14€ (normal), 10€ (réduit).

Renseignements et réservations au 04 91 24 70 42.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Thierry Gil 4963 partages Voir son profil
Voir son blog

Dossier Paperblog