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Le 4À8 s’arrête ….. Pourquoi ?

Publié le 19 novembre 2013 par Collectifaquatre

Dans l’aventure collective qu’est la nôtre, Àquatre, puis dans son prolongement, la main tendue vers l’autre, à la rencontre des photographes, des personnes et des publics, il y a une vraie générosité, exempte de stratégie, exempte de positionnement démarqué, de cloisonnement qui tient à la marge. Il y a l’envie d’être tout simplement là, avec à la fois la volonté de ne pas se conformer aux attentes tout en étant attentif aux aspirations de tous. Les 4À8 sont nés de cette idée, dans cette recherche de liberté et cette quête d’altérité. Pas d’entre-soi confortable, ne surtout pas cultiver le corporatisme et ne pas tomber dans le piège tendu d’une photographie de salon dans une approche seulement esthétisante et consensuelle. Le confinement n’a pas sa place dans le 4À8. Se déplacer, partir, encore et encore, aller voir ailleurs débarrassé de toute idée de principe, le nez au vent.

Ainsi le 4À8 s’inscrit dans une volonté éditoriale déterminée, dans un choix politique, un engagement qui place l’accès à la création pour tous et sa pratique dans tous les territoires. Nos besoins pour la mise en place et le fonctionnement du dispositif 4À8 sont modestes. Nous avons travaillé sans compter, nous continuerons à travailler sans compter, comme beaucoup, nous ne sommes pas isolés, nombre d’acteurs font des choses merveilleuses, mènent des actions qui ont du sens, dans la précarité certes mais avec générosité et ingéniosité.

Nous sommes convaincus qu’une action culturelle de qualité, pertinente et fédératrice peut se concevoir, se réaliser et se développer avec peu de moyens, dans la maitrise des dépenses, dans la décence budgétaire. Mais voilà deux ans que nous faisons la demande d’une aide au fonctionnement et à la création pour notre manifestation 4À8 auprès de la Ville d’Aix-en-Provence et de la Communauté du Pays d’Aix, sans succès !

Nous venons encore cette année d’essuyer un refus concernant les tournées communautaires du Pays d’Aix. C’est regrettable, car voilà un dispositif pertinent, bien imaginé pour les territoires éloignés d’une offre culturelle dans laquelle le 4À8 par sa conception nomade aurait pu trouver ici, matière à s’épanouir et trouver un large public.Aujourd’hui, maintenir le 4À8 n’est plus possible. Nous n’en n’avons plus les moyens. Et quand nous parlons de moyens nous parlons des nôtres bien entendu, de nos propres ressources matérielles, de notre temps surtout, celui qui nous manque pour les mêmes raisons que vous tous, activité professionnelle, travail alimentaire, etc… Aussi, nous avons la tristesse de vous annoncer la disparition du 4À8 dans notre programmation fin 2013 et pour toute l’année 2014.

Nos détracteurs se réjouiront de cet enterrement prématuré, mince consolation, nous aurions tant aimé apporter matière à réjouissance à tous ceux et celles qui nous soutiennent et nous suivent depuis le début, plus de 40 000 pages lues sur notre Blog à ce jour. Avancer, progresser c’est aussi savoir renoncer. Nous ne renouvellerons pas nos demandes concernant nos actions auprès de la Ville d’Aix-en-Provence et de la CPA. Nous ne concentrerons pas nos énergies à nous perdre dans un modèle qui s’appuie sur le cooptage, qui privilégie le réseau et le parrainage.

Tout cela n’est pas nouveau et pose l’éternelle question de l’engagement des institutions de l’état dans les politiques culturelles, du fonctionnement de nos sociétés consuméristes dans l’obligation de résultat et plus largement la question de la place de l’enseignement dans les apprentissages artistiques, à tous les degrés et tous les âges.

N’est-ce pas ce que nous souhaitons tous et pour tous, nous élever à travers la connaissance et le partage, à travers l’éducation artistique, à travers la création ? N’est-ce pas un beau projet commun? Alors Il faudra prendre efficacement, intelligemment, ses distances avec les marchés pour y parvenir, il faudra se défaire des vocabulaires de panoplie et veiller à une équité dans la distribution des moyens entre actions élitistes qui se répètent dans les ressources humaines, les programmations et par ailleurs la multitude des autres, celle des besogneux, colporteurs de rêves, de la création artistique, celle qui constitue la trame, la base de l’édifice.

Nous rêvons tous d’une véritable action publique, d’un véritable soutien de l’état, en dehors des annonces et des audits, en dehors des enjeux électoraux, débarrassés des clientélismes et des manœuvres lobbyistes. Point de prosélytisme dans notre volonté affichée, surtout pas de militantisme, mais plus certainement le besoin de réagir, de s’opposer, de commenter sur ce qui nous lie, c’est-à-dire notre capacité à transcender, à s’émouvoir, quand soudain arrivé au bout du chemin, au sortir du bois le paysage qui s’offre à vous est simplement beau, accessible à tous et pas seulement intéressant comme on voudrait trop souvent nous le faire croire. Phildesimages le 19-11-2013


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