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Casse-tête chinois de Cédric Klapisch : L'Auberge Espagnole suite -mais pas fin et Before Midnight un peu aussi.

Publié le 21 novembre 2013 par Notsoblonde @BlogDeLaBlonde

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C'est pas vraiment que je l'attendais, ce troisième volet des voyages de Xavier mais enfin voilà, on a grandi ensemble, eux et moi.

Eux? Les personnages de l'Auberge Espagnole, qu'on a découvert il y a 12 ans déjà (oui, ça ne nous rajeunit pas), Xavier en particulier.

Idéaliste, un peu paumé, ne sachant pas trop quelle voie choisir entre celle toute tracée et ses aspirations profondes. Xavier qui s'enfuit un an à Barcelone dans "l'auberge espagnole" pour parfaire une formation qui doit lui permettre d'obtenir le job parfait et qui va lui offrir plus encore que ça : car à Barcelone, c'est un peu de lui qu'il a trouvé.

Au fond, Barcelone ou ailleurs, ç'aurait sans doute été la même chanson. Ce n'est pas tant à travers la ville elle-même qu'il s'est trouvé mais grâce à ceux qui y ont partagé son quotidien.

Le deuxième volet était accès sur ses errances sentimentales. "Les poupées russes" s'imposait davantage comme une réflexion nourrie sur ce qu'est l'amour-qui-va-compter dans une vie. On y suivait Xavier passer d'aventures d'une nuit à des histoires de couples plus ou moins heureuses puis s'engager -en dérapant un peu au passage- avec la jolie Wendy.

Dans ce "casse-tête chinois" on retrouve Xavier pris en pleine tempête. Son couple explose, sa vie va changer radicalement...On retrouve la fraîcheur de ces histoires bien senties mais l'émotion est moins présente. Est-ce lié à la trame de l'histoire en elle-même? 

Suite à sa séparation avec la mère de ses deux enfants (jouée par la divine Kelly Reilly), Xavier part s'installer à New-York où son ex-compagne s'est installée. Tout est à reconstruire et on suit les aventures de Xavier qui tente de faire face et de trouver un nouvel équilibre après ce grand chambardement.

Dans chaque épisode de cette trilogie on a partagé un épisode de la vie de Xavier, dans lequel il se cherchait, assistant à ses expériences heureuses et à ses erreurs, en spectateur complice mais cette fois-ci, si le processus reste le même, l'empathie est moins facile.

Quelques coups de griffes à l'encontre du système américain et de nombreuses situations cocasses font un peu le sel de ce troisième épisode où l'on déguste quelques clins d'oeils qu'on n'aurait pas nécessairement relevés sans avoir visionné les deux premiers épisodes avant (ah oui il faut que je te dise : j'étais à l'avant-première du film au Grand Rex où la projection des trois films était proposée, consécutivement (marathon ciné, je n'avais encore jamais fait).

Je pense par exemple à la scène où tout le monde rejoint l'appartement de Chinatown en courant pour sauver un couple mis en danger par une liaison secrète -qui rappelle de manière appuyée le sauvetage in extremis, du couple officiel de Wendy dans le premier volet, grâce à une course échevelée de l'ensemble des colocs dans Barcelone- ou encore à la mise en pratique-par Isabelle elle-même, des conseils qu'elle avait prodigués à Xavier dans l'épisode n°1.

En réalité on sent que beaucoup de scènes ont été écrites pour faire rire et pourquoi pas après tout mais disons que les ficelles semblent ici plus grosses que dans les deux épisodes précédents. 

Attention, ne vas paste méprendre : C'est toujours un plaisir de retrouver les personnages qu'on affectionne tant et qui nous accompagnent depuis un moment déjà mais disons que la formule fonctionne un peu moins bien.


Casse-tête chinois - Bande-annonce par cinemur


Casse-tête chinois s'achève sur une sorte de happy-end mais la résignation m'a semblé être de la partie. Ca a un peu gâché mon plaisir je ne te le cache pas.

Ou alors j'ai simplement été moins réceptive à ce film ci, peut-être parce qu'il fait écho à une partie 'sensible" de ma vie et que ça m'a inconsciemment dérangée, je ne sais pas.

Toujours est-il que je conseille d'aller le voir, si possible après avoir vu les deux autres (j'ai réalisé en assistant à la projection des trois lors de l'avant-première que j'avais oublié énormément de passages des deux films précédents).

Pour la bouffée d'air frais que ça représente, parce qu'on a un peu l'impression de retrouver des amis qu'on a perdu de vue depuis trop longtemps et qui ont des tas d'histoires à nous raconter et surtout parce qu'au fond on retrouve le cinéma de Cédric Klapisch et que ça, ça n'a de prix...

Le film sort le 4 décembre prochain.

Pour la note musicale du billet je ne résiste pas à partager mon coup de coeur sur la BO de l'Auberge Espagnole (j'ai une passion étrange pour les BO) : 

Lors de la projection du film, Romain Duris a confié que ce volet là, pour lui, n'était sans doute pas le dernier... Hâte de découvrir la suite!

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Ce qui est amusant (unb peu) c'est que quelques jours après ce troisième épisode des "Voyages de Xavier" j'ai regardé Before Midnight (enfin disponible en VOD, je n'en pouvais plus d'attendre), troisième volet lui aussi d'une série de films de Richard Linklater dont les personnages principaux sont Julie Delpy et Ethan Hawke.

Presque 20 ans après le premier volet (Before sunset sorti en 1995) on retrouve le couple parent de deux fillettes et on partage leurs doutes et leurs réflexions sur l'amour.

J'éprouve une infinie tendresse pour ces deux-là et pour ces films que certains considèrent comme un peu bavards mais que je trouve emprunts d'une profonde justesse.

Notamment celui-ci. On y retrouve distillé ça et là quelques idées, habilement amenées :  L'amour qui dure c'est du travail et c'est aussi la nécessité d'accepter de faire preuve de lucidité face à la réalité du quotidien. C'est savoir faire des concessions mais où est la limite acceptable? Faut-il pour autant s'oublier dans l'aventure, simplement parce que l'on souhaite qu'elle dure?

J'ai aimé cette trilogie du début à la fin et j'aime beaucoup l'idée d'avoir grandi (je ne dis pas "vieilli" pour me ménager un peu mais enfin je pourrais) avec ces films, d'avoir su retrouver à chaque fois un peu de ce que je suis dans chacun d'entre eux et d'avoir l'impression de retrouver un peu des enseignements que la vie m'a inculqués dispersés ici et là. 

Etrangement je me sens beaucoup plus proche de ce "Before midnight" que de "Casse-tête chinois" alors que ma situation personnelle est clairement plus proche de celle de Xavier, à quoi ça tient, hein?

De chaque côté ce qui fait du bien c'est de passer un moment avec ceux qui ont un peu partagé nos vies malgré eux et de se nourrir de leur questionnement, de leurs réflexions, de leurs hésitations.

Ces films ont en commun de n'avoir rien de didactique, ils permettent de suivre les errances de leurs personnages qui offrent un écho rassurant à nos propes instabilités.

Derrière tout ça, j'entends qu'il n'y a rien de mal à se tromper. Que nos vies sont toutes faites de fragments qui s'emboitent finalement même si au départ rien de tout ce bazar ne semblait possible à assembler.

Un drôle de casse-tête chinois, quoi.

 

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