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Overdose de joie: Pharrell & Girl Talk

Publié le 22 novembre 2013 par Fabrice @poirpom

Overdose de joie: Pharrell & Girl Talk

Depuis peu, un truc tourne. Une bombe. Un truc qui a méchamment de la gueule. Fait par des mecs qui ne sont pas des manchots. Et cette bombe fait penser à un autre bijou, sorti deux ans plus tôt, avec la même audacieuse démarche que le susnommé premier truc: filer une putain de banane; donner envie de chialer parce que des gens ont le coeur qui bat et les pieds qui bougent.

Surdose de joie pour démarrer le week-end en remuant le popotin.


Happy de Pharrell Williams

À 9h16, la dame a un méchant groove. Le môme à 10h24 a du mal avec son déguisement de star et semble avoir le bras gauche coincé. Au début, tout du moins. Deux des Trois-cent trente-six stars présentes dans le clip (trois-cent trente-sept avec Mr Williams). Il y a celles & ceux qui chantent, qui ne chantent pas, qui tiennent le playback, qui s’emmêlent les pinceaux, qui s’essoufflent. Il y a les mômes qui suivent du regard les indications qu’on leur donne hors-champ. Il y a le jour et la nuit, le lever du premier et la tombée de la seconde, les poteaux électriques qui apparaissent en amorce et deviennent un problème. Il y a vingt-quatre Pharrell Williams dans des tenues improbables. Chemise à motifs et bermuda à quatorze heures, dans un couloir souterrain bondé. Chemise à points avec gospel en fond à quinze heures. Audacieux pantalon bi-goût à trois heures du mat', en déconnant avec des Minions dans une salle de cinéma. À vingt-trois heures, le joli noeud pap' se marie à merveille avec le bowling... Un catalogue de Maximum Style. Et une collection de couvre-chefs à faire passer Madame de Fontenay pour un panneau d'autoroute.

L'assistant opérateur chargé de la mise au point a le boulot le plus compliqué de tout ce putain de clip. Il est là, pas très loin, on le devine hors-champ, à suivre le rythme de la caméra, sa grosse télécommande dans la main, à batailler pour caler le point sur les pas-en-avant-sauts-en-arrière et garder les stars du dancefloor bien nettes. Mais ces stars-là, elles s'en foutent. On leur a demandé de groover non stop pendant trois-quatre minutes. Le reste, c'est pas leur problème. Et c'est ce qui est beau.

H A P P Y

Comme tous les sons produits par Pharrell Williams, Happy n’échappe à la règle: c’est une bombe. Dix minutes à se promener dans les rues de Los Angeles grâce à ce clip interactif suffisent pour passer le reste de la journée à fredonner la mélodie en hochant la tête et en remuant le derrière. Vingt-quatre heures de gavage potentiel.

Les champions du monde coupables de ce sympathique objet audiovisuel sont des petits Français: We are from L.A. À la base, les deux lascars sont des handicapés du cinéma, des manchots du plan séquence. Pour leur premier clip (non-officiel), Power de Kanye West, ils ont un problème: ce sont donc des handicapés, pauvres de surcroît. Ils n'ont pas de caméra, pas de tunes, pas d'amis. Quand bien même auraient-ils une caméra, ils ne sauraient pas s'en servir. Mais ils ont les burnes comme des pastèques, une envie folle de faire ledit clip. Ils se rabattent donc sur ce qu'ils maîtrisent bien: les conneries du net. Les GIF, en particulier - ces petites séquences animées de quelques images qui pullulent sur la Toile. Photoshop dans une main, bière dans l'autre, ils tombent leur premier OVNI (Objet Visuel Non Identifié).

Et ça marche. Caméra, tunes et amis Facebook coulent à flots. Ils referont la blague avec La Musique de Yelle. Avant d'aller plus loin avec I Love you so de Cassius. Un clip, un téléphone intelligent et l'app qui va avec.

La promenade interactive continue. Prochaine étape: Cover Your Eyes de The Shoes. Là, le lambda qui a le cul posé devant son ordi a le choix: voir les images ou écouter la musique (en se couvrant les yeux). Mais pas les deux en même temps. Plutôt singulier pour un clip. Mais finement trouvé.

Cover Your Eyes

Quelques pubs, des clips - leur chemin continue. Puis MTV les embauche. Et ils pondent GIF ME MORE PARTY. Encore un OVNI. Cette fois-ci, c'est du côté de la GoPro qu'ils reniflent. Gif Me More, c'est la narration de Rashomon ou de Pulp Fiction au bord d'une piscine où de dignes représentants de la jeunesse décadente festoient allègrement. (Petit conseil à celles et ceux qui s'y risqueraient: coupez la musique avec le menu en bas de page, les dialogues foireux sont savoureux)

GIF ME MORE PARTY

Leur intelligence, leur savoir-faire, est là: dans cette capacité à observer ce qui passe autour d'eux aujourd'hui, à le digérer et à le sublimer; dans cette approche ludique, cette envie de croiser les effluves. Pour voir.

Happy est un pas de plus, ludique et élégant, dans leur démarche.


Girl Walk // All Day

GirlTalk, C'est une bête de DJ qui bricole des mash-ups qui sont de vraies petites bombes dancefloor. Ingénieur biomédical de formation et de métier, c'est avec un ordinateur portable sur les genoux, calé sous sa couette, avec sa blonde qui ronfle à côté, que ce sympathique jeune homme s'exprime le mieux: en bidouillant tout le bon son qui lui passe entre les mains. Et c'est sur scène, à balancer ce son, qu'il s'éclate. Le génie biomédical? Mouais, bof. (Pour en savoir plus sur Girl Talk, voir ce billet.)

Fin 2010, il offre All Day gratuitement sur son site. Soixante-et-onze minutes de patate musicale. Une galette à déhanchements sévères.

Au même moment, à New York, il y a Jakob Krupnick, réalisateur, qui est très pote avec Anne Marsen, danseuse. Elle a une patate du feu de Dieu, il a accès à une caméra. Ils sont chauds pour faire un truc, n'importe quoi, n'importe où, n'importe quand. Et là, ils tombent sur All Day. Et ça les chatouille grave.

Ils commencent à tourner dans les rues de New York. Les premières scènes se font à l'arrache. À court de blé, ils présentent le projet sur KickStarter. L'idée plait, des gens suivent. Ils ont les pépettes pour engager du monde, finir de tourner, tomber des scènes telles qu'ils les imaginaient, et post-produire. Et le 8 décembre 2011, Girl Walk // All Day fait sa première à New York.

Un clip vidéo de 71 minutes. Divisé en douze chapitres, disponibles gratuitement sur le site du film. Et ci-dessous, pour les flemmards du clic.

1 - School's out

2 - All Aboard

3 - It Goes Like This

4 - Enter The Gentleman

5 - Chinatown Hustle

6 - The Creep Takes New York

7 - High and Low

8 - Shopping Spree

9 - When Dancers Collide

10 - Dance With Me

11 - Chain Reaction

12 - For The People


Happy et Girl Walk.

Hymne à la joie et bonne dose de bomba.

Audacieux. Subversif, même.

Bon week-end.


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