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La nuit des temps / Barjavel

Publié le 25 novembre 2013 par Lulamae Barnes @lulamaeA

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Dans l’immense paysage gelé, les membres des Expéditions Polaires françaises font un relevé du relief sous-glaciaire. Un incroyable phénomène se produit : les appareils sondeurs enregistrent un signal. Il y a un émetteur sous la glace…Que vont découvrir les savants et les techniciens venus du monde entier qui creusent la glace à la rencontre du mystère?

Parler de ce roman en tentant d’en préserver l’intrigue est chose difficile. D’autant plus que pour une fois la quatrième de couverture ne joue pas les spoilers.

Sans dévoiler un centimètre carré de la peau de la belle promise qu’est donc l’intrigue je dirai que ce roman est probablement le meilleur que j’ai lu de Barjavel pour l’instant. J’avais trouvé Ravages et Le voyageur imprudent respectivement correct et intéressant dans la vision qu’ils proposaient d’un futur hypothétique, mais je dois dire que c’est bien La nuit des temps qui me semble le plus abouti.

L’intrigue est dense, prenante, haletante et ménage avec succès ses effets sur le lecteur. Elle connait une vraie évolution et un étirement à l’extrême qui m’ont donné la sensation étrange d’avoir réellement vécu les mois sur lesquels elle s’étale dans la fiction. A la fin du roman je n’étais plus tout à fait la même et les débuts du roman me paraissaient remonter à très loin dans ma propre vie.

L’écriture en elle-même semble d’ailleurs plus inspirée du cinéma que dans les autres romans de l’auteur. Les changements de point de vue, de narrateur, les passages en italique qui s’adressent à une personne en particulier, les gros plans sur des inconnus ordinaires qui assistent à l’intrigue de loin sont autant d’effets que je n’avais pas trouvé dans mes lectures précédentes et qui enrichissent le roman d’une nouvelle expérience de lecture.

Le tout est une belle architecture composée d’autant d’éléments hétéroclites qui s’imbriquent parfaitement les uns aux autres.

L’action en elle-même se situe d’ailleurs dans un futur vague qui n’est probablement pas très éloigné des années 1960 durant lesquelles Barjavel écrit ce roman. La science-fiction offre ce plaisir de pouvoir comparer  le futur tel qu’on l’imaginait 60 ans en arrière avec le futur tel qu’il s’est construit réellement, La nuit des temps n’y coupe pas.

Si de nombreux éléments s’avèrent différer de ce que le futur nous a réellement permis de faire (Barjavel compte énormément sur les ordinateurs mais n’avait pas imaginé qu’un événement tel qu’internet puisse rendre obsolète le courrier papier), Barjavel cerne avec beaucoup d’acuité l’hypocrisie des gouvernements et le caractère répétitif de l’histoire humaine. Ses convictions politiques transpirent à travers ce roman : on y retrouve son pessimisme face à une humanité endoctrinée et aveuglée par sa quête de pouvoir, d’argent et de confort. On y trouve une révolte contre cette société nécrosée menée par les étudiants, un an avant que les événements de mai 68 ne viennent donner raison aux anticipations de Barjavel. Presque inévitablement on trouve également l’idée d’un Eden perdu, détruit par la bêtise humaine.

Malgré ce côté défaitiste et sombre, l’auteur intègre pourtant dans son intrigue une composante poétique et émouvante. Le texte est parfois d’une beauté que l’on ne s’attendait pas à trouver. D’ailleurs je suis surprise de trouver sous la plume de Barjavel des mots si justes pour décrire l’amour et la tendresse quand on y trouve également les horreurs de misogynie que l’on sait.

Ils ôtèrent en même temps les cercles d’or et se sourirent, dans une communion totale, un bonheur parfait d’être ensemble, de n’être qu’un dans leur propre connaissance, et deux pour la partager et multiplier leur joie.

Ce n’est qu’à la fin de ma lecture que j’ai lu en quatrième de couverture ce commentaire qui résume toute la profondeur et la portée tragique de ce roman aux nombreuses facettes :

La nuit des temps, c’est à la fois un reportage, une épopée mêlant présent et futur, et un grand chant d’amour passionné. Traversant le drame universel comme un trait de feu, le destin d’Eléa et de Païkan les emmène vers le grand mythe des amants légendaires.


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