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#34 : 2013 à travers mes oreilles

Publié le 09 décembre 2013 par Storiagiovanna @StoriaGiovanna

90mm

Je retiendrai de l’année de mes 30 ans un yoyo émotionnel bien plus conséquent que les 29 premières années, tant cette année a été riche en remise en question, doutes, souffrances psychiques et physiques (F*ck yeah accidents de voiture), mais aussi de très jolies choses, dont la plus belle d’entre elles selon les canons de valeurs de la société occidentale, des amis, des concerts, des voyages, de la pratique musicale encore et toujours (puisque c’est mon poumon).

Cette année est donc marquée par un retour à la pratique du piano (de manière sporadique), mais surtout à l’apprentissage de cet instrument bizarre qu’est le ukulélé, qui remplace allègrement ma guitare. En effet, cet instrument est bien plus pratique à transporter en soirée, puisque moins encombrant dans le métro. Par contre, il faut avouer qu’il faut savoir jouer des ongles et de la voix, puisque, du fait de sa petite taille, il est difficile de se faire entendre, notamment quand on se lance dans un pagode endiablé, ce qui est un inconvénient non négligeable par rapport à son cousin brésilien, le cavaquinho. Vous voyez donc, avec des éléments de pédagogie rythmique et d’écriture en sus, 2013 m’a donc amené à revoir mes horizons musicaux en profondeur.

Concrètement, ma playlist de 2013 est quand même assez limitée, j’avoue. J’ai énormément suivi la tracklist de ma radio préférée au point de ne pas m’ouvrir. Je suis aussi le phénomène des vieilles connasses qui, passé 25 ans, ne prennent même plus la peine de s’updater des nouveaux groupes, etc. C’est moche, la vieillesse, quand le métier ne m’oblige pas à m’updater régulièrement.

Janvier

Musicalement, je suis malheureuse. Ca fait deux mois que je joue des percus assise pour cause de pied pété mal soigné. Résultat, je perds légèrement le sens du rythme, même si ça me permet de jouer de la caisse claire, MON gros défi en termes de percus. Personnellement, j’ai la tête ailleurs, puisque je prépare mon voyage de rêve du bout du monde, dont je rêve depuis un an et qui m’a fait tenir psychologiquement après mon accident. Quand soudain, ce matin de fin janvier, j’apprends que ce rêve est compromis parce que la Loi de Murphy s’est abattue sur la personne qui est censée m’accompagner. Bref, après un démarrage en pétarade, 2013 ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices.

La chanson du mois : David Bowie, Where are we now?

Ce morceau, pour moi, est à l’image de ce mois de janvier bizarre : plein de surprises, parfois bonnes (parce que le retour de Bowie est une excellente surprise, hein), mais surtout un peu lugubre, du fait du froid et des nouvelles pas terribles qui s’annoncent dans le mois.

Février

Rassurée sur l’état de santé de ma comparse de voyage – capable physiquement de voyager, mais le moral au plus bas –, je trouve ce mois trèèèèès long, tant que, une fois organisé, il me tarde de rejoindre le bout du monde. Je suis dans la lune, hystérique, je ne bosse pas, bref, je n’avais pas pris de vacances durant l’été 2012 à cause de ça, ça avait intérêt d’être à la hauteur.

La chanson du mois : Django Django, Wor

LA chanson qu’il fallait pour me remettre d’aplomb avant le voyage : un truc sautillant rock-a-billy qui remet bien les idées en place. Bref, un grand coup de pied au cul.

Mars

Nous y voilà enfin… Je m’envole le 6 mars à midi pour aller voir ma famille un peu excentrée géographiquement, mais surtout, en cette période de Carême où je m’en remets beaucoup à mon karma pour m’en sortir, d’aller faire une cure de spiritualité et de repos dans une des plus belles îles du monde. J’en suis revenue avec de jolis souvenirs musicaux et avec des réflexes pavloviens qui font plaisir : le jus de banane frais, le bami goreng, le son du gamelan et même Enter Sandman de Metallica auront désormais pour moi une nouvelle signification. Et puis à la fin du mois, double fiesta : à la fois chrétienne puisque c’est Pâques, et personnelle puisque j’ai enfin 30 ans et j’ai accompli mon rêve.

La chanson du mois : Mumford & Sons, I will wait

Au vu des événements qui ont précédé ce voyage, on peut dire qu’il était attendu comme le Père Noyel. C’est pour cette raison que je souhaitais retenir cette chanson comme symbole de ce voyage : j’ai parcouru la terre après un an d’attente, d’espoir, de craintes, d’angoisse.

Avril

Après avoir dignement fêté mon anniversaire en famille, il fallait le faire avec mes amis. Et – oh, surprise ! – un ukulélé vient agrandir la grande famille des instruments que je maîtrise désormais. En termes de partying hard, je me fais de nouveaux amis dont je ne partage pas la philosophie de la danse, mais qui sont bien cool quand même. Bref, le printemps est revenu, et ça fait zizir.

La chanson du mois : Granville, Le slow

Comme je le disais précédemment, je suis une fille qui, pour éviter de faire tapisserie dans les boums et les soirées CGE, s’est mise au twist, au madison, au charleston, au MIA, bref à toute danse que tu peux danser seul ou en groupe avec tes potes. Je n’ai réussi à me faire guider que par un seul homme à danser le rock et la salsa – Tiny, si tu m’entends, explique aux autres. D’autre part, depuis mon accident, toute interaction avec mon corps doit recevoir mon autorisation, sous peine de recevoir une rouste de ma part. A partir de là, mes nouvelles connaissances sont bien gentilles, mais non, je ne veux pas danser [le rock] avec toi…

Mai

On est censé être au printemps, donc on sort les tubes qui vont nous seriner tout l’été. Là, on nous dit que LE tube sera sexiste, contiendra le mec le plus cool de la planète (en l’occurrence Pharrell Williams), contiendra un sample du Wow ! mickael-jacksonien et sera à base de Hey Hey Hey. Finalement, Robin Thicke a bien fait le buzz certes, mais surtout pour les parodies qui en ont découlé et le ridicule twerk d’une starlette en mal de reconnaissance après s’être fait plaquer par son fiancé.

La chanson du mois : Daft Punk, Get Lucky

Que dis-je, du mois ? De l’année, voire de la décennie 2010. Par un truchement très bizarre, il a fallu finalement trois semaines entre la diffusion des premiers extraits – et le remix de divers internautes pour extrapoler le mix final, remix certaines fois si bien fait que certaines radios l’ont pris pour argent comptant – et la présentation du single final. Bien des auditeurs crieront à une parodie éhontée de morceau funk – sachant que Nile Rodgers est de la partie – et une fumisterie des DJ après 9 ans d’impatience. Quoi qu’il en soit, j’ai cartonné en la jouant au ukulélé tout l’été, preuve du caractère tubesque de la chose.

Juin

Je suis fluffy. Même si la chaleur n’est pas encore de la partie, le soleil permet de longues soirées à lézarder sur les quais, chez les uns, chez les autres… Et puis je rejoue de plus en plus en extérieur avec mon orchestre, les tenues sont légères, c’est la fête de la Musique. Bref, j’aime le mois de juin, mais celui-ci a été plus cool que d’autres.

La chanson du mois : La Femme, Sur la planche

Si je ne devais retenir qu’un groupe français cette année – encore plus que Fauve, qui m’a touché pour des raisons conjoncturelles –, ce sera ce petit groupe qui manie très bien les sonorités eighties et le surf rock. Psycho Tropical Berlin fait d’ailleurs partie des rares CD que j’ai achetés en 2013 et que j’écoute encore avec joie.

Juillet

Mois lourd : rien ne va dans ma tête, je fais une crise de paranoïa, et même ma semaine de vacances ne me fait pas de bien. Pourtant, je sors encore avec mes copines, je vais à des concerts, à des soirées, je prépare des vacances à la bien dans le pays des Lapons et d’Alexander Skarsgard… Bref, je suis imbuvable sans raison. Quand soudain, ce 28 juillet…

Depuis ? Je me suis remise sérieusement à la brit-pop, je hais cordialement les Beach Boys, j’entends disserter pendant des heures sur les Beatles au point de faire une lecture comparée entre les écoutes en mono et en stéréo, je dois m’habituer au fait que certaines personnes soient persuadées qu’on peut avoir le SWAGG avec la coupe de Bernard Thibaud… Bref, je fais mon Bénabar de base.

La chanson du mois : Queens of the Stone Age, My God is the Sun

Un morceau lourd et moite pour caractériser ce mois de juillet dans mon âme, fait à la fois pour exorciser et ressortir la catharsis de tout ce mal-être que je ressentais. Et assez sensuel pour s’écouter en plein été. Bref, du bel ouvrage.

Août

Changement complet d’ambiance : je suis en vacances dans un pays über-cool – même si pas super caliente pour un mois d’août – avec la personne qui va bien, donc je relativise le sale épisode que je viens de passer. Et puis je retrouve le sourire tranquillement, en étant plus fluffy qu’au mois de juin : je multiplie les siestes dans les parcs et les selfies neuneus, les Beatles n’ont jamais aussi bien collé à mon été, même si je reste éberluée par la sortie de pépé Paulo en même temps que la rentrée des classes.

La chanson du mois : ABBA, Mamma Mia

Je n’aurais jamais cru que le mythe deviendrait à ce point réalité : se faire accueillir dans la navette qui va de l’aéroport à Stockholm par du ABBA. Je me suis définitivement dit ce jour-là que ce séjour allait être un kif monstrueux. Et ce le fut. Merci encore aux personnes qui étaient là.

Septembre

Je ne sens pas le coup de la rentrée venir, mis à part mon implication dans des articles moins musicaux. Je dirais même que j’entre dans une apathie toute relative, tant je me sens vidée émotionnellement de mon été. Je fais moins attention à la musique qui m’entoure, peut-être parce que j’attends avec impatience octobre et la rentrée batucadienne.

La chanson du mois : Jake Bugg, Seen it all

Avec une mélodie simpliste et des paroles tout à fait convenables pour un jeune garçon de 19 ans, le petit génie de la brit-pop qu’il n’est apparemment pas bon de voir sur scène a signé MA chanson de l’année. En effet, j’ai pourtant entendu des choses plus ambitieuses musicalement cette année qui ne m’ont pas procuré cette émotion : à la fois l’expression de mon apathie, de l’apaisement et de la joie à l’écoute. Et pour me pencher sur les deux albums du petit, je me dis que faire de la musique aussi variée à son âge, ça frise effectivement le génie.

Octobre

La reprise de mes activités percussives + l’assurance que ce n’est pas qu’un flirt comme un autre = ma patronne qui me dit : Tiens, pour une fois, vous ne déprimez pas en octobre. Ce n’est pas que j’étais moins déprimée, c’est que je l’ai moins exprimé, nuance. Il y a eu comme d’habitude des choses qui m’ont bouffée de l’intérieur, mais je les ai prises à bras-le-corps. J’en bave, mais je mûris. C’est à ce moment précis que je prends conscience et que j’apprécie d’avoir 30 ans.

La chanson du mois : Arcade Fire, Reflektor

J’ai toujours dit qu’on ne m’y reprendrait pas avec Arcade Fire, du fait de leurs manières de poseurs, de se poser comme héritiers de Bowie à la schlag et surtout du fait que j’avais blacklisté leur œuvre, suite à une déception. Force est de constater que je ne puis m’empêcher de shaker mon booty le matin à 6h45 en faisant ma vaisselle et en chantant avec Régine Chassagne : Entre la nuit, la nuit et l’aurore… Entre le royaume des vivants et des morts. Mais il m’en faut plus pour que je retrouve l’émotion suscitée par Funeral.

Novembre

Un mois musicalement très chargé, du fait notamment d’une baraka du tonnerre. En effet, grâce à ma radio préférée, j’ai pu assister en une semaine aux concerts des Arctic Monkeys et des Queens of the Stone Age (même si j’avoue que, pour QOTSA, j’ai dû aller faire ma Roumaine auprès d’un pote). Je m’attendais à avoir une déferlante de sensualité et de brutalité avec QOTSA – le concert le plus G.R.A.O.U. de ma vie, tant la charge et surtout le déhanché de Josh Homme étaient lascifs –, mais je ne m’attendais pas à kiffer autant le combo d’Alex Turner.

La chanson du mois : Arctic Monkeys, Do I wanna know?

Logique. C’est bizarre, à chaque fois que j’écoutais un morceau des Arctic Monkeys avant AM, je trouvais ça pas mal mais sans plus. Là, on sent qu’il y a un niveau supérieur de coolitude. Et comme disait le Chevalier, la vérité, c’est que c’est un groupe de scène.

Décembre

Force est de constater que je situe déjà en 2014, voire 2015 sur le plan personnel, et que je me situe dans les années 1990, voire 1980 musicalement. C’est ça, être vieille et posay comme diraient certains adolescents illettrés sur Twitter. Sinon, Muse vient de reconnaître publiquement que The 2nd Law était décevant. Doux euphémisme, krrr krrr.

La chanson du mois : Franz Ferdinand, Right Action

Bizarrement, ça me fait toujours plaisir d’avoir des nouvelles de Franz Ferdinand, notamment quand ils font des chansons dansantes et sans prétention comme celles présentes dans leur dernier album. Ce n’est peut-être pas super élaboré musicalement, mais ça a le mérite de ne pas me taper sur les nerfs.

Les autres chansons de l’année

Asaf Avidan, Love It Or Leave It

Finalement, la seule chanson de Different Pulses qui ne me file pas de crise d’urticaire.

Woodkid, Run Boy Run

Alors oui, c’est prétentieux, c’est pompeux, ça pète plus haut que son cul, mais putain, qu’est-ce que c’est beau !

Miles Kanes, Don’t Forget Who You Are

C’est vintage et sympa, et le côté La la la apporte toujours un capital kewl à une chanson.

Bastille, Pompeii

Même remarque que la chanson précédente, le Hey Ho (on l’a vu aussi cette année avec The Lumineers) apporte un potentiel kewl à une chanson. Pour la blague : cet été, j’ai vu Bastille à Répu, et je n’avais même pas bu… [badoum tsss]

Stromae, Papaoutai

Même en n’écoutant que Oüi, je n’ai pas pu passer à côté de la déferlante proposée par le trublion belge dont j’admire encore une fois le génie d’écriture.

Ce bilan maintenant fait, je vous souhaite de joyeuses fêtes de Noyel et de bien commencer l’année 2014. En attendant, quittons-nous en musique avec Dino…

J’ai dit Dino, pas Tino ^^



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