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Entretien avec un musicothérapeute remarquable : Philippe Barraqué

Publié le 23 février 2013 par Harmonic777888 @phbarraque

PSY MAG : Philippe, pourriez-vous définir en peu de mots votre travail de musicothérapeute spécialiste de la voix?

P.B. : La voix est révélation. C’est ce que nous avons de plus profond en nous et cette compagne nous donne le reflet exact de ce que nous sommes. On ne triche pas avec la voix. On peut bien sûr la travestir, l’affirmer davantage en renforçant un peu les graves, mais au détour d’un mot, d’un son vocal, elle se présente sans masque, vraie, troublante, dérangeante parfois car il faut accepter les messages qu’elle induit en nous et travailler cet intime de soi par la pratique vocale quotidienne.

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PSY MAG : Pensez-vous que la capacité de percevoir "l'Harmonie" est le propre de l'Homme?

P.B. : Je ne sais pas si j’ai rencontré la musique. Elle a toujours été présente durant mon enfance et bien avant… Ma mère était sage femme et pianiste, et du côté de mon père, il y a des musiciens, des gens du voyage. Je suis fils unique et sans la musique, la pratique instrumentale, le Conservatoire, la composition de chansons françaises (ma première passion), et plus tard la musicologie et la musicothérapie à l’université de Paris8, je n’aurais pas donné du sens à ma vie. Le chant m’a réellement sauvé de cette espèce de glue mentale qui enlise le quotidien de beaucoup de jeunes des banlieues aujourd’hui. Pour la petite histoire, j’ai vécu à Roubaix et parallèlement à mes études très sérieuses au Conservatoire et à l’Ecole Normale de Musique de Paris, je chantais dès l’âge de dix sept ans dans les cabarets et les maisons de la culture du Nord de la France.
PSY MAG : La musique, pour vous, c'est une raison de vivre, ou un outil, une fin ou un moyen?

P.B. : En fait, je ne me pose pas cette question car je vis la musique de façon instinctive. Le son, l’harmonique qui éclaire la voix, sont comme des énergies fluidiques qui remplissent mon espace de vie et qui me permettent de communiquer de façon holistique avec toutes les dimensions que je peux saisir grâce à cet outil universel de communication qu’est la musique.
PSY MAG : Votre entourage est-il si proche du milieu musical, partage-t-il cette sensibilité?

P.B. : Hum… J’ai envie de partager des moments avec mon entourage qui ne sont pas forcément rattachés ni à la thérapie, ni à la musique. Mais j’ai gardé beaucoup de contacts dans le métier de la chanson et cela m’amuse beaucoup de voir leurs mines étonnées quand je parle de développement personnel, de thérapie vocale… Nous partageons des moments conviviaux, la musique des bons vins, l’attention et le partage, la fidélité et l’amitié.

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PSY MAG : Y-a-t-il des musiques actuelles qui vous semblent ne pas être de la musique?

P.B. : D’abord, toute musique est actuelle à partir du moment où elle est jouée, où l’archet du violon donne l’étincelle de vie à Mozart ou à Ravel. Il y a des œuvres visionnaires qui préfigurent des époques, d’autres qui témoignent d’une régression de nos sociétés : la musique sérielle et l’ère de l’informatique, la world music et la reconnaissance des cultures minoritaires, mais aussi le rap et la violence urbaine, la techno et le retour à certaines formes de tribalité… Chaque musique, même la plus idiote des rengaines, est là pour nous donner un instantané de notre humanitude. Rien est à rejeter à partir du moment où c’est un chant qui vient des résonances du cœur, un chant qui s’exprime malgré l’intégrisme, la pensée unique et la mondialisation. La musique est alors utile, délivrée de la fascination qu’elle exerce sur l’ego quand elle permet à une voix isolée de s’unir à d’autres voix.


PSY MAG : A l'instar de certains nutritionnistes, qui affirment que l'on est ce que l'on mange, vous diriez que l'on est ce que l'on écoute?

P.B. : Oui, on s’identifie à ce que l’on écoute; c’est un choix personnel, révélateur de notre personnalité profonde mais c’est aussi souvent un choix orienté. Cette écoute, si elle s’affirme librement, c’est bien, mais si elle marque un souci d’appartenir à un groupe, à une pensée dominante, à un courant, elle n’est plus représentative de notre personnalité profonde mais de notre paraître.


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PSY MAG : Concernant la thérapie vocale que vous avez créée, avez-vous déjà travaillé avec des enfants autistes? Dans l'affirmative, quels résultats avez-vous obtenus ?

P.B. : Oui, par l’intermédiaire de psychologues qui ont été formés à ma méthode La Voix qui guérit ; les résultats qu’ils m’ont communiqués ont été encourageants. La thérapie vocale permet de replonger l’enfant autiste dans les résonances fondamentales de la vie utérine et de préparer par cette immersion dans son univers protecteur un accouchement sonique car la cause principale de sa souffrance est de ne pas être né.
PSY MAG :
En partance pour des vacances pour une île déserte, vous pensez à prendre dans vos bagages:
1.
Une flûte traversière et des cymbales,
2.
Des pastilles pour la gorge,
3.
Des sandales de plage en plastique, et le guide du petit futé de Petaouchnok


PSY MAG : Quelles est votre citation préférée?
P.B. : Je ne suis pas collectionneur de citations mais j’aime bien l’univers de l’écrivain italien Italo Calvino. Dans « Les villes invisibles », il écrit : « A Bersabée se transmet cette croyance : qu’il existe, suspendue dans le ciel, une autre Bersabée, où flottent les vertus et les sentiments les plus élevés de la ville, et que si la Bersabée terrestre prend pour modèle la Bersabée céleste elle ne fera plus qu’une avec elle. »

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CD et Livres de Philippe Barraqué, musicothérapeute, musicologue : www.planetevoix.net

Source : PSY MAG 2013

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