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REVIEW : Agnes Obel – Aventine

Publié le 19 décembre 2013 par Vargasama

Agnes-Obel-Aventine

AGNES OBEL

Aventine

Pias (2013)

Agnes Obel revenait le 30 septembre pour sacrer notre automne, aussi belle que lugubre, plus douce que jamais.

On savait déjà qu’elle excellait à passer ses doigts sur un piano à la fois lent, mais d’une profondeur tonitruante, preuve à l’appui : ce nouvel album qu’elle signe avec grâce. « Riverside » était déjà mélancolique, « Philharmonics » peut-être un peu plus vivant, telle une histoire contée à plusieurs voix. Voilà donc qu’ « Aventine » s’offre un répertoire rempli d’un cafard dégoulinant, mais sain ; de petits accords à deux notes, des petits accords gais, qui viennent sourire là où on croirait la voir pleurer.

Elle nous revient donc en pleine forme, mais garde cette tristesse dans la voix qu’on ne semble pas pouvoir lui ôter. Cette tristesse qu’elle se répète à coups d’échos, chacune des voix répondant à l’appel de l’autre. C’est peut-être cette voix aigüe, ces associations bizarroïdes entre tonalités d’en haut, unies à un léger fond rauque qui semble demeurer, telles des graines de café au fond d’une tasse. J’ai l’impression qu’on retrouve donc la même femme, à peine changée par le temps, par ces trois ans qui séparent « Philharmonics » d’ « Aventine ». Armée de son bouclier fétiche, son piano au bout des doigts, au bout de la voix, un violoncelle qui vient troubler la pureté de l’ordre établi. Cette fois ci, elle a décidé d’engager de véritables batailles d’accords pianistiques, effaçant parfois même sa propre voix au profit des notes. Toutefois, bien qu’elle conserve son origine, Agnes Obel se permet parfois des exclusivités, notamment au violoncelle sur « The Curse », relayant ses touches noires et blanches à la seconde place.

Un retour fidèle, certes, mais qui aborde une nouvelle idée de la tristesse musicale, cette maturité qui s’exprime dans une envie plus pressante de marteler les cordes dans « Pass Them By ». Ou bien dans la gravité éphémère de « Fivefold », telle la marche conquérante d’un peuple barbare, au lever du soleil, qui ne durerait qu’une minute et cinquante-neuf secondes. Et puis, il y a ce petit quelque chose d’incertain, innommable, qui authentifie un nouveau départ, tout en conservant la beauté originelle.

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