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Nouvelles africaines 1 de Doris LESSING

Par Lecturissime

 

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♥ ♥ ♥ ♥

L’auteure :

http://doris-lessing.albin-michel.fr/

L’histoire :

Dans ces nouvelles, Doris Lessing nous présente au microscope l'enchevêtrement des comportements raciaux en Rhodésie et en Afrique du Sud, où le progressisme et la bonne volonté individuels ne peuvent mener qu'à des malentendus porteurs de catastrophes.


Rapports entre noirs et blancs, mais aussi entre Afrikaners et Anglais, et entre leurs attitudes contradictoires vis-à-vis des noirs. Quand je pense à tout ce que nous avons fait pour eux », s'indignent les blancs, abasourdis par l'ingratitude de leurs domestiques et de leurs ouvriers qui, sans eux, seraient encore des sauvages… L'incompréhension engendre la rancune, elle-même mère de la haine et de la délinquance. L'auteur du Carnet d'or nous montre également le processus d'appauvrissement, au rythme des saisons et à la mesure de leur ignorance, des « petits blancs » terrorisés par la menace de tomber au niveau des noirs. Tous ces personnages fragiles se débattent dans la turbulence organique de l'Afrique, qui tend à anéantir toutes leurs précieuses illusions de civilisation dès que se relâchent leurs vigilants efforts – de même que les racines des arbres abattus repoussent et soulèvent chaque année le dallage des maisons, comme pour leur rappeler la permanence africaine sous le vernis éphémère de la présence blanche. (Présentation de l’éditeur)

Ce que j’ai aimé :

Le vieux chef Mshlanga : Une petite fille se promène dans le veld et rencontre le vieux chef Mschlanga qui habite sur les terres voisine. Elle ressent alors une espèce de fascination pour ce vieux sage. Cette petite fille est comme le double de l'auteure, qui nous fait ressentir le veld fascinant et dangereux à la fois avec sa violence latente tapie dans les taillis.

« J’avais lu des descriptions de cette sensation, je savais comme l’immensité silencieuse de l’Afrique, sous le soleil antique, acquiert une telle densité et une telle forme dans l’esprit que l’appel même des oiseaux semble menaçant, et qu’une présence macabre semble se dégager des arbres et des rochers. L’on se déplace avec circonspection, comme si le seul fait de passer dérangeait quelque chose d’ancien et cruel, sombre, quelque chose d’énorme et furieux qui pourrait soudain bondir  et frapper par derrière. » (p. 18)

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Le soleil se lève aussi sur le veld : Un garçon de quinze ans teste sa liberté puis tombe nez à nez avec une antilope agonisante. La mort s’invite inhérente à la vie..

Pas de sorcellerie à vendre : Les coulisses de l’Afrique et de ses guérisseurs aux mystères indicibles.

La seconde hutte : Un homme embauche un assistant qui arrive à son grand déplaisir avec toute sa famille. Il se sent alors obligé de construire une deuxième hutte pour pallier à leur pauvreté.

Le fléau : Un conducteur de bœufs a des soucis avec ses - trop - nombreuses épouses.

L’arrivée des De Wet à Kloof Grange : Le Major Gale et sa femme attendent l'arrivée de l’assistant et de sa femme. Les femmes dans ces contrées lointaines, sont livrées à elles-mêmes et si Mme Gale a fini par apprécier sa solitude, la jeune femme qui arrive avec l’assistant est désemparée devant cette nouvelle vie qui s’offre à elle.

Le petit Tembi : Le rapport particulier entre un petit cafre et Jane, jeune femme très attentionnée envers les indigènes mais Jane finit par avoir ses propres enfants et s’éloigne peu à peu du jeune Tembi qui ne comprend pas ce revirement de situation.

La ferme du Vieux John : Un nouveau couple s’installe dans la région et la jeune Kate est fascinée par ce couple qui pourtant se met rapidement la communauté à dos.

Un beau récit sur l’adolescence et la confusion des sentiments :

« Elle souhaitait qu’ils trient et définissent pour elle ses impressions confuses et contradictoires. » (p. 237)

George le léopard : George Chester paie de jeunes indigènes pour son plaisir. Jusqu’au drame...

Des récits magnifiques, prenants, fascinants qui explorent les rapports complexes entre blancs et noirs mais aussi entre Hollandais et Anglais, hommes et femmes, adolescents et adultes. La finesse psychologique des récits éclaire ces nouvelles d'une aura marquante. Les descriptions du veld sont de toute beauté, et là encore Doris Lessing a su en saisir toute l'ambivalence : derrière les paysages magnifiques se cachent aussi des maux sans nom prêts à bondir à la première imprudence...

Ce que j’ai moins aimé :

Les fins sont très ouvertes.

Premières phrases :

« Comme c’était bon, ces années de randonnées dans les taillis répandus sur une vaste part de l’exploitation de son père, qui, comme toutes exploitations blanches, n’était guère cultivée qu’ici et là. Entre deux champs, rien que des arbres, de hautes herbes jaillissant en touffes maigres, des buissons épineux, des cactus et des ravines, et puis encore de l’herbe, de la rocaille, des broussailles. »

Vous aimerez aussi :

Du même auteur : Le rêve le plus doux

Autre :  Disgrâce de J.M. COETZEE

Nouvelles africaines, 1, Le soleil se lève sur le veld, Doris Lessing, traduit de l’anglais par Marianne Véron, Le livre de poche, 6 euros


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