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Chocolat du jour: "Slave City" / Atelier Van Lieshout

Publié le 21 décembre 2013 par Lifeproof @CcilLifeproof

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Atelier Van Lieshout, vue de l'exposition The Butcher, Friche de la Belle de Mai, Marseille. Université des esclaves mâles, carton, tissu. 2007. © Atelier Van Lieshout. Photo: CR.

Enfin, je prends le temps de vous parler de l'exposition The Butcher / Atelier Van Lieshout que j'ai vu à La Friche de la Belle de Mai à Marseille début septembre. Elle se termine le 31 décembre et nous immerge dans un univers digne de George Orwell, Ira Levin ou Margaret Atwood, ou comment l'art contemporain rencontre la science-fiction, glacial, perturbant, futuriste.

La Friche de la Belle de Mai, j'y avais été tout d'abord parce que j'en avais entendu parlé, pour l'exposition de l'Atelier Van Lieshout ainsi que pour cette autre: Des images comme des oiseaux, une traversée dans la collection photographique du Centre National des Art Plastiques dont je vous avais parlé

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Atelier Van Lieshout, vue de l'exposition The Butcher, Friche de la Belle de Mai, Marseille. Modèle Museogestor, musée, intestin, maquette. fibre de verre. 2008. © Atelier Van Lieshout. Photo: CR.

Lors de ma visite dans cette friche dédiée à l'art et à la culture depuis 1992 et qui était l'ancienne manufacture des tabacs de Marseille, j'ai pu visiter l'exposition The Butcher de l'Atelier Van Lieshout. Elle est visible en deux parties distinctes: Slave City au quatrième étage de la tour et The Blast Furnace dans le panorama. Ces deux "entités" ou expositions donnent The Butcher, à la fois séparables et présentables ensemble, elles font partie d'une projet de trilogie de l'Atelier Van Lieshout s'intulant The New Trybal Labyrinth. Ce qui m'a le plus fasciné : Slave City. En entrant, on devient spectateur d'une étude, d'un univers, d'un tout cohérent initié par l'Atelier Van Lieshout. On bascule dans un futur possible, on est face à des maquettes à échelle réduite ou grandeur nature dans lesquelles on pourrait prendre place. « Pour Slave City, saga écrite entre 2005 et 2008, et ici déployée sur l'ensemble du plateau d'exposition, une organisation humaine, sociale, économique, culturelle et spatiale est proposée tel un univers clos et tournant en boucle sur lui-même. Des tableaux indiquant statistiques et profits, des plans, des maquettes d'architectures, des unités à l'échelle 1, des scènes de vie ordinaire, forment un immense complexe développant l'idée d'une société ardemment dévolue à la classification, à la rentabilité et dans laquelle rationalité, ordre, recyclage sont les maîtres mots d'une organisation écologique de la société où la juste mesure vient rompre les barrières dressées autour du dernier tabou, le cannibalisme. », voici ce qui est dit en introduction de l'exposition.

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Atelier Van Lieshout, vue de l'exposition The Butcher, Friche de la Belle de Mai, Marseille. dessindu centre commercial, 2005-2008. © Atelier Van Lieshout. Photo: CR.

Le postulat de base est le suivant, on entre dans un récit, une histoire, une proposition de vie, d'existence avec des codes drastiques : bienvenue donc dans la ville des esclaves, dans une vie en commun où aucune place n'est laissée à la rébellion, où tout est codifié, où tout est minuté et où rien n'est laissé au hasard dans cette proposition de vie en autarcie. L'Atelier Van Lieshout est une coopérative artistique créée et dirigée par l'artiste et designer hollandais Joep Van Lieshout. Une vingtaine d'artistes et designers, travaillant sous la direction de Joep Van Lieshout, composent ces Ateliers. Ils s'intéressent à la question du vivre ensemble et la place de l'homme dans le monde. Slave City, The Butcher, The New Trybal Labyrinth s'inscrivent dans la poursuite de ces recherches.

« Slave City développe à huis clos un univers aseptisé avec ses propres règles pour une gestion rationnelle ». Comment est-ce que cet univers utopique, surréaliste a-t-il été prévu, programmé, envisagé par l'Atelier Van Lieshout ? Ils envisagent la cohabitation de 200 000 habitants travaillant 14 heures par jour, dans un centre d’appels le matin, dans les ateliers ou dans les champs l’après-midi, l’objectif étant d’atteindre un chiffre d’affaires de 7,8 milliards d’euros par an. Le nombre de femmes et d'hommes est égal. Avant leur entrée dans la Slave City, ils ont été sélectionnés dans le Welcoming Center. Et, pendant leur vie d'esclave, ils ont tout ce qu'il faut pour vivre en autarcie : un centre médical, une université (non mixte par contre), un musée (gros intestin qui invite l'habitant de Slave City à découvrir toutes les formes d'art jusqu'à l'indigestion), un centre commercial, etc.

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Atelier Van Lieshout, vue de l'exposition The Butcher, Friche de la Belle de Mai, Marseille. Bordel de luxe pour femme, fibre de verre, plâtre. 2007. © Atelier Van Lieshout. Photo: CR.

Pour une société équilibrée, le sexe ne peut être aboli. Ainsi, des bordels sont prévus : l'un est en forme de spermatozoïdel'autre d’utérus, trois heures de « relaxation sexuelle » sont prévues après sept heures de sommeil obligatoires. La cité se doit d'être auto-suffisante en énergie, tout y est recyclé y compris les humains déficients : ainsi l'homme ou l'esclave peut servir de matière première, il devient donneur d'organe ou cannibale, d'où l'importance du boucher (The Butcher) est un personnage majeur. Le principe du « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » est employé à son maximum.

L'Atelier Van Lieshout, avec cette exposition, nous transporte-t-il dans un devenir possible ? L'art devient science-fiction et propose une vision de ce que pourrait être une vie où tout est codifié, encadré et où l'homme devient pareil à animal que l'on mène à l'abattoir...

Cécile.

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The Butcher / Atelier Van Lieshout

Friche de la Belle de Mai / Tour-Panorama, 4ème étage / 41, rue Jobin / 13003 Marseille

Du 6 juillet au 31 décembre

Ouvert du mardi au dimanche de 13h à 19h. Nocturne le vendredi jusqu’à 22h

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Les fêtes de fin d'année sont l'occasion de faire la fête, de se retrouver en famille ou de se pelotonner chez soi et dans certains cas de faire des réserves pour hiberner pendant l'hiver ! Pour se faire : marrons, pain d'épices et vin chaud au menu mais aussi chocolats. En ce mois de décembre, lifeproof essaye de vous faire découvrir tous les jours autre chose : bonnes gourmandises à tous !


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