Magazine Cinéma

Aux Etats-Unis, l’ascension et la chute d’un gourou vaniteux de la finance (et roi de l’arnaque)

Par Borokoff

A propos de Le Loup de Wall Street de Martin Scorsese ★★★☆☆

Jonah Hill, Leonardo DiCaprio - Le Loup de Wall Street de Scorsese - Borokoff / Blog de critique cinéma

Jonah Hill, Leonardo DiCaprio

Pour sa cinquième collaboration avec son acteur fétiche (Leonardo DiCaprio, qui s’est battu avec Brad Pitt pour racheter les droits du livre), Scorsese a choisi d’adapter Le Loup de Wall Street (paru en 2005), récit autobiographique, rédempteur et éponyme d’un des plus grands génies américains de l’arnaque financière et de l’imposture tout court : Jordan Belfort, né en 1962. Précédant dans l’Histoire des escrocs de Wall Street Bernard Madoff,  Belfort est un courtier originaire du Bronx et parti de rien (il a fait des études en Biologie et a été boucher dans le Queen’s) qui passa sa vie à escroquer des investisseurs en leur vendant des actions qui ne valaient rien mais qu’il gonflait artificiellement avant de faire redescendre leur cours tout aussi rapidement, une fois la transaction bouclée. Et gelée…

Leonardo DiCaprio - Le Loup de Wall Street de Scorsese - Borokoff / Blog de critique cinéma

Leonardo DiCaprio

La biographie de Belfort est à jamais marquée du sceau du scandale et tous les excès possibles. Son ascension comme sa chute ont été fulgurantes. Après avoir créé à 25 ans (dans la foulée du crash boursier de 1987) sa propre société boursière (Stratton Oakmont), Belfort ira jusqu’à avoir sous ses ordres 1000 courtiers et à gagner 50 millions de dollars par an. Arrêté en 1998 par le FBI et condamné à purger 22 mois (seulement) de prison en échange du « balançage » en règle de tous ses associés, Belfort n’a à ce jour remboursé qu’une infime partie des 110 millions de dollars qu’il doit encore aux 1500 investisseurs qu’il a arnaqués.

Matthew McConaughey - Le Loup de Wall Street de Scorsese - Borokoff / Blog de critique cinéma

Matthew McConaughey

Ce sont ses frasques (usage intensifs de drogues, recours fréquents aux services de prostituées, naufrage de son yacht immense, accident avec sa Ferrari, crash sur sa villa avec son hélicoptère privé, etc…), tout ce climat « obscène » de gabegie et de beuverie, de faste et d’opulence dans lequel a vécu Belfort pendant dix ans qu’a tenté de retracer Scorsese, en misant davantage sur le spectaculaire et la surenchère que sur une étude de caractère à proprement parler subtile et profonde ou un portrait psychologique nuancé.

Le Loup de Wall Street de Scorsese - Borokoff / Blog de critique cinéma

Le Loup de Wall Street fait pourtant autant rire qu’il ne laisse aucun doute sur le génie bonimenteur de Belfort, sa capacité à faire croire à n’importe qui au bienfait de l’achat d’actions en réalité totalement « bidon ». Dans un jargon populaire et pour simplifier, on pourrait dire que Belfort aurait pu vendre un frigidaire à un Eskimo et qu’en plus, le frigo n’aurait pas fonctionné…

Jonah Hill - Le Loup de Wall Street de Scorsese - Borokoff / Blog de critique cinéma

Jonah Hill

Si Le Loup de Wall Street laisse un peu sur sa fin, il n’en réserve pas moins des scènes souvent hilarantes, grâce notamment à la composition magistrale de DiCaprio, au génie comique de Jonah Hill (Donnie Azoff, un des proches collaborateurs de Belfort) ou à la participation éloquente du non moins imminent Matthew McConaughey. Il faut saluer aussi le rythme enlevé de la mise en scène pendant une heure trente, bien servie par un scénario inspiré signé Terence Winter (Les Sopranos) et les compositions endiablées de Howard Shore.

Leonardo DiCaprio - Le Loup de Wall Street de Scorsese - Borokoff / Blog de critique cinéma

Leonardo DiCaprio

Pas de doute, on est là dans une farce totalement extravagante et grotesque, cynique et grinçante. Pour décrire ce climat d’orgie et de débauche qui accompagnent Belfort dans son enrichissement et son ascension, Scorsese privilégie la caricature et l’hyperbole autant dans son style que dans la forme. Quitte à ne pas toujours faire dans la légèreté. Pour ce portrait à charge contre les effets ravageurs de la spéculation financière à laquelle Wall Street s’adonne (et à la ruine et le désastre économiques qui en découlent), Scorsese peut miser sur un DiCaprio au firmament, dans un de ses plus grands rôles sans doute. Epique, grandiose tout simplement.

Margot Robbie - Le Loup de Wall Street de Scorsese - Borokoff / Blog de critique cinéma

Margot Robbie

Seul hic, ce sont les longueurs d’une épopée qui dure trois heures mais qui s’essouffle dans sa dernière heure après avoir tout emporté sur son passage, du lancer de nains contre des cibles pour faire rire les traders à la dissimulation de millions de dollars cachés sous des vêtements avant d’être convoyés en Suisse et placés sur les comptes d’une banque dont le directeur n’est autre que Jean-Jacques Saurel, joué par un Jean Dujardin égal à lui-même et qui signe là sa grande entrée à Hollywood.

Leonardo DiCaprio - Le Loup de Wall Street de Scorsese - Borokoff / Blog de critique cinéma

Alors, ne boudons pas notre plaisir, car dans Le Loup de Wall Street, on retrouve le même humour ravageur que dans le livre de Belfort. Si la charge contre Wall Street est tout aussi féroce que drôle, Scorsese privilégie le sensationnel et le parfum de scandale permanent qu’ont eu la vie et la jeunesse de Belfort, personnage sulfureux et au culot sans limites. Si Belfort n’avait peur de rien, ce sont sa confiance extrême en lui et son égo démesuré qui l’ont perdu au final tout comme son addiction à la drogue. Icare plumé, notre Belfort ? Pas tant que cela, tant la chute laisse à penser, et c’est toute l’intérêt de cette fresque sulfureuse et délicieusement amorale, que Belfort s’en est toujours sorti au final. Pire, ne s’est jamais arrêté d’arnaquer des gens, cupides ou non. Un phénix, vous avez dit ?…

http://www.youtube.com/watch?v=OyP1b4ev2vM

Film américain de Martin Scorsese avec Leonardo DiCaprio, Jonah Hill, Matthew McConaughey, Jean Dujardin, Margot Robbie, Kyle Chandler, Rob Reiner, John Favreau… (02 h 59) 

Scénario de Terence Winter d’après le livre éponyme de Jordan Belfort 

★
★
★
½
☆

Mise en scène : 

★
★
★
☆
☆

Acteurs : 

★
★
★
★
☆

Compositions d’Howard Shore : 

★
★
★
☆
☆


Retour à La Une de Logo Paperblog