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Quand l’injure devient “littéraire”….

Par Citoyenhmida

sans-titreDans ces temps troubles où quand on n’est pas d’accord avec certains, ils vous menacent de tout et de rien – d’une place assurée pour l’éternité  en enfer jusqu’à à une mort brutale et pourquoi pas atrocement compliquée – il n’est pas inutile de rappeler que le désaccord peut très bien se traduire en des termes plus civilisés, même s’ils sont parfois acerbes, terriblement méchants, parfois vexatoires, mais qui demeurent du domaine des mots!

Le “DICTIONNAIRE DES IN JURES LITTÉRAIRES“, compilé par Pierre CHALMIN pour les éditions L’EDITEUR en 2010, paru plus tard dans Les Livres de Poche,  nous propose une très vaste palette des “injures” (définies par Littré comme étant des “paroles offensantes, outrageuses”) “littéraires” (qui appartiennent toujours selon Littré aux belles lettres).

Pour vous donner l’envie de feuilleter cet ouvrage et de vous arrêter sur quelques entré&es parfois savoureuses de méchanceté mais aussi d’humour et d’intelligence, j’en ai piochées quelques unes que vous présente.

Charles BAUDELAIRE n’était aux yeux des frères Goncourt que “un bourgeois tourmenté toute sa vie pour se donner l’élégance d’être fou”.

Mark Twain prétendait  que le chef de file des pètes romantiques français Alphonse DE LAMARTINE “n’a jamais pu entendre parler d’un sujet pathétique sans se répandre en eau”. L’auteur des Aventures de  Tom Sawyer ajoutait : “on aurait dû l’endiguer”.

Même Charles DE GAULE ne trouve pas grâce aux yeux de ses détracteurs : l’avocat Jacques Isorni estimait “qu’il y avait de la canaille dans cet homme-là”.

Honoré de BALZAC n’a pas manqué de se faire éreinter par ses contemporains, comme Gustave Flaubert qui estimait que “quel homme aurait été Balzac s’il eût su écrire”!

Les critiques modernes ne sont pas plus tendres envers les auteurs à la mode : ainsi pour Mathieu GALEY,  le chantre du structuralisme français Roland BARHES était “le ratage le plus réussi de sa génération”.

De son côté, Jules Renard avait réglé le sort du poète symboliste Stéphane MALLARMÉ en quelques mots bien sentis : “Intraduisible, même en français”.

Bernard-Henry LEVY, le philosophe surmédiatisé à la chemise blanche immaculée, ne pouvait échapper aux critiques acerbes comme l’essayiste Guy Hocquenghem qui s’adresse au dandy de la pensée française des années 2000 en ces termes : “Et cette inexistence est inscrite dans tes initiales : B.H.L. Tu n’as même pas un nom à toi, rien qu’un sigle comme R.A.T.P. ou S.N.C.F.”.

J’ai choisi ces quelques “injures littéraires” parmi une somme  impressionnante d’entrées, réunies en  720 pages et sélectionnées  par l’auteur selon trois principes :

  • la notoriété de l’injurié
  • la qualité de celui qui injurie
  • la tournure humoristique, outrancière ou d’une absolue mauvaise foi de l’insulte.

On  y  trouve des figures historiques les plus diverses : MUSSOLINI, ce “César de Carnaval”, selon Blaise Cendras, FRANCOIS Ier, qui n’était selon Napoléon “qu’un héros de tournoi”, Karl MARX, qui d’après Eugène Ionesco “devait souffrir d’un orgueil blessé, come tous ceux qui ont voulu les révolutions“.

On y croise des peintres  (PICASSO, coupable d’après Elier Faure d’être “un grand criminel, responsable en partie du désarroi actuel de la peinture), des compositeurs (MOZART, réduit par Arthur Honegger “à un dieux besogneux qui crève à la tâche à trente-six ans”, des chanteurs (Bob DYLAN , “un copieur dont le nom et la voix sont bidons” pour Joni Mitchell), des acteurs (Stanley Kubrick déclare préférer Charlie Chaplin à Clint EASTWOOD car “Chaplin travaille le contenu sans le style alors que Eastwood travaille le style sans le contenu”).

Tout au long de ce pavé, vous aurez l’occasion d’aiguiser votre propre méchanceté et d’affiner la formulation des critiques que telle personnalité ou telle célébrité vous inspire!

Ce qu’il y a de sûr c’est vous ne trouverez nulle part dans ce “Dictionnaire des injures littéraires” aucun forme de violence physique, ni bien sûr aucun appel au meurtre, alors que les protagonistes ne détestaient parfois à un oint inimaginable!

Mais leur haine restait du domaine de la civilisation!

BONNE LECTURE!


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