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L’année numérique 2014 : Internet des objets, impression 3D, données et sécurité

Publié le 10 janvier 2014 par Davidfayon

année numérique 2014

Comme chaque année, le coup d’envoi de l’année numérique est donné par le CES de Las Vegas qui est l’occasion de présenter les tendances et des solutions innovantes préfigurant les produits et services de demain. D’ailleurs, c’est le terme numérique que j’ai adopté depuis plusieurs années (et non digital) – cf. l’élection du mot numérique de l’année – qu’il convient d’employer comme en témoigne le Syntec (devenu numérique après avoir été informatique), le ministère délégué à l’économie numérique, la Direction Générale du Numérique à La Poste, etc. Pour appuyer les éléments de prospective pour 2014, il est possible de s’appuyer sur le Hype Cycle du Gartner.

Brève rétrospective sur les moments forts de 2013

L’année 2013 a été riche en événements s’agissant du numérique. Les buzz ont été importants (la création de la page Facebook pour le soutien au bijoutier de Nice qui a en quelques jours attiré 1,5 million de fans, la photo de l’écureuil qui s’était coincé ses parties génitales dans un piège à loup relayée par la Caisse d’Epargne et qui s’est traduite par un sévère bad buzz, le poisson d’avril de La Poste pour la livraison des colis par drone – idée reprise par Amazon qui ne va pas sans poser d’épineux problèmes comme la question de la surveillance de l’espace aérien et les coûts, les Google Glass, le phénomène des MOOC). Apple, qui a vendu 9 millions d’iPhone 5S et 5C en 3 jours a battu son record des 5 millions d’iPhone 5 en 3 jours également, n’a pas su croître autant que Samsung Electronics qui l’a par ailleurs devancé pour la montre connectée (iWatch d’Apple pourtant longtemps annoncée).

L’arrivée de la 4G s’est accompagnée d’investissements importants (Bouygues Telecom pour tenter de revenir dans la course en développant une grosse infrastructure et Orange avec son offre M4GIC) et comme il fallait s’y attendre par une guerre des prix de Free sans pour autant garantir la qualité de service attendue avec même une offre à 2 euros !

Les réseaux sociaux sont restés une tendance structurante au côté du Big Data, de l’Open data et du phénomène de ByOD (Bring Your Own Device) corrélée à l’importance de la vidéo et de l’image. Snapchat a ainsi refusé les propositions de rachat à prix d’or de Facebook et de Google. L’entrée en Bourse de Twitter a été faite suivant celle de LinkedIn. Les émissions de télévision proposent par ailleurs de davantage interagir sur les réseaux sociaux, Twitter en particulier. Le culte du hashtag est devenue la règle et se fraye une place à côté des appels aux numéros surtaxés pour le vote en direct pour des émissions de type La nouvelle star.

Les questions de cybersurveillance ont été reprises par les médias, d’abord par l’affaire Prism qui a ému les Français avec la transition sociétale des écoutes téléphoniques vers les écoutes sur le Web, ensuite par la loi de programmation militaire et son controversé article 13, liberticide. Et la question de la gouvernance d’Internet est enfin venue timidement sur le devant de la scène avec des tentatives d’explication des enjeux de la libéralisation des noms de domaine par exemple et l’étude du Conseil Economique et Social et Environnemental prolongée dès la fin 2013 par une mission du Sénat.

2014 : la maturité pour l’Internet des objets, l’importance du design et de l’impression 3D, la prise de conscience pour les données personnelles et la sécurité

Même si Internet des objets n’a jamais été élu mot numérique de l’année, nous allons néanmoins voir décoller ce marché. On pourra également se référer à l’intéressant libre blanc Les Nouveaux Eldorados de l’Economie Connectée, co-rédigé par l’Institut G9+ et Renaissance numérique.

Une étude de Cisco de 2013 prévoit que les objets connectés représenteront en 2020 un marché de 14 400 milliards de dollars (6 460 milliards d’après IDC et 1 900 selon Gartner, plus pessimistes). Et 99,4 % des objets physiques seront connectés et de nouveaux seront inventés. C’est un domaine où il existe des champions français (tels que Aldebaran, Parrot, Sigfox, Withings).

Les champs d’application concerneront la santé, avec le quantified self (que le grand public découvre avec Fitbit, des Apps à télécharger sur les stores), la domotique et la ville intelligente (smart cities). Dans cette ville intelligente où vont converger réseaux énergétiques et réseau Internet avec les smart grids, la voiture électrique connectée embarquera une dose d’Internet des objets. Elle sera plus intelligente, plus connectée et plus autonome. A plus long terme, Google pourrait empiéter sur le marché automobile comme Amazon concurrence le géant Walmart et les autres magasins. Toujours selon le cabinet Gartner, d’ici 2020, 80 % des véhicules commercialisés auront des fonctions connectées.

Le design va devenir une part croissante de la valeur ajoutée d’un produit (que ce soit dans le matériel – on le constate depuis quelques années avec par exemple les produits designés par Philippe Starck mais aussi dans le logiciel avec des IHM simples et intuitives – cette notion même de simplexité). Ce n’est pas un hasard si Responsive design (site web adaptatif) a été élu mot numérique 2013 et si les écoles de design comme Strate Collège, l’Ecole de l’Image sont prisées des entreprises. Elles continueront à l’être par les Directions des Systèmes d’Information des entreprises qui auront besoin, notamment pour les activités d’innovation, de designers mais aussi de marketeurs (principalement issus d’écoles de commerce et de Master) au côté des ingénieurs et des concepteurs/développeurs, avec des plateaux projets de façon à permettre un bouillon de culture collaboratif. Ce n’est pas pour autant que les développeurs seront relégués au second plan, bien au contraire. Le Software Defined Anything (SDx) qui rassemble des standards comme OpenStack, OpenFlow ou OpenRack et permet de faciliter l’interopérabilité des infrastructures informatiques va jouer un rôle grandissant pour les Directions des Systèmes d’Information.

Dans ce contexte, et avec la baisse des prix, l’impression 3D va progressivement arriver à maturité pour le grand public avec un pan d’usages comme décrit dans Makers par Chris Anderson. Et les Fab Lab (par exemple le récent Discovery Innovation Lab http://www.discovery-innovation-lab.com/) vont prospérer en réunissant un savant mélange de start-up, de geeks issus d’écoles et d’universités et d’entreprises et de PME voulant développer des nouveaux usages et innover à moindre coût. 2014 sera le règne de l’innovation frugale où avec peu de moyens financiers, on peut espérer de grandes choses pour peu que l’idée soit génératrice de valeur à l’instant t. Ceci reposera sur la recherche de compétence bénévole ou à moindre coût et de financement, les fameux crowd (sourcing et funding).

La prise de conscience de l’importance des traces numériques et de la sécurité va se poursuivre. La CNIL va poursuivre son rôle de sensibilisation (on l’a vu s’agissant des cookies) et intensifier son rôle de sanction.
Les nombreuses failles sur les smartphones et les tablettes, notamment Android, vont conduire à un changement des comportements (davantage de mots de passe alors que plus de la moitié des utilisateurs de smartphones n’en ont pas ou disposent d’un mot de passe à 4 chiffres, solutions d’anti-malware, plus grande vigilance pour la connexion à certaines bornes Wi-Fi et choix d’une solution de connexion en 3G ou 4G lorsque c’est possible, etc.).

Une journée pour un Internet plus sûr (Safer Internet Day) a même été programmée. De nombreux acteurs de notre société sensibiliseront les jeunes autour de la sécurité sur Internet. Cet événement qui rassemble 70 pays se tiendra à partir du 11 février 2014 et jusqu’à la fin du mois de février.

Enfin, en matière de gouvernance, un premier Forum de la gouvernance d’Internet se tiendra en France à Paris le 10 mars prochain dans la foulée des travaux du CESE.

Réseaux sociaux et autres considérations

Les tendances des réseaux sociaux pour 2014 ont fait l’objet d’un billet de ma part. Elles se résument en ces six grands facteurs : progression plus modérée des inscrits, augmentation de la durée passée par les utilisateurs baptisés socionautes et déplacement de l’audience depuis les PC vers les smartphones et les tablettes, développement de la vidéo et de ses usages, monétisation des contenus, augmentation des spams (social spam).

Au-delà des succès de Line ou de Vine, la question est de savoir si ces acteurs qui connaissent de très fortes croissantes vont être rachetées. Snapchat aurait pu/dû être vendu à prix d’or. 2014 pourrait être l’année de son déclin car ses fonctions vont être copiées par ses concurrents.

Le nombre de comptes Facebook va croître timidement (1,3 milliard) alors que Google+ (450 millions) et LinkedIn (270), connaîtront des croissances supérieures. Et plus encore Pinterest (120) ou Vine (30 qui est à présent disponible via les navigateurs).

La visibilité des posts sur Facebook va continuer à décroître. Le fameux Edge Rank qui donnait un taux moyen de 16 % a diminué à 12 % et devrait passer sous la barre des 10 % avec toujours davantage de suggestions de posts faites par Facebook à ses membres. Il faudra pour être visible être très influent et/ou payer. Néanmoins, Facebook conservera son attrait avec ses évolutions fonctionnelles permanentes et surtout l’écosystème autour de la plateforme avec des outils comme Work4labs pour le recrutement.

Les montres et lunettes connectés seront l’objet de lancements de nouveaux produits même si jusqu’à présent on a plus parlé d’iWatch et des Google Glass. La clef sera de générer un écosystème autour, créateur de valeur notamment des Apps.

Les grands acteurs ne meurent jamais. Nous l’avons constaté avec IBM, leader historique du matériel qui s’est repositionné et qui a par exemple sorti Watson, programme d’intelligence artificielle très puissant, devenu Watson Group avec des pans entiers d’applications. 2014 pourrait bien être l’année du grand retour de Microsoft avec l’après Steve Ballmer et le virage en demi-teinte du Web. On pourrait passer des GAFA (Google Apple Facebook Amazon) au GAFAM. Le rachat de Nokia pourrait être le point de départ de beaucoup d’autres à commencer par Blackberry. L’arrivée d’un outil grand public pour épauler SharePoint est toujours attendue…

Il est utile de connaître les entreprises qui prévoient de recruter dans le numérique.

Par ailleurs, le Gouvernement devrait plancher pour que les grands acteurs n’échappent pas à l’impôt, ce qui n’est pas le cas pour Facebook France ou Google France.

Enfin, la maturité numérique des PME devra être observée de près alors que la majorité des TPE n’ont pas de site et que les PME sont encore très peu présentes sur les réseaux sociaux. Tous les métiers du Web auront le vent en poupe et pas forcément du côté des grandes entreprises. Il reste encore tant à faire pour développer le numérique et ses usages.

Quelques projections chiffrées…

Le ByOD, après avoir séduit les entreprises, pourrait gagner les administrations. Le paysage va être modifié avec l’arrêt des télécartes en avril prochain et la fin des publiphones après celle du Minitel fin juin 2012.

Android et iOS qui occupaient 92 % de parts de marché des systèmes d’exploitation mobile en France devraient descendre sous les 90 % avec la progression attendue de Windows et des autres systèmes notamment plusieurs systèmes d’exploitation dédiés (par exemple SteamOS, système d’exploitation pour la télé et le salon et les systèmes d’exploitation liés à l’Internet des objets.

Nous devrions dépasser le cap des 3,2 milliards d’internautes dans le monde en 2014 avec la moitié pour l’Asie. La croissance du e-commerce ralentira et se situera en France entre 12 et 15 %. Elle sera tirée par le m-commerce. Samsung Electronics qui est le numéro 1 du numérique dans le monde va dépasser les 200 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2014 avec en ligne de mire les 400 d’ici 2020.

Et selon vous quelles sont les tendances majeures pour 2014 ?


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