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12 years a slave

Publié le 25 janvier 2014 par Cinephileamateur
12 years a slave De : Steve McQueen.
Avec : Chiwetel Ejiofor, Michael Fassbender, Benedict Cumberbatch, Paul Dano, Lupita Nyong'o, Sarah Paulson, Brad Pitt, Paul Giamatti, Garret Dillahunt, Scoot McNairy, Adepero Oduye...
Genre : Drame.
Origine : États-Unis.
Durée : 2 heures 13.
Date de sortie : 22 janvier 2014.
Synopsis : Les États-Unis, quelques années avant la guerre de Sécession.
Solomon Northup, jeune homme noir originaire de l’État de New York, est enlevé et vendu comme esclave.
Face à la cruauté d’un propriétaire de plantation de coton, Solomon se bat pour rester en vie et garder sa dignité. Douze ans plus tard, il va croiser un abolitionniste canadien et cette rencontre va changer sa vie…
Bande annonce française
"Je ne veux pas survivre, je veux vivre !"
4.5
12 years a slave
Début 2013, sur l'esclavage on à eu le droit au très décalé et très jouissif "Django Unchained" de Quentin Tarantino. Début 2014, toujours sur l'esclavage, on retrouve un peu plus de sérieux avec "12 years a slave". Pas un grand amateur pour le moment de Steve McQueen qui m'avait passablement ennuyé avec son "Hunger", j'avais toutefois envie de laisser une chance à son nouveau long métrage qui en plus d'avoir un très beau casting avait en plus pour lui un très bon bouche à oreille. C'est donc ainsi que je me suis retrouvé dans une salle obscure pour le découvrir.
Et une chose que je peux affirmer, c'est que si Quentin Tarantino avait parfaitement maitrisé son approche décalé façon western, Steve McQueen à lui parfaitement maitrisé son approche plus sérieuse. Attention, je ne compare pas les deux films qui n'ont rien en commun si ce n'est le thème de l'esclavage, je m'en sers juste de perche afin de démontrer le très grand pouvoir du cinéma capable sur le même thème en un an nous livrer deux œuvres totalement différente et pour autant tout aussi indispensable. Pour en revenir à ce qui nous intéresse ici, indispensable n'est pas un faible mot pour qualifier ce long métrage.
Le scénario écrit par John Ridley d'après le livre tiré d'une histoire vraie de Solomon Northup lui même est d'une force assez incroyable. Non pas que je sois indifférent à ce sujet mais je reconnais que l'esclavage est un thème qui me parle peu. Pourtant, impossible pour moi de rester insensible ici face à cette histoire poignante qui nous replonge dans les pages les plus sombres de l'Histoire. Impossible de ne ressentir aucune émotion face à la force de ce récit très bien écrit qui nous montre avec quelle facilité déconcertante à l'époque on s'efforcer de détruire un homme sous de faux prétexte et sans aucune once de culpabilité sous couvert d'un Dieu que l'on manipulait un peu aussi pour qu'il aille dans notre sens.
Oui, la nature humaine n'est pas toujours très belle, oui elle n'as rien de glorieuse et pourtant dans ce portrait brute d'une société pas si lointaine que ça, j'ai aimé la façon dont le scénario nous montre à quel point l'homme peut aussi se battre que ce soit physiquement ou moralement, non pas pour survivre mais pour vivre tout simplement comme le dit le héros principal. Le sujet est délicat, j'ai conscience de ne pas en avoir toutes les cartes en main et de ne pas être très crédible dans ma façon d'aborder ce sujet mais le film à au moins le mérite de nous pousser à réagir sans pour autant jouer dans la facilité.
A une époque où les discriminations ont parfois tendance à reprendre le dessus (il suffit de regarder chaque jour les différents journaux télévisés), à une époque où sous couvert de la morale l'on se permet de dicté sa loi aux autres où de réagir sur la liberté d'autrui, je trouve que ce film reste très intéressant et indispensable à voir. Je ne m'en vais pas débattre plus car je sais que je ne suis pas légitime, mais pour en revenir (toujours sans aucune comparaison je précise) au film de Quentin Tarantino, si ce dernier nous prouve que l'on peut s'amuser grâce au cinéma, Steve McQueen nous prouve que l'on peut aussi s'interroger et tenter d'avoir un regard extérieure sur ce qui nous entoure. Je vais pas m'amuser à faire un parallèle avec le présent mais ce genre de long métrage reste quand même important je pense. Il y a un devoir de mémoire à avoir si l'on veut éviter les même erreurs je pense et ce scénario reste parfaitement maitrisé pour remplir ce devoir.
Faut dire aussi que si le film réussi à me toucher, c'est aussi parce qu'il est porté par un casting exceptionnel à commencer par un Chiwetel Ejiofor qui 16 ans après "Amistad" (son premier long métrage en tant qu'acteur) retrouve le thème de l'esclavage. Ce dernier est tout simplement excellent en Solomon Northup. Je connais mal cet acteur (si ce n'est pour sa prestation dans "Love actually" que je me mate en boucle) mais il signe sans nul doute là, l'un de ses plus beaux rôles à ma connaissance et au vu des retours presse et spectateurs, sans doute l'un des rôles les plus important de sa carrière. Très convaincant, on à tout de suite de l'empathie pour son personnage ce qui fait qu'on est touché et bouleversé par son sort. Le titre du film spolie encore plus que la bande annonce mais malgré ça, on ressens la douleur de son personnage et j'ai eu mal à ses côtés.
Le casting est aussi composé de second rôles tout aussi important d'une très grande richesse où chacun trouve sa place et joue avec une parfaite justesse. C'est le cas par exemple de Benedict Cumberbatch en Ford que j'aurais aimé voir plus tout comme Paul Dano très bon dans la peau du sadique Tibeats. Je pourrais aussi parler de Brad Pitt en Batts. Bien que son personnage soit un peu "facile" dans la façon dont il amène son discours, l'acteur reste toujours aussi agaçant à force d'être beau gosse et d'être toujours aussi talentueux. Moins connu car elle fait ses premiers pas au cinéma, j'ai bien aimé aussi Lupita Nyong'o très émouvante et poignante en Patsey.
Mais parmi tout ceux qui vont croiser la route de notre héros, le plus terrifiant reste sans nul doute Michael Fassbender en Edwin Epps. Le comédien retrouve Steve McQueen pour son troisième long métrage (il était déjà présent dans "Hunger" et "Shame") et signe une nouvelle fois une performance incroyable. Très juste dans le rôle du salaud de service (tellement salaud qu'il y aurait apparemment une expression encore utilisé en Louisiane qui dirait : "Arrête de faire ton Epps"...), l'acteur à su donner à son personnage une aura diabolique qui nous donne des frissons dans le dos. Il semble être le mal incarné tant il semble prendre du plaisir à maltraité ses esclaves et à les réduire à un simple bien matériel. Michael Fassbender est en tout cas vraiment remarquable dans son rôle très complexe et ne fais jamais aucune fausses notes. A noter que Sarah Paulson dans le rôle de sa femme froide et sans coeur est elle aussi assez bonne dans son registre même si on l'as voit peu.
Côté mise en scène, je suis content de ne plus retrouver chez Steve McQueen les longs plans séquences interminables qui m'avait ennuyé dans son "Hunger" (un mec qui racle un sol ou qui voit une mouche voler c'est sympa, mais s'étaler dessus à chaque fois un quart d'heure c'est pas trop pour moi). Ici, on retrouve quand même une certaine lenteur, une certaine contemplation dans sa mise en scène mais j'ai trouvé qu'elle était mieux amené et qu'elle servait un peu mieux le récit à l'image de cette pendaison interminable les pieds dans la boue qui nous fait partager cette asphyxie où les coups de fouet qui ne cesse de retentir dans nos oreilles au point que l'on se sentirais presque blesser soit même voir meurtri.
Le film aurait quand même pu gagner un peu en dynamisme je pense (les gros plans sur les arbres, c'est pareil un ou deux ça va mais après ça m'as un peu ennuyé même si c'est pour voir un joli coucher de soleil...) mais je suis quand même resté captivé de bout en bout sans jamais avoir eu la sensation de m'ennuyer. J'ai bien trouvé un peu le temps long parfois mais ça n'as jamais été un réel ennui. De même, le montage est plutôt réussi je trouve même si parfois je n'ai pas saisi l'utilité de nous remontrer certaines scènes (j'aurais presque préféré avoir quelques choses de plus linéaire surtout que les ellipses de temps nous perdent jamais en cours de route).
Les décors sont en tout cas très bons ainsi que les différents costumes. Je me suis bien retrouvé plongé dans cette époque loin d'être glorieuse et où la photographie assez chaude offre une contradiction assez intéressante avec ce monde sale et brutale. Quant à la bande originale qui à été signée par Hans Zimmer, je l'ai trouvé très belle et accompagnant bien le récit sans jamais utilisé trop de violons sauf peut être à la fin mais bon, là encore je ne dis rien puisque ça à marché sur moi, j'avoue ne pas avoir réussi à m'empêcher de lâcher ma petite larme, ce long métrage ne me laissant effectivement pas indifférent dans son ensemble.
Pour résumer, je pensais passer un bon moment malgré mes craintes devant "12 years a slave" mais je ne pensais pas que j'aurais autant aimé. Film indispensable à voir, je trouve qu'il traite à merveille de son sujet et reste très intéressant à voir et encore plus à l'heure actuelle. Chacun est libre après de se faire sa propre opinion sur le sujet, de ressentir ce film à sa manière mais quoiqu'il en soit, avec un scénario autant maitrisé et porté par un casting éblouissant, ce long métrage vaut le détour. Quant à la mise en scène, si elle ne m'as pas totalement réconcilié avec Steve McQueen, elle m'as en tout cas permis de lui laisser la porte entrouverte. Un film poignant et très captivant à voir.
12 years a slave
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