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Exposition itinérante: “Une main écrit, deux mains scandent l’espace”

Publié le 06 février 2014 par Lifeproof @CcilLifeproof

En 2011 déjà, le commissaire de l’exposition, Germain Roesz, avait réunis quatre photographes contemporains (Françoise Saur, Patrick Bailly-Maître-Grand, Lin Delpierre et Frantisek Zvardon). Ils s’étaient rassemblés pour nous confier leur point de vue plastique sur la main.

Pour cette nouvelle édition, trois plasticiens illustrent les textes de trois auteurs, poètes et conteurs reconnus. Des duos étonnants et détonants. Christian Voltz illustre Armand le Poête, Sylvie Villaume s’accorde avec Jacques Goorma, tandis qu’Elham Etemadi fait œuvre avec Claudine Bohi. Chacun des auteurs observent et interrogent les mains, la main. La main est-elle réellement un être inanimé ? Est-elle effectivement cet organe muet et aveugle ?

Le duo entre Christian Voltz et Armand le Poête (de son vrai nom Patrick Dubost) est équivalent à un bric-à-brac poétique et artistique. Dans l’univers de Christian Voltz, des bonhommes, des crayons ou des oiseaux se côtoient dans un joli fatras. L’artiste est l’as de la récupération. Ici, boulons, gants de chantiers, ciseaux rouillés et autres objets du quotidien sont utilisés. Son travail artistique suggère le monde de l’enfance, un ailleurs qu’il réinvente sans arrêt. À cela s’ajoutent les mots d’Armand le poète, pleins de ratures et de fautes d’orthographe. En spécialiste des poèmes d’amour et d’une écriture manuscrite relativement enfantine, le poète se permet ratures et autres chamboulements métaphoriques. Ce duo fonctionne, et navigue entre drôlerie et humour tendre.

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Sylvie Villaume, sans titre, 2013. © Sylvie Villaume

Le tandem entre Sylvie Villaume et Jacques Goorma est presque inhabituel, voir atypique. Face à un poète dont l’écriture est plutôt classique et les textes à mi-chemin entre le poème et le conte philosophique, on trouve une artiste plasticienne dont l’univers se construit tour à tour entre dessins, photographies, assemblages, collages et même couzages. Sylvie Villaume, qui a développé une pratique personnelle et multiple, crée également des objets scéniques. Cette transdisciplinarité se ressent dans son travail plastique. Sylvie Villaume met en scène, autant dans ses travaux graphiques que dans ses objets scéniques. Subtilité des détails, et humour percutant sont la marque de fabrique de son univers peuplé d’êtres hybrides et de métaphores. Le duo entre le poète et l’artiste est marqué par la rencontre. Une rencontre entre deux univers diamétralement opposés mais qui finalement, fonctionnent comme une évidence.

Le couple Elham Etemadi et Claudine Bohi marque un point de rencontre entre l’Orient et l’Occident. Deux cultures différentes qui pourtant se rapprochent dans l’intimité des corps, de la chair et des mains. Des dessins proches de la miniature persane illustrent une écriture profonde, intimiste, non éloignée du monde et de sa réalité.

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Image extraite de la vidéo à regarder .

Chacun des créateurs nous montre comment cette main n’est finalement jamais au repos, comment elle impose une forme, un contour, une écriture et un style.

La main sollicite leur esprit, elle est action. Elle est animée. Elle devient un visage sans yeux mais qui voit et qui parle.

Les mains accompagnent et se détachent de leur condition de servantes de l’esprit. Bien plus qu’instruments de la création et organes de la connaissance, elles font “monde”. Les mains de l’artiste, les mains du poète cheminent à travers toutes sortes d’aventures. Elles tentent leur chance, permettent à chacun d’eux de faire ce qu’ils veulent de leurs dix doigts. La main est comme un outil qui ne sommeille jamais, mais qui pense et respire la société. Cette exposition itinérante est le moyen de faire l’éloge de la main, de dévoiler sa magie par l’intermédiaire de la poésie et des arts visuels. Elles sont caresses et narrations mais sont surtout amies, collaboratrices et compagnes expressives de chacun d’entre eux. La main est mise dans tous ses états.

Si je devais résumer cette exposition itinérante, je dirais qu’elle est le symbole d’une rencontre entre un poète et un artiste aux univers extrêmement différents mais témoignage d’une réelle liberté.

Anaïs.

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Informations :

L’exposition est organisée par l’Association pour la recherche et l’enseignement de la main à Strasbourg, le centre de chirurgie orthopédique et de la main des Hôpitaux Universitaires de Strasbourg et le service de l’action culturelle de l’Université.

Exposition visible du 27 janvier au 10 février au Nouvel hôpital civil et du 10 février au 3 mars à l’Hôpital d’Hautepierre.


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