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“Outremonde” de Don DeLillo

Par Jlhuss

delillo.1210437251.jpgGrinçant, déstructuré, parfois insupportable, mais envoûtant, c’était un peu mon sentiment à la fin de la lecture de “L’homme qui tombe” de Don DeLillo.

Le “trouble” était tel qu’il me fallait voir plus “avant”, lire d’autres oeuvres de ce “fou” d’italo-américain-du-Bronx. La collection Babel, chez Acte Sud, offre ses oeuvres presque complètes. J’ai commencé par “Outremonde”. L’effort des premiers pas est récompensé. Vous êtes entré dans son monde, dans sa forme d’image-écriture … Vous l’avez rejoint !

home-run.1210437562.jpegAvec lui vous courez après cette balle de base ball, fil rouge de l’immense fresque de l’histoire américaine d’après guerre, elle est dans votre poche, sur une étagère chez vous, vous là palpez, vous suivez son parcours et le ”home run”.

Elle est avec vous dans ces périodes troubles des missiles de Cuba, dans les essais atomiques secrets du désert américain -partie “blanche” de la carte ou on habille les porcs en militaires pour tester les unformes. Avec elle, vous entrez dans les salons des plus grands hôtels, accompagnant des “princes” et des stars. Elle roule à terre avec Kennedy, elle côtoie le FBI et Hoover dans un bal masqué. Mais aussi plus simplement, la femme, l’amie, l’ami, le père perdu, la mère retrouvée, l’enfant avorté, la bonne soeur et le prof de latin dans le Bronx !

Elle rebondit sans cesse, vous êtes ballotés, chahutés et passés de mains en mains avec elle.

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Vous êtes au dessus du Viet Nam, à bord d’un B52 et vous larguez les bombes, vous êtes dans les galleries “post-moderm” branchouilles au milieu des camés moyens, vous êtes dans le Bronx au milieu des “bandes”, dans les caves avec les camés “durs”, vous tirez avec le pistolet “déchargé” mais chargé. Dans la “rue des enfants”, vous jouez à la marelle, vous courrez sur les toit des grattes-ciel, vous êtes le tueur en série de l’autoroute, le patron du FBI dans un bal masqué, mais aussi l’amoureux de l’Europe, du midi de la France, de l’Italie …

Une ambiance … vivante, terrible, incertaine, mélangée, celle d’un demi siècle américain dans la “guerre froide” … vous y êtes, tout en revenant sans cesse au Bronx, matrice originelle, parfumée, bruyante, dure et tendre.

DeLillo est “jaloux”, il ne vous permettra pas l’échapatoire d’un autre ouvrage, d’une autre histoire pour “assouplir” -ne serait-ce qu’une minute- l’espace. Il veut vous tenir tout entier, rien qu’à lui. Si vous lui êtes infidèle, il vous lâche … Vous avez perdu “l’ambiance”.

“C’est ainsi que je suis tombé sur la balle de baseball, en réorganisant des livres sur les rayonnages. Je la regarde et je la presse fort et je la remets sur l’étagère, coincée entre un livre incliné et un livre droit, bel objet coûteux que je garde à demi caché, peut-être parce que j’ai tendance à oublier pourquoi je l’ai acheté … Un bel objet taché de vert près de la maque Spalding et patiné par près d’un demi-siècle de terre et de sueur et de transformation chimique, et je la remets et je l’oublie jusqu’à la prochaine fois …

” Et de quoi se rappelle-t-on, finalement, quand tout le monde est rentré chez soi et que les rues sont vides de dévotion et d’espoir, balayées par le vent du fleuve ? ” …

Vous ne vous rappellerez de rien en particulier, de tout à la fois. Vous serez possesseur d’une nouvelle musique. Par la lecture des “signes” vous avez rejoint l’image.

Je suis pris ! Je continue ! Si vous craignez la “dépendance”, ne lisez pas DeLillo.


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