Magazine Société

Pourquoi nous n'arrivons pas à comprendre la longue stagnation qui s'annonce?

Publié le 09 février 2014 par Rcoutouly

save-the-world.jpg

Le 8 novembre 2013, l'ancien candidat à la présidence de la FED, Lawrence Summers a tenu un discours particulièrement pessimiste à la quatorzième conférence Jacques Polak du FMI. Depuis les milieux économiques et  les médias se sont emparés de ces propos et, particulièrement, de l'usage de l'expression "stagnation séculaire". Ce terme a été inventé par le keynésien Alvin Hansen, à la fin des années 30, lorsque les économistes pensaient que la Grande dépression allait durer très longtemps.

Les économistes continuent de se tromper et de se leurrer joyeusement. Inventant, au fur et à mesure de leurs erreurs, de nouvelles grilles d'analyse. Après "la reprise dans deux ans" des années 2009-2011, nous avons eu droit à la "grande récession" des années 2012-2013. Et maintenant voilà venu le temps de la "stagnation séculaire". L'économie est une science merveilleuse: à chaque fausse analyse, qui aurait dû discréditer la confrérie, celle-ci imagine une nouvelle idée qui fait courir les crédules que sont nos politiques et nos journalistes.

Les explications données à cette "stagnation du siècle" sont merveilleusement poétiques: Larry Summers explique qu'il faudrait investir davantage et que les gains de productivité ne sont pas au rendez-vous. Pour Paul Krugman, c'est "la trappe à liquidité" le coupable: les taux d'intérêt étant très bas, les agents économiques préfèrent spéculer que d'alimenter l'économie réelle. Robert J. Gordon explique que la croissance de la productivité espérée grâce aux nouvelles technologies de l'information et de la communication n'est pas au rendez-vous: Twitter emploie quelques centaines de personnes quand l'automobile en embauchait des centaines de milliers.

Vous avez remarqué? Les économistes, désemparés face à un phénomène qu'ils ne comprennent pas,  ne peuvent parler que d'une seule chose: des activités productives et de la circulation de l'argent. Ils ne peuvent imaginer d'autres explications, ils ne savent pas comment faire pour inventer d'autres théories que celles qui tournent autour des gains de productivité, des taux d'intérêt, de l'épargne et de l'ensemble de leurs propres concepts. Comme si le monde des hommes se suffisait à lui-même, ne s'inscrivait pas dans des territoires, ne dépendait pas de ressources naturelles limitées, n'était pas soumis aux aléas climatiques.

Cela s'explique sans doute: quand on habite et travaille dans des centres-villes complètement artificielles, quand notre niveau de vie nous affranchit depuis notre petite enfance de la faim, du froid et de la chaleur, quand le frigo a toujours été plein, que l'eau coule au robinet depuis notre naissance, quand des avions nous mènent en vacances dans des paradis factices. Pour toutes ces raisons, les faiseurs d'opinions, qui vivent de cette façon, ne peuvent imaginer d'autres explications à notre crise économique.

Ils ne peuvent comprendre le processus en cours actuellement. C'est tout simplement parce que les hommes ont atteint les limites des ressources planétaires que la stagnation séculaire est là (1). La seule réponse possible est l'investissement massif dans les activités durables et les transitions écologiques par une inflexion des politiques publiques et fiscales.

(1)Dès l'été 2010, l'auteur de ce blog décrivait et expliquait ce phénomène.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Rcoutouly 553 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine