Magazine Séries

Critique Ciné : Ida, esthétique meurtrissante

Publié le 13 février 2014 par Delromainzika @cabreakingnews

459766.jpg

Ida // De Pawel Pawlikowski. Avec Agata Kulesza et Agata Trzebuchowska.

Film polonais en 4/3 et en noir et blanc, Ida s’impose comme un OVNI. De plus, la critique est unanime et UGC a posé son label UGC M sur le film. Bénéficiant de ce soutien, j’étais plutôt confiant en allant voir Ida et puis j’en suis sorti… déçu. Le problème du film c’est qu’au travers de son propos intéressant se cache aussi la volonté du réalisateur de plomber l’ambiance de plans longs et ennuyeux, de scènes vidées de substance émotionnelle. L’histoire a beau être triste, le moment qui m’a le plus ému est certainement celui où Ida découvre les plaisirs charnels (alors que c’est une bonne soeur en devenir). Ida s’apparente donc plus à une sorte d’exercice de style qui est là pour séduire un public restreint. J’avais terriblement envie d’être séduit, surtout quand on voit les critiques en parler en des termes élogieux (et quels termes) sans demi-mesure mais force est de constaté que pour le coup ce n’était pas pour moi. Le film fait état de plusieurs choses que cela soit la Pologne des années 60, l’après guerre et ses conséquences (Wanda la Rouge), la persécution des juifs durant la guerre, etc.
Dans la Pologne des années 60, avant de prononcer ses voeux, Anna, jeune orpheline élevée au couvent, part à la rencontre de sa tante, seul membre de sa famille encore en vie. Elle découvre alors un sombre secret de famille datant de l'occupation nazie.
Au fond, avec tous ces sujets Ida aurait pu réellement me toucher et m’engager. Sauf que voilà, le film veut trop jouer sur son esthétique travaillée (et sur laquelle je n’ai rien à dire) alors on s’ennui terriblement. Certes le fait que Pawel Pawlikowski utilise les silences pour marquer plus ou moins le côté pieux (et notamment du point de vue de la nonne) de son histoire, je me suis demandé durant tout le film où celui-ci voulait réellement m’emmener. J’ai même été déçu de la fin même si elle colle parfaitement à ce que la tante d’Anna lui avait demandé de faire : découvrir le sexe afin de savoir ce que c’est que de sacrifier sa vie pour la religion. L’intérêt du récit est donc plus que discutable, surtout que rien n’est vraiment creusé. Notamment l’état des lieux d’une Pologne encore rongée par la guerre dans les années 60 ou encore la manière dont les juifs furent persécuté durant l’occupation nazi. Ida est donc plus ou moins un film académique, gavé de techniques mais au scénario bancal.
En faisant quelques recherches sur le film, j’ai découvert que Pawel Pawlikowski avait réécrit le scénario durant tout le tournage de celui-ci. Preuve que ce que j’ai ressenti n’était pas qu’une impression. Le scénario part dans tous les sens mais jamais dans celui qui aurait pu le conduire à me séduire. La réalisation est quant à elle très soignée et veut surprendre. Entre le cadrage (oubliant parfois de mettre ses personnages dans le cadre), le noir et blanc très lumineux et très beau, l’utilisation du format 4/3 plutôt que du 16/9e, etc. Il y a tout un tas de procédés qui raviront les étudiants en cinéma. C’est pour ces gens que ce film a été fait je pense, pas pour moi. Ce film qui se veut d’auteur séduira aussi les gens en quête de stylisme cinématographique au scénario plus ou moins vide tissé à merveille pour glaner quelques récompenses dans tous les festivals européens possibles et imaginables.
Note : 3/10. En bref, angoissant de voir qu’un film aussi formaté et académique puisse passer pour un chef d’oeuvre alors que malgré une très belle esthétique, le tout est assez vide puisque Ida passe à côté de toutes les opportunités qui lui sont données scénaristiquement parlant.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Delromainzika 18158 partages Voir son profil
Voir son blog

Magazines