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Le pacte de responsabilité ou le pari du « reculer pour mieux sauter »

Publié le 17 février 2014 par Delits

1-   La gauche de la gauche renvoyée dans les cordes

Il est bien loin le temps où le candidat Hollande charmait les sympathisants de gauche en se positionnant en ennemi n°1 des riches et du système financier. Echec du pari de l’inversion de la courbe du chômage oblige, le chef de l’Etat assume désormais le tournant social-démocrate de sa politique, un tournant que les Français ont clairement perçu. Entre novembre et janvier, selon BVA,  la part des Français le jugeant trop à gauche est passée de 32% à 24% tandis que celle des Français trouvant son positionnement pas assez à gauche est passée de 24% à 34%. François Hollande semble même jouer avec la frontière de sa légitimité socialiste : 47% des sympathisants de gauche le trouvaient ni trop, ni pas assez à gauche tandis que 49% ne le trouvaient pas assez à gauche, 3% seulement jugeant qu’il était trop à gauche.

Affront ultime pour les sympathisants les plus à gauche de la gauche, le Président a pactisé avec le Medef en lui accordant une importante baisse des charges en échange d’emplois. De fait, en l’espace de deux mois, François Hollande a perdu 15 points (de 76% en décembre à 61% en février) de popularité auprès des sympathisants de gauche dans le baromètre politique BVA-Orange pour l’Express, la Presse Régionale et France Inter. Parmi eux, les socialistes sont certes plus sévères (-12 points) mais les plus déçus du nouveau Hollande sont les sympathisants de la gauche de la gauche (LO, NPA, Parti de Gauche et Parti communiste). 59% d’entre eux avaient une bonne opinion de François Hollande en décembre, ils ne sont plus que 35% en février. Cette défiance, combinée à celle des sympathisants de droite bien trop échaudés pour que ce tournant suffise, place le locataire de l’Elysée dans une situation bien inconfortable : 27% des Français ont une bonne opinion de lui en tant que Président de la République, un score supérieur d’un petit point au record historique du baromètre BVA (né en 1981) qu’il avait atteint en octobre dernier.

2-   Un pacte néanmoins approuvé en lequel les Français croient relativement

Selon un sondage CSA pour Les Echos, 69% des Français considèrent que le pacte de responsabilité est une bonne solution pour lutter contre le chômage. Atout majeur, les sympathisants de gauche comme ceux de droite s’accordent sur le bien-fondé de ce pacte. Sur une question plus engageante encore posée par BVA, près de la moitié des Français (46%) estiment que ce pacte aura un impact positif sur l’emploi. Si les Français, qu’ils soient de gauche ou de droite, sont donc favorables au principe du pacte et estiment qu’il sera relativement efficace, il reste un élément politiquement clivant que François Hollande devra trancher : les contreparties. Le Medef, par la voix de Pierre Gattaz, souffle le chaud et le froid sur la question au point de consentir à des « engagements chiffrés qui seraient des objectifs à partager sur la base d’estimations », une formule synonyme de contreparties sans véritable promesse. Selon un récent sondage BVA pour CQFD sur Itélé, 38% des Français réclament un engagement de la part des entreprises. Le danger, pour François Hollande, vient de sa base. La part de ceux qui souhaitent des engagements est en effet nettement supérieure chez les sympathisants de gauche : 70%. Que faire dans une telle situation : poursuivre clairement le virage social-démocrate en faisant confiance aux entreprises au risque de ne pas être suivi par sa base ou bien offrir des gages aux sympathisants de gauche en exigeant des contreparties quitte à rompre le dialogue établi avec le Medef ? Dans les deux cas, le chef de l’Etat décevra une partie des Français.

3-   A quitte ou double pour 2017

François Hollande le sait, la courbe de sa popularité est  indexée sur celle du chômage. Avec le pacte de responsabilité et son tournant social-démocrate, il a finalement choisi de « l’exponentialiser »,  sous la forme d’un jeu à quitte ou double. Conséquence ou non de sa politique, seul le résultat comptera. S’il est positif, il pourra s’appuyer sur sa méthode pour l’emporter en 2017 et aura, en plus, coupé l’herbe sous le pied de la droite qui ne pourra plus l’accuser de sectarisme ou d’immobilisme. S’il est négatif, nul doute que les Français lui en tiendraient rigueur au moment de déposer le bulletin dans l’urne 2017.


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