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17 février 1673. Molière ne meurt pas sur scène. Mais dans son lit, étouffé par son sang.

Publié le 17 février 2014 par Fredlafortune

C’est dans son lit, quelques heures après une représentation du “Malade imaginaire”, que le comédien succombe à une hémorragie.

17 février 1673. Molière ne meurt pas sur scène. Mais dans son lit, étouffé par son sang. ET Depuis treize ans, Molière occupe le théâtre du Palais-Cardinal qu’il partage avec la troupe italienne de Scaramouche. La troupe du roi joue les jours extraordinaires, c’est-à-dire mardi, vendredi et dimanche. Une cohabitation pacifique qui dure jusqu’à la quatrième et ultime représentation du Malade imaginaire, le vendredi 17 février 1673. Contrairement à la légende, Molière ne meurt pas en scène. Malgré sa douleur, il parvient à achever la pièce avant de courir mourir dans son lit.

Durant toute la matinée, il se sent horriblement mal. Miné depuis des années par un mal à la poitrine, probablement la tuberculose, son organisme est en train de le lâcher. Alarmée par l’état de son époux, Armande Béjart insiste pour qu’il annule la représentation, mais pas question. Si Galabru monte encore sur scène à 90 ans, ce n’est pas lui qui battra retraite avec 39 ans de moins. Il lui répond à son épouse : “Comment voulez-vous que je fasse ? Il y a cinquante pauvres ouvriers qui n’ont que leur journée pour vivre. Que feront-ils si l’on ne joue pas ? Je me reprocherais d’avoir négligé de leur donner du pain un seul jour, le pouvant faire absolument.” Carlos Ghosn qui passe par là, fait semblant de rien entendre… Les trois coups retentissent donc comme prévu à 4 heures de l’après-midi.

Durant toute la pièce, Molière donne le change, mais sitôt sa dernière réplique envoyée, il s’effondre. Il réclame sa robe de chambre, puis se réfugie dans sa loge. Baron, un comédien, appelle une chaise à porteurs pour le ramener chez lui, au 40, rue de Richelieu. Il refuse le bouillon qu’on veut lui servir, assis dans son lit. À la place, il réclame un morceau de parmesan qu’il grignote entre deux quintes de toux. S’il faut croire Armande, il aurait alors fait chercher un prêtre pour mourir chrétiennement, mais le seul qui accepte finalement de venir se présente trop tard. En revanche,Alain Delon passe juste à temps pour lui jeter une parole d’encouragement : “L’immense Delon veut mourir en scène, lui aussi !”.

Rideau

Soudain une quinte de toux se fait plus violente que les autres. Un jet de sang arrose le lit. Comprenant qu’il va bientôt quitter la scène terrestre, Molière demande au comédien Baron d’aller chercher son Armande. Celui-ci y court, laissant le comédien avec deux religieuses et un gentilhomme du nom de Couton. Vers 22 heures, l’hémorragie s’accentue. Le malade ne parvient plus à respirer. Il étouffe. Il meurt. Quand Baron et Armande surgissent enfin, ils ne découvrent plus qu’un corps ayant fait définitivement relâche. Le comédien La Grange note dans le registre de la troupe : “Ce même jour après la comédie, sur les 10 heures du soir, M. de Molière mourut dans sa maison, rue de Richelieu, ayant joué le rôle duMalade imaginaire fort incommodé d’un rhume et fluxion sur la poitrine qui lui causait une grande toux, de sorte que, dans les grands efforts qu’il fit pour cracher, il se rompit une veine dans le corps et ne vécut pas demi-heure ou trois quarts d’heure depuis ladite veine rompue. Son corps est enterré à la paroisse Saint-Joseph, aide de la paroisse Saint-Eustache…” Le rideau tombe définitivement sur Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière. Franck Ferrand s’empresse de clamer sur Europe1 que Molière n’a jamais écrit ses pièces, mais qu’il les achetait en douce à Corneille. Révisionniste !

Source: Lepoint.fr


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