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[Critique] BLADE : TRINITY

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique] BLADE : TRINITY

Titre original : Blade : Trinity

Note:

★
½
☆
☆
☆

Origine : États-Unis
Réalisateur : David S. Goyer
Distribution : Wesley Snipes, Kris Kristofferson, Jessica Biel, Ryan Reynolds, Dominic Purcell, Parker Posey, Patton Oswalt, Paul Levesque, Patton Oswalt…
Genre : Action/Fantastique/Horreur/Suite/Saga/Adaptation
Date de sortie : 8 décembre 2004

Le Pitch :
Las de son combat interminable avec Blade, le chasseur hybride de vampires, un clan de buveurs de sang menés par Danica Talos décide de mettre fin à leur guerre secrète contre le Daywalker avec une arme dévastatrice : Dracula, ou « Drake », le premier des vampires, récemment déterré au Moyen Orient. En même temps, Blade lui-même est victime d’un coup monté, accusé de meurtre et devenu l’ennemi public n°1 des États-Unis. Pourchassé par la police, qui devient de plus en plus consciente du vampirisme, il se joint à une équipe d’humains devenus tueurs professionnels de vampires, les Nightstalkers. Parmi eux, Hannibal King, qui a renoncé à sa vie de créature nocturne, et Abigail, la fille de son vieux mentor Abraham Whistler. Ensemble, ils comptent l’utiliser dans leur combat contre Drake et trouver une solution finale qui pourrait éradiquer la race vampirique une fois pour toutes…

La Critique :
Quoi que l’on puisse penser de Wesley Snipes, il est juste triste de le voir rester les bras ballants à faire la gueule tandis qu’on lui arrache de force sa propre série d’action pendant ce qui devrait être son grand final : l’incompétent, et souvent ridiculement affreux, Blade : Trinity.
Librement inspirés des aventures obscures du chasseur de vampires sans peur de Marvel Comics, les deux premiers (bons) volets de la saga Blade étaient un bref remède salutaire à tous ces mélodrames pompeux et tristounets sur les buveurs de sang d’Anne Rice, du moins jusqu’à la rechute du genre après l’arrivée du phénomène Twilight.

Franchement, n’y a-t-il rien de plus jouissif que de voir une bande d’euro-décadents moroses et dégénérés se faire poutrer la tronche par le kung-fu d’un mec qui ressemble à un réfugié du cinéma blaxploitation et de son acolyte, le redneck bourré au whisky que Kris Kristofferson prend un plaisir fou à jouer ? Et dans la lignée de films comic-book spectaculaires, comment ne pas mentionner la fantasmagorie enfiévrée du Blade II de Guillermo Del Toro, un vomitoire d’euphorie fantastique réalisé par un visionnaire givré qui avait compris que les racines du personnage se trouvaient dans le cinéma d’exploitation ?

David S. Goyer, le scénariste de la série, passe son poste de scribe dans d’autres mains afin de piquer la chaise du réalisateur pour Blade : Trinity, prouvant immédiatement que non seulement il ne peut pas photographier une séquence d’action cohérente même si sa vie en dépendait, mais aussi qu’il n’a pas la moindre idée de ce qui avait attiré les spectateurs à la licence. Après les acrobaties scénaristiques surhumaines des deux films précédents à souligner l’importance du personnage de Whistler dans la saga, Kristofferson passe à la trappe dans les cinq premières minutes, et le Blade badass de Snipes est obligé de passer le reste du film à jouer les seconds couteaux pour un groupe d’idoles Warner Bros. et de vanneurs adolescents s’appelant les Nightstalkers.

Menés par un Ryan Reynolds bizarrement baraqué (prenant les premiers pas de sa carrière toxique dans les films de super-héros et hurlant ses répliques d’une telle manière que Jason Lee devrait lui coller un procès pour usurpation d’identité) et le talent redoutable du nombril de Jessica Biel (c’est la seule chose dans le film qui passe plus de temps à l’écran que son Ipod – merci, le placement de produit), ce gang détestable de rejetons Scooby-Doo a besoin que Blade l’aide dans son combat contre la nation des vampires, qui vient de ressusciter Dracula.

Oh pardon, « Drake », c’est comme ça qu’il préfère s’appeler. Déterré quelque-part en Syrie (ou peut-être c’était en Iraq, vu que Goyer pense apparemment que c’est le même pays) sous la peau d’un Dominic Purcell pas-encore-à-l’abri-dans-Prison-Break, le vampire original est ramené à la vie par l’ancienne reine du cinéma indépendant Parker Posey, qui gère son rôle « impossible de parler à travers un dentier horrible qu’on lui a collé dans la bouche » en sur-articulant chaque dernière phrase de son texte entre des guillemets ironiques. Peut-être qu’elle essaye de surpasser son rôle dans Scream 3, si on veut parler de suites et de navets qui ont tué une franchise.

Procession de scènes de bastons incompréhensibles mises en scènes dans les mêmes bureaux et entrepôts, Blade : Trinity n’essaye même pas de rester logique. Beaucoup de personnages débarquent dans des endroits secrets dont ils n’ont aucune raison d’en connaitre l’existence, et puis tuent tout le monde. Pendant ce temps, le pauvre Snipes passe la plupart du film à rester inexpressif, foudroyant du regard cette escouade de télé-morveux qui lui a détourné son film pour le transformer en ersatz de Buffy Contre Les Vampires, sans l’impact métaphorique. Quelques points tardifs doivent quand même être attribués pour un interrogatoire où Reynolds traite Posey et le catcheur Triple H de tous les noms, mais dans l’ensemble, le film de Goyer est débile et informe, balançant ses précédentes allusions au classicisme racial aux orties pour patauger dans du sexisme désagréable et un humour cool-ma-poule (Un Dracula bling-bling ? Un vampire qui fait un doigt d’honneur au soleil ? Trop swag !)

Une production notoirement troublée qui vit Wesley Snipes disparaître des écrans pendant des années, ne revenant de son purgatoire direct-to-DVD qu’en 2009 avec L’Elite de Brooklyn. L’histoire la plus intéressante dans Blade : Trinity est celle qui s’est déroulée dans les coulisses, et qui déborde sur le bordel illogique écrit par Goyer. Le dédain de Snipes pour le projet est évident lorsque des scènes dans lesquelles il joue, censées être profondément émotionnelles, tombent complètement à plat, et son cascadeur vient le remplacer pour les scènes d’action : les rumeurs persistent que l’acteur préférait s’enfermer dans sa remorque pour fumer de la drogue, et Blade troisième du nom a tout d’un film qu’on a essayé de tourner sans sa star (notez la présence de Snipes lui-même est uniquement réservée aux gros plans et aux échanges de dialogues). Goyer meuble son métrage avec des scènes inutiles censées élargir l’univers de la trilogie qu’il n’a pas pu utiliser dans le passé, et l’espoir de pondre un spin-off est tel que Blade : Trinity dispose de trois fins existantes, toutes plus pourries les unes que les autres.

Il est facile d’oublier qu’avant que les studios Marvel ne donnent le coup d’envoi à la manie des super-héros qui domine le paysage du cinéma mainstream d’aujourd’hui, leur premier tir était Blade, dont le succès modeste annonça l’arrivée de la série X-Men et le triomphe de la saga Spider-Man. Mais les fins sont importantes, et parfois rien n’est plus toxique que le chapitre final maudit d’une trilogie louée. Allant de la déception de Spider-Man 3, mutilé impitoyablement par ses producteurs, au sabotage d’X-Men : L’Affrontement Final par le titan de la médiocrité Brett Ratner, il y a peu de choses plus déprimantes qu’une bonne histoire qui s’achève mal. Fidèle à ses semblables, Blade : Trinity continue la tradition, se terminant non pas avec une victoire, mais sur un gémissement.

@ Daniel Rawnsley

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Crédits photos : Metropolitan FilmExport

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