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Interview de Jacques Vandroux, auteur autoédité de best-sellers sur Amazon

Publié le 19 février 2014 par Thibaultdelavaud @t_delavaud

Jacques Vandroux est un des auteurs autoédités français les plus connus. Et pour cause, ses livres (dont Les Pierres Couchées) ont été des best-sellers et son parcours est un modèle pour beaucoup d’auteurs. Mais derrière le nom de Jacques Vandroux se cache en réalité un couple : l’auteur et sa femme Jacqueline. À eux deux, ils réalisent un travail considérable pour la promotion de leurs livres et l’animation de leur site Internet (cliquez ici pour le découvrir). C’est avec beaucoup de plaisir que je les accueille aujourd’hui et je les remercie d’avoir accepté de répondre à mes questions.

Votre parcours est une vraie success-story. Vous la relatez et donnez de précieux conseils dans votre blog. Mais le parcours dans l’autoédition est long et difficile. Que diriez-vous à un écrivain pour le convaincre de s’autoéditer ?

Merci Thibault pour cette mise en avant de notre parcours. Tout d’abord, nous devons reconnaitre que nous avons eu beaucoup de chance dans cette aventure. Jamais nous n’avions imaginé une telle réussite le jour où nous avons cliqué pour la première fois sur « publier » en mettant notre livre sur Amazon.

Alors que dire à cet auteur ? Tout d’abord que l’auto-édition est un excellent moyen pour réaliser son rêve : proposer son œuvre à des lecteurs autre que ses proches. L’autoédition présente de nombreux avantages. Le premier, et le plus important, est qu’elle ne comporte pas de risque financier puisqu’on peut tout faire soi-même gratuitement. Le second avantage important est la rapidité de mise en place. Au prix de quelques efforts pour la correction, la mise en page et la couverture, vous vous retrouverez tout de suite en face de vos lecteurs… et de leur jugement intransigeant. Un autre aspect fondamental de l’autoédition, c’est que vous restez seul maître à bord. C’est vous qui décidez de tout, en passant du contenu à la couverture, au prix, à la promotion… et tout ça, en gardant tous vos droits sur vos ouvrages. Mais bien sûr, toutes ces libertés impliquent qu’il faut tout faire soi-même, notamment gagner en visibilité auprès du public, ce qui reste peut-être le plus difficile. Le succès littéraire n’est pas forcément au bout, mais la satisfaction de voir son livre offert à tous est là.

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Votre livre Grimpez vers le Top 100 est un guide à destination des autoédités pour les aider dans leur parcours et la promotion de leur livre. Quelle est l’étape la plus difficile à réaliser ? La plus importante ?

Nous avons chacun une étape majeure à réaliser. Pour Jacques, c’est évidemment celle de créer et de coucher sur le papier une histoire qui lui plaise et qui plaira aux lecteurs. Et il doit éviter les incohérences (surtout sur les longs romans dont il est coutumier) et veiller à réussir la fin de l’histoire,  tout en se renouvelant par rapport à ses écrits précédents. Un premier gros challenge.

Pour Jacques-Line, c’est de relire, corriger, relire et corriger encore, faire relire, faire corriger… une tâche ardue qui peut prendre presque autant de temps que l’écriture elle-même. En débutant, nous avions négligé cette étape importante. Nous ne faisons plus cette erreur dorénavant.

« Un autre aspect fondamental de l’autoédition, c’est que vous restez seul maître à bord »

Combien de temps consacrez-vous par jour à la promotion de vos ouvrages ? À l’animation de votre blog ?

Pendant la première année de cette aventure éditoriale, Jacques-Line a passé beaucoup de temps à s’informer sur le net, à animer le blog qu’elle a lancé, puis à s’intéresser de plus près à Facebook, et enfin à rédiger Grimpez vers le top 100. Depuis, elle a lâché du lest. L’écriture d’articles pour le blog lui prend environ une heure par semaine. À part cela, elle passe un peu de temps sur Facebook, mais plus pour s’informer (et perdre du temps) qu’autre chose. Le temps dévolu à la promotion est finalement très réduit.

J’ai le sentiment que l’autoédition est mal vue en France et souffre d’une mauvaise réputation. Comment y remédier selon vous ?

La seule façon d’y remédier est de proposer des ouvrages de qualité. D’une part avec un contenu qui tient la route, sans fautes d’orthographe, sans incohérences, et d’autre part avec un formatage de fichier correct.

Compte tenu de votre succès et de votre notoriété, enverrez-vous un jour un manuscrit à une maison d’édition ?

On peut peut-être parler de succès vu le nombre de livres vendus. Pour ce qui est de la notoriété, il n’est pas très sûr que, sorti du Kindle d’Amazon, le nom de Jacques Vandroux soit très connu, sauf sans doute pour les amateurs de football, mais dans ce cas-là, cela s’écrit « Vendroux ».

Il est vrai que le succès sur Kindle donne envie de tenter l’aventure à plus grande échelle avec une version papier du livre. Il est donc possible que nous franchissions un jour ce pas. Mais nous n’avons aucune idée de l’accueil que recevront nos manuscrits dans des maisons d’édition.

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Vous travaillez actuellement à la traduction de vos ouvrages pour aller conquérir de nouveaux lectorats. Au-delà des aspects techniques (traduction, cadre juridique, etc.) et financiers, comment préparez-vous votre arrivée sur le marché anglophone ?

Nous avons testé le processus de traduction avec le livre le plus court de Jacques, Décollage imminent. Cela nous a permis de mettre le doigt sur les difficultés qui peuvent se présenter au cours des étapes successives de ce processus, et c’est ce qui donne lieu à une série d’articles que Jacques-Line a débuté sur son blog. Cela nous a aussi mis face à la réalité. Nous ne pourrons pas nous lancer dans cette aventure sans soutien extérieur : nous n’avons ni le temps, ni l’énergie, ni le professionnalisme, ni le réseau nécessaire pour que cela fonctionne.

Et sinon, un autre roman est en préparation ?

Effectivement, Jacques travaille sur un nouveau roman qui, si tout se passe bien, devrait voir le jour d’ici la fin de l’année. Il avance par à-coups en fonction de ses disponibilités pour écrire et de son inspiration, et s’apprête à se lancer dans l’écriture du dernier quart (ou tiers… jamais facile de savoir précisément avec lui !) de l’histoire. Un thriller qui se passera principalement entre Paris et l’Alsace.

Quels sont vos livres préférés ? Ceux qui vous ont inspiré ?

Jacques a toujours eu beaucoup de tendresse pour La gloire de mon père de Marcel Pagnol. Un livre qu’il lit et relit régulièrement. Ce n’est pourtant pas cette histoire qui l’a inspiré pour ses livres, mais plutôt les romans bien plus noirs de J.C.Grangé ou la série Millenium. Un coup de cœur aussi pour L’ombre du vent, de Carlos Ruiz Zafon.

Quant à J-Line, elle aime beaucoup Marcel Aymé, dont une des nouvelles a d’ailleurs servi de point de départ à Multiplication, ainsi que l’incontournable Clochemerle de Gabriel Chevallier.

« Jacques travaille sur un nouveau roman qui devrait voir le jour d’ici la fin de l’année »

Quelle est votre devise à chacun ?

Dans le cadre de nos activités littéraires, c’est tout simplement de nous faire plaisir, de découvrir un nouveau monde, de réaliser de nouvelles expériences, de nous réjouir de nos réussites et de tirer les leçons de nos échecs.

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Les Vandroux

Un dernier mot pour conclure ?

Déjà un mot de remerciement pour nous avoir accueilli sur ton blog.

Ensuite, une considération plus générale sur les grands succès de l’auto-édition. On lit fréquemment qu’aux États-Unis, des auteurs s’enrichissent considérablement en s’auto-publiant et en rencontrant un succès incroyable. Il faut d’abord être conscient qu’ils ne représentent qu’une minorité de ceux qui se sont lancés dans l’aventure. On peut constater aussi qu’en France, de tels résultats seront plus difficiles :

  • D’une part parce que la part du numérique reste beaucoup plus faible qu’aux Etats-Unis. La plupart des éditeurs continuant à proposer des ebooks à des prix supérieurs aux livres de poche, le grand public ne s’est pas encore rué dans les e-librairies.
  • D’autre part, tout simplement parce que, d’un point de vue administratif, un auteur indépendant n’est pas considéré comme un auteur et qu’il ne peut pas cotiser à l’AGESSA. Il doit donc trouver le moyen de rester dans la légalité et de payer ses charges sociales. L’auto-entreprise est un moyen simple. Mais les évènements récents montrent que la pérennité d’un tel dispositif est loin d’être assurée. De plus, le chiffre d’affaires d’un tel dispositif est plafonné à 32600 euros (à ce jour), soit pour un indépendant, un maximum de 11700 livres vendus à 3,99 euros. De très belles ventes certes, mais qui restent très loin du top 50 des meilleures ventes françaises. Et que faire au-delà ? À part trouver un éditeur… ou se lancer dans le difficile métier de chef d’entreprise ! Mais nous n’en sommes pas là !

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