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Critique Ciné : Le Crocodile du Botswanga, renaissance comique

Publié le 22 février 2014 par Delromainzika @cabreakingnews

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Le Crocodile du Botswanga // De Fabrice Eboué et Lionel Steketee. Avec Thomas Ngijol, Fabrice Eboué et Claudia Tagbo.


Le Crocodile du Botswanga est certainement la plus belle surprise que la comédie française ait pu nous offrir depuis un bon bout de temps. Ce début d’année nous avait déjà offert le très bon Jacky au Royaume des Filles le mois dernier mais ce mois-ci c’est Le Crocodile du Botswanga qui remporte les suffrages. C’est de la vraie comédie où l’on rit du début à la fin et où les clichés de la dictature sont subtilement exploités. En effet, que cela soit des références à Hitler ou encore aux « présidents » des pays africains. La manière dont l’histoire est racontée est originale puisque l’on ne choisit pas de nous faire le portrait d’un dictateur mais plutôt de brosser quelque chose autour de lui et de la manière dont il est perçu. Fabrice Eboué s’est imposé avec Case Départ comme une figure à suivre de la comédie française. Il confirme et affirme même son statut avec le très bon Le Crocodile du Botswanga. L’humour est piquant, efficace et ciselé. Il n’y a pas de temps morts dans une comédie qui ne cherche pas à se prendre la tête avec des principes quelconque. Vous serez d’ailleurs heureux d’apprendre que Blanche Gardin (Hélène dans la comédie de Canal + Workingirls a collaboré au scénario).
Leslie Konda, jeune footballeur français talentueux, repéré à son adolescence par Didier, un agent de faible envergure qui a su le prendre sous sa coupe, vient de signer son premier contrat d’attaquant dans un grand club espagnol. Dans le même temps, sa notoriété grandissante et ses origines du Botswanga, petit état pauvre d’Afrique centrale, lui valent une invitation par le Président de la République en personne : Bobo Babimbi, un passionné de football, fraîchement installé au pouvoir après un coup d’état militaire. Leslie se rend donc pour la première fois dans le pays de ses ancêtres accompagné par Didier pour être décoré par le Président Bobo qui s’avère rapidement, malgré ses grands discours humanistes, être un dictateur mégalomane et paranoïaque sous l’influence néfaste de son épouse. À peine ont-ils débarqué que Bobo conclut un deal crapuleux avec Didier : faire pression sur son joueur afin que celui-ci joue pour l’équipe nationale : les Crocodiles du Botswanga…
L’histoire a beau partir de quelque chose d’assez simple, elle est beaucoup plus complexe qu’il n’y parait. En effet, derrière cette histoire de joueur de football se cache tout un tas de choses et surtout de petites histoires avec une portée intelligente. Car le but est certes de nous faire rire mais aussi de nous parler d’une réalité qui existe encore aujourd’hui. Notamment cette relation entre Taucard, le président de Totelf (qui pourrait être assimilé à notre grand groupe pétrolier français, Total) qui aimerait bien exploiter les forêts du Bostwanga. Le sujet de la déforestation est en filigrane mais pourtant on le retient. Tout comme celui du problème de la démocratie dans certains pays africains, sans parler de la place du SIDA, de la religion, la corruption, etc. Le film se permet également aussi de faire une petite référence au passé colonial français (cette histoire avec l’Algérie était assez drôle d’ailleurs). Fabrice Eboué s’amuse de la crétinerie du dictateur Bobo incarné par un Thomas Ngijol (Case Départ) très en forme. Le casting est d’ailleurs très réussi, en grande partie en provenance du Jamel Comedy Club.
Un vivier aujourd’hui du meilleur de la comédie française. C’est en tout cas ce que j’ai ressenti après avoir vu ce film. Tous les personnages sont drôles et intéressants et c’est rare de voir ça dans une comédie aujourd’hui. Fabrice Eboué et Lionel Steketee, déjà compagnons de fortune pour Case Départ, mettent tout cela en scène de façon lumineuse et efficace. Le Crocodile du Botswanga apparait donc clairement comme l’une des meilleures surprises comiques de l’année et c’est aussi la preuve à quel point il y a bien une relève pendant que les Inconnus végètent avec leur comédie ratée depuis quelques jours au cinéma. C’est tellement agréable de voir quelque chose d’osé qui se moque des conventions. J’ai presque déjà envie de revoir Le Crocodile du Botswanga alors que je viens de le voir et j’ai hâte de voir ce que Fabrice Eboué peut encore nous concocter dans les années à venir car il semble d’une créativité débordante et c’est rafraichissant.
Note : 8/10. En bref, pendant que certains comiques sont engoncés dans le passé, d’autres tentent de nouvelles choses.


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