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La sélection de la semaine : Le temps des mitaines, American clown, Les étiquettes, Dimension W, Tabula rasa, Assassination classroom, Alter Ego, Le bec des corbeaux, Lili Pirouli, Les geeks, C’est moi Pusheen le chat, et La diète

Par Casedepart @_NicolasAlbert

Pour ce premier samedi du mois de mars , Case Départ vous ouvre sa bibliothèque avec de très bons albums. Ils sont variés avec deux mangas, des albums jeunesse, des romans graphiques, un album érotique ou des bandes dessinées plus classiques. Le temps des mitaines : un sublime album jeunesse plein de poésie et du suspens, la suite de l’incroyable vie du Clown dans American Clown, un livre intimiste et plein de sensibilité de Clarke : Les étiquettes, le premier volume  de la série-manga d’anticipation prometteuse : Dimension W, Tabula rasa : un album de science-fiction sur les ravages d’un médicament, le troisième opus du manga déjanté et prenant : Assassination Classroom, Delia : le troisième tome de la saison 2 de l’excellente série : Alter Ego, un album sur la condamnation à mort de deux anarchistes après la tentative d’assassinat de Franco : Le bec des corbeaux, le premier tome des aventures de Lili Pirouli une petite fille espiègle, Un best of 3D de la série d’humour Les geeks, C’est moi Pusheen le chat : un petit livre sur le phénomène web Pusheen et un album pour adultes : La diète. Bonnes lectures !

Le temps des mitaines

le temps des mitaines
Arthur vient d’emménager dans une nouvelle ville. Nouvelle vie, nouvelle école. Il rencontre alors de nouveaux amis mais une menace plane sur la cité : des enfants disparaissent mystérieusement. N’écoutant que son courage, le petit ourson et ses copains démarrent une enquête. C’est cette histoire que racontent Loïc Clément et Anne Montel dans un savoureux album jeunesse Le temps des mitaines, mêlant l’humour et le suspens.

Arthur et sa maman viennent de déménager dans une nouvelle ville, très loin de celle qu’ils ont quittée. Depuis que son papa n’est plus là, les loyers de la grande cité étaient devenus trop élevés pour l’ourse, qui vient d’ouvrir un salon de thé dans le centre ville. Peureux, le petit ours ne veut pas spécialement aller dans sa nouvelle école, surtout que cela est délicat : l’année scolaire est déjà bien entamée. De plus, il n’a pas encore découvert son pouvoir à son âge ! En effet, dans cette région du monde, tous les êtres vivants possèdent un don particulier qui les aide dans leur existence.

Rassuré par les bons mots de sa maman, il part pour l’école. Mais l’heure est grave, Monsieur Granny, le directeur rassemble les élèves dans la cour avant d’entrer en classe : Badjer, le raton-laveur a disparu ! Les élèves doivent donc faire attention dans leurs déplacements et surtout sur le trajet du retour à la maison où l’obscurité peut engendrer de mauvaises rencontres. Après les recommandations, les enfants regagnent leur classe.

A la récréation, Arthur commence à se faire de nouveaux amis. Il y a là, Pélagie, la petite souris à l’étoile bleue un peu fofolle et qui tombe sous le charme de l’ourson ; mais aussi Gonzague, l’escargot intello, Willo, la luciole peureuse ou encore Kitsu, la valeureuse renarde mystérieuse.

Après l’école, sur le chemin du retour, les 5 amis se séparent peu à peu, laissant le petit ours faire la fin du chemin seul. Au détour d’un arbre, il tombe nez à nez avec Kitsu qui transforme son épée en un arbrisseau de fruits. Apeuré, elle le rassure sur ses intentions et terminent ensemble leur chemin.

Du côté de Gonzague, ça cogite. L’escargot consigne dans son livre tous les faits concernant la mystérieuse disparition de Badjer. Après avoir exposé ses recherches à ses amis, il réussit à les motiver pour enquêter. Willo se poste alors à la fenêtre du bureau du directeur pour écouter la conversation entre adultes concernant une éventuelle fermeture de l’école. Mais le hibou-professeur ne tient pas compte des remarques des parents ou du maire ; il a décidé: son établissement restera ouvert !

De son côté, Kitsu remarque d’étranges traces de pattes sur le chemin qui se rapprochent des maisons des professeurs et de celle de M. Granny. Et si le directeur était mêlé à la disparition de Badjer ?

Le temps des mitaines est un excellent album pour les 8/12 ans. Porté par un solide scénario de Loïc Clément, il ravira les jeunes lecteurs. Le récit sensible et tendre mêle très habilement le suspens et l’humour. L’intrigue, très bien maîtrisée, est de plus en plus prenante au fil des pages et des disparitions. On prendra beaucoup de plaisir à découvrir les pistes qui se multiplient intelligemment et le coupable dans un final haletant et surprenant. L’univers imaginé par l’auteur bordelais est fabuleux. Basé sur un très beau zoomorphisme, les petits personnages sont attachants et la petite bande d’amis très complémentaires : un ours peureux qui deviendra valeureux, une souris dynamique, un escargot intello, une luciole craintive et une renard qui n’a peur de rien. Tous ces êtres variés et dotés de pouvoirs permettront aux enfants de s’identifier facilement à l’un d’eux. Les situations cocasses avec un bel humour très fin permettent d’alléger le récit et d’accorder des pauses dans ce récit policier animalier. Pourtant Loïc Clément dévoile une histoire loin d’être enfantine et simpliste. Il parle en creux des relations parents-enfants, de l’autorité des professeurs et surveillants, des premières amourettes, de l’enfance qui s’éloigne.

Si le scénario est formidable, que dire du dessin ! Il est lui aussi formidable ! Le trait tout en rondeur de Anne Montel, efficace et maîtrisé, met bien en valeur ce récit poétique. Les belles aquarelles et les merveilleuses couleurs illuminent les planches qui fourmillent de détails. L’univers animalier est fascinant et les décors charmants : les maisons sont des objets humains détournés comme le porte-monnaie qui sert de banque, le buste de Marianne pour la mairie, une tasse pour la piscine… A noter, qu’un beau cahier graphique reprenant l’évolution des personnages est adossé à l’album.

Le temps de mitaines : un formidable album jeunesse pétillant écrit comme une fable populaire où les frissons sont garantis. Un peu de magie, du mystère et beaucoup d’humour. Un bel objet pour ce début d’année. Case Départ vous le recommande chaudement.

  • Le temps des mitaines
  • Auteurs : Loïc Clément et Anne Montel
  • Editeur: Didier Jeunesse
  • Prix: 14,90€
  • Sortie: 08 janvier 2014

American clown

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Jean-Louis Le Hir et Louis Le Hir avait laissé leur personnage Clown dans un triste état à la fin de leur premier album. Ils ont décidé de raconter la suite de la vie de leur héros dans les Etats-Unis des années 20 dans le merveilleux album American Clown. Une rencontre va le bouleverser et l’emmener sur le chemin de la rédemption.

Clown, un homme rude et massif, ne sait plus trop où il en est dans sa vie. Ici et nulle part, il participe à des combats clandestins pour gagner un peu d’argent. Recouvrant sa liberté après avoir effacer sa dette, il part pour les Etats-Unis à bord d’un paquebot aussi grand que gros. Alors que le voyage se déroule sans histoire, une nuit dans le brouillard des cigarettes et au son des guitares, il croise Sinead, une belle brune.

Mais leur chemin se sépare lorsqu’ils débarque à Ellis Island. L’homme au visage rond barré d’un nez rouge vagabonde dans les rues de New-York et est même arrêté pour cela. En prison, il joue des poings pour garder sa dignité. Elle, travaille comme serveuse dans un bar malfamé de la ville.

Mais au détour d’une ruelle, ils se retrouvent et les sourires illuminent leurs visages. Incommodés par des caïds, ils se défendent et fuient vers un monde meilleur. C’est vers l’ouest qu’ils se dirigent, croisant un petit cirque où ils découvrent Piit le nain, le grand Lenny, Ozzie et un couple d’acrobates. Les acceptant dans leur troupe, ils déploient leur chapiteau de ville en ville…

American clown est un album original et sublime. Cette histoire simple et quasi muette de Louis Le Hir est passionnante et touchante. Sur les planches, un petite voix-off distille les éléments de compréhension de façon parcimonieuse. Pas de blablas, pas de dialogues, juste la force du dessin pour une lecture fluide et délicieuse. Les personnages sont très bien dépeints, de Clown, cet homme fort et bagarreur mais au grand coeur, peut être muet, triste et traînant sa grande carcasse d’un bar à l’autre, d’une ville à l’autre, d’un combat clandestin à l’autre. Mais sa vie va s’illuminer par une belle rencontre joyeuse et quasi amoureuse de Sinead, une belle femme brune souriante et plein de vie. Ce couple improbable est attachant et le lecteur va apprécier de suivre leur voyage entre les galères et les rires. L’histoire oscille entre la mélancolie, la poésie et le drame.

La grande force de l’album est sans conteste le dessin. Un graphisme fort et puissant de Louis Le Hir, très personnel, qui fait de cet auteur, un dessinateur à suivre. De très belles et grandes cases, un très bon découpage et des cadrages bien sentis permettent d’équilibrer d’une magnifique manière, les planches. Les décors enneigés sont splendides et les couleurs apportent de la douceur à ce récit parfois sombre.

American clown : une belle histoire d’amour dans un magnifique album muet.

  • American clown
  • Auteurs : Louis Le Hir et Jean-Louis Le Hir
  • Editeur: Mosquito
  • Prix: 13€
  • Sortie:  février 2014

Tranches de vie d’un dessinateur

les étiquettes
Frédéric Séron, plus connu du public sous le pseudonyme de Clarke est un grand auteur belge de bande dessinée. L’auteur des séries humoristiques Mélusine (Dupuis) ou Mister President (Le Lombard) a décidé de compiler quelques moments de sa vie dans un très beau roman graphique édité chez Glénat, dans le label Treize Etrange, Les étiquettes. Entre sa vie familiale délicate, les festivals BD ou ses manques d’inspiration, il nous livre un vrai récit tendre, pudique et touchant.

Frédéric, la cinquante fringante avec son look cool d’ado, dessine plus vite que son ombre. Sa carrière entamée comme illustrateur de mode, il entre ensuite au magazine à succès Spirou où avec son complice François Gilson, il crée Mélusine, série humoristique pour enfants dont 21 tomes sont déjà parus chez Dupuis.

Son travail, il l’adore mais quelques fois, il lui paraît laborieux, surtout quand il est en manque d’inspiration ou encore quand on lui parle de réseaux sociaux. Il dessine dans un atelier d’auteurs qu’il apprécie ; il y a là : Benoît Ers, Johan Pilet ou bien Marc Rénier. Une vie en communauté où les dessinateurs ont tous des difficultés pour produire des albums de qualité.

Sa vie de couple est dans un moment des plus délicats : sa femme l’a quitté et sa séparation se termine devant un juge. Cet instant, à mille lieues de lui, lui semble déconnecté de la réalité. Par ce fait, il hérite de ses deux enfants jumeaux de 20 ans : entre drague de filles et cuisine loupée, la vie de papa célibataire n’est pas des plus joyeuses tous les jours. Et pour couronner le tout, ses amis veulent absolument le recaser avec de belles jeunes femmes.

Pendant le même période, ce fils de … (Pierre Séron, auteur des Petits Hommes) est aussi confronté à de douloureuses décisions face à la maladie : celle de son père ou celle de sa grand-mère. Le tout toujours dans une grande dignité.

Des moments plus heureux, il connaît aussi : lorsque des fans déguisés en Mélusine viennent le harceler lors des festivals ou encore lors des virées en voiture.

Voici un très bel objet graphique que Les étiquettes. Sous forme de petites anecdotes sur 2-3 pages, il livre de tranches de sa vie d’auteur de bandes dessinées mais avant tout d’homme, comme monsieur Tout le monde, avec ses petites joies mais aussi ses grandes peines de cœur. Tantôt comiques, tantôt dramatiques, elles sont parfois surréalistes mais toujours emplies d’une immense tendresse. Le lecteur découvrira une autre facette du talent de Clarke dans ce très beau récit intimiste. Même lors des moments plus délicats dans sa vie (le jugement du divorce, les maladies), l’auteur Liégeois met toujours de la distance et rend les scénettes d’une grande pudeur. Son trait en noir et blanc, identifiable au premier coup d’œil, est toujours aussi agréable et terriblement efficace.

  • Les étiquettes
  • Auteur : Clarke
  • Editeur: Glénat
  • Prix: 15€
  • Sortie: 19 février 2014

A la recherche des coils

dimension w
Attention : seinen explosif ! Dimension W est un manga signé Yuji Iwahara et raconte la vie d’un jeune homme, qui pour gagner sa vie, récupère des coils, des bobines électromagnétiques à l’énergie inépuisable que la population détourne de son usage de base.

Nikola Tesla est un inventeur du 20e siècle qui pensait qu’il était possible d’alimenter le monde entier en électricité au moyen d’un système de transmission sans fil. Mais c’est seulement un siècle plus tard que le système est mis en œuvre. Le coil, une bobine électromagnétique fournissant une énergie inépuisable est la base de ce nouveau dispositif. Pour la population, plus besoin ni de batteries, ni de piles et autres câbles pour s’alimenter en électricité.

2072. C’est la New Tesla Energy qui contrôle le marché énergétique et par là-même occasion le monde. Sa puissance est très importante sur Terre et fait la pluie et le beau temps sur les gouvernants.

Kyoma Mabuchi, jeune homme style baroudeur, n’aime pas cette nouvelle technologie, la préférant à la bonne vieille essence, très chère et qui commence à manquer parce que plus produite. Son passe-temps favori : retaper des vieilles voitures et les conduire à fond dans les rues. Pour faire vivre sa passion et surtout survivre dans cet univers fou, il est chasseur de prime. Mais au lieu des hommes, il tente de récupérer des coils illégaux. Des personnes souvent peu recommandables détournent leur usage initial pour les transformer en armes redoutables, au grand dam des autorités, qui mettent tout en œuvre pour les récupérer.

Le jeune homme hors du temps se voit confier des missions par Mary, une grande femme à la tête d’une société mystérieuse. Il va chercher les coils, elle le paie grassement et elle les redonne au gouvernement. Pour sa prochaine quête, le talentueux et grand bagarreur doit retrouver Every et Won qui auraient fait mais basses sur un grand nombre de bobines.

Il croise alors la chemin de Mira, une étrange jeune fille à la force surpuissante. Elle aussi est en quête des deux caïds pour leur prendre une boites de 12 coils pour son père, un grand scientifique, qui en a besoin pour vivre. Alors qu’elle est évanouie, Kyoma surprend la bande de malfrats et la délivre. Dans la bagarre, elle prend fuite avec la fameuse boîte. Le chasseur de primes est donc obligé de retrouver la jeune femme pour récupérer les coils.

Voilà un manga qui part sur les chapeaux de roue ! Mené tambour-battant, le récit de Yuji Iwahara est solide et mêle la science fiction d’anticipation, l’action et un belle forme de suspens, liée à Mira et son père. Cet univers quasi post apocalyptique est original, sorte de Mad Max moderne, où l’énergie des coils est convoitée. Les personnages sont vite attachants même si au premier regard, Kyoma semblait plutôt à la marge et assez antipathique ou encore Mira, fille mystérieuse dont le destin est dévoilé au milieu du récit. Le dessin de l’auteur des séries à succès Nekoten et Le roi des ronces, est dynamique, d’une grande force. Le découpage des scènes d’action est précis et techniquement efficace.

Dimension W : une nouvelle série de science-fiction plaisante, dynamique et dont on attend le deuxième tome avec impatience.

  • Dimension W, volume 1
  • Auteur : Yuji Iwahara
  • Editeur: Ki Oon
  • Prix: 7,90€
  • Sortie: 13 février 2014

Les ravages d’un médicament

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Tabula rasa est un récit d’anticipation fantastique à suspens signé Pierre Maurel et édité par Gallimard. Un médicament transforme les êtres humains en des monstres atroces qui rejettent les non-contaminés.

Dans une société contemporaine, un composant alimentaire, le Nutriflex, ingéré par un grand nombre de personnes, a engendré un effet dévastateur : des malformations irréversibles sont de plus en plus visibles sur une partie de la population. Les contaminés de plus en plus nombreux font régner la terreur dans les cités et s’en prennent aux valides. L’anarchie règne et la nourriture se fait rare.

Miska et Hazel, deux ados non-contaminés, observent d’un toit de maison, un étrange manège : accompagné d’un chien, un homme sain est en quête de nourriture. Poussant son caddie, contenant toute sa vie, il est pris à partie par de drôles d’êtres difformes. Ils lui reprochent de s’être aventurer sur leur territoire. Mais les deux garçons sont débusqués et doivent partir rapidement.

Après une nuit dans une usine désaffectée, ils réussissent à recroiser l’homme malmené par les monstres. Autour d’un maigre repas, l’homme leur parle d’une communauté basée sur l’autonomie et l’auto-gestion, en dehors de la ville, La communauté de La Lyre. Hazel et Miska se mettent en quête de rejoindre cette société idéale mais très bien cachée.

Mais la tâche s’annonce ardue. Entre le manque de nourriture et les êtres déformés partout en ville, ils doivent se déplacer le plus discrètement possible. Dans un bâtiment administratif, ils sont accueillis par une vielle femme au grand cœur qui commence à être contaminée. Après une nuit et récupérant des plats concoctés par cette femme, ils reprennent leur route, entre peur et faim.

Voici un album très original, avec un point de départ singulier. Le récit passionnant de Pierre Maurel mêle habilement la science-fiction, le fantastique et la politique. Teinté d’un solide suspens, le jeune auteur bruxellois, installe un climat très anxiogène où les mutants font régner la terreur dans les cités. Il dénonce ainsi les dérives de notre société, entre les scandales sanitaires, l’individualisme et la violence. Sorte de village gaulois, la communauté de La Lyre semblerait être le symbole de la résistance vis-à-vis des envahisseurs. Les décors contemporains de l’album facilitent la lecture et renforcent le récit dans la réalité. Le trait semi-réaliste du dessinateur de Post Mortem est efficace et imaginatif concernant les êtres contaminés, ses personnages mi-hommes mi-monstres sont bien campés. Tabula rasa : un album d’anticipation terrifiant et très efficace.

  • Tabula rasa
  • Auteur : Pierre Maurel
  • Editeur: Gallimard
  • Prix: 16,50€
  • Sortie: 13 février 2014

Qui pourra tuer le professeur Koro ?

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La lune a soudainement explosé et une étrange créature qui aurait déclaré être l’auteur de ce phénomène, a débarqué dans la classe 3E du collège de Kunugigaoka pour en être le nouveau professeur. Alors que même l’armée ne peut la détruire, les élèves de la classe se mettent en quête de l’assassiner. C’est l’histoire étrange et prenante qu’a voulu raconter Yusei Matsui dans Assassination classroom, un manga détonnant.

Les élèves de 3E ont vu arriver inopinément une étrange créature pour être leur nouveau professeur. Ils l’ont baptisé Monsieur Koro, de korosenai (car il est immortel) et sensei (professeur). Pouvant se déplacer à Mach20, possédant des tentacules aux capacités infinies, toutes les attaques lancées contre lui ne fonctionnent pas. A mi-chemin entre un alien et une pieuvre, pourquoi est-il ici ? Personne ne le sait. Il s’avère pourtant être un excellent professeur très attentionné.

Parmi les élèves de la 3E «la classe des épaves», qui vont tenter de le tuer, il y a : Kaede, jeune fille qui a trouvé le surnom à la créature, Nagisa douée pour collecter les informations sur Koro, Karma, le jeune garçon vif est le seul à avoir blessé le professeur ou bien Taiga, le garçon obsédé et un brin pervers.

Kaede et Yukiko, deux élèves de 3E  kidnappées par des élèves d’une autre école pendant leur voyage scolaire, sont délivrées par Koro grâce à ses tentacules fantastiques. Le professeur-créature, qui a organisé l’expédition, demande à tous les élèves de se remettre en route pour découvrir d’autres villes japonaises.

Dans le même temps, Red Eye, un sniper, est envoyé en mission à Kyoto par le gouvernement pour tenter d’assassiner Koro. Armé de son fusil de tueur professionnel, il attend patiemment que le petit train touristique passe devant lui pour déclencher la balle fabriquée exprès pour cela. Alors qu’il a déjà tué 35 personnes et qu’il peut même viser à deux kilomètres, il ne parvient pas à assassiner le professeur. Ce dernier, très rapide, stoppe les balles à plusieurs reprises. Si même les snipers n’y arrivent pas, qui pourra le faire ?

Manga phénomène au Japon, Assassination classroom, a été vendu à plus de 2 millions d’exemplaires en quelques jours à la sortie du premier tome. Prépublié dans le magazine Weekly Shônen Jump, le récit de Yusei Matsui est déjanté et fou à souhait. Les personnages très nombreux sont tous très originaux : des élèves de 3E au professeur Koro, mystérieux, en passant par les tueurs professionnels Red Eye et Irina ou encore Tadaomi, agent du ministère de la Défense qui aide les adolescents. Le scénario maîtrise parfaitement le suspens et les actions pour le plus grands bonheur des lecteurs. Teinté d’un bel humour, ce joyeux délire au rythme effréné est aussi très drôle. Le dessin efficace rythme parfaitement le récit grâce aux personnages très expressifs et à un découpage nerveux.

Assassination classroom : un manga déjanté avec une belle intrigue qui risque de détrôner bon nombre de mangas dans le cœur des passionnés du genre. A savourer sans modération.

  • Assassination classroom, volume 3
  • Auteur : Yusei Matsui
  • Editeur: Kana
  • Prix: 6,95€
  • Sortie: 7 février 2014

Alter Ego : une série détonante

alter ego
Delia est le troisième tome de la saison 2 de la série-concept Alter Ego signée Pierre-Paul Renders et Denis Lapière. Pour cet opus, ils ont fait appel à un duo de dessinateurs : Efa et Elias Miguel.

Alter Ego revient après trois ans de pause, pour cette deuxième saison. Pour chacun des volumes, le lecteur découvre le destin d’un personnage de façon indépendante, puis comprend toute l’intrigue dans un album ultime qui clôture la saison. Donc le lecteur peut appréhender les différents albums dans l’ordre qu’il souhaite en parallèle pour terminer par l’album final. Après un premier cycle de folie et d’une excellent facture, on pouvait se poser la question du renouvellement de l’intrigue par les deux scénaristes. Mais il n’y avait aucune crainte tellement le deuxième cycle commençait d’une belle façon avec les deux premiers volumes.

Lorsque la population a découvert la vérité sur les Alter Ego, elle s’est scindée en trois groupes : ceux qui y croient, ceux qui doutent et ceux qui choisissent leur camp.

Dans un hôtel de luxe, le sénateur américain O’Neil, venu pour une entrevue, est attaqué par un Alter Ego qui le tue. Doug, le policier du FBI prend les choses en main et convainc Delia Mikulski de quitter immédiatement le palace. Cette brillante avocate, sénatrice aussi, a décidé de mener un combat acharné pour démasquer la supercherie des Alter Ego. La commission parlementaire sur les séquestrés des Bermudes qu’elle préside se réduit comme peau de chagrin ; deux sénateurs sont déjà décédés et il n’en reste plus que 3, que la police décide de protéger. Peu effrayée par ses fortes intimidations, elle est toujours farouchement volontaire pour faire éclater la vérité.

Pourtant dans sa vie personnelle, c’est extrêmement compliqué : séparée de son mari Sheldon, elle est la maman de deux jeunes filles Sally et Penny. Elles devaient revenir seules à la maison, mais elles ont disparu, ne répondant pas aux messages téléphoniques. Soupçonnant son ex, elle pense qu’il est parti vivre avec ses enfants dans une société plus en phase avec la nature.

Deux jours après la disparition et alors qu’elle auditionnait des personnages clé de l’affaire à Washington, Doug lui apprend que ses filles sont en vie et qu’elles sont dans une secte proche du mouvement néo-bahaïe et des alter ego. Faisant jouer ses relations, elle réussit à récupérer un mandat international pour intervenir dans la secte basée aux Canaries. N’écoutant que son courage de mère, elle part à la recherche de ses filles, accompagnée de Doug. Là, elle découvre Teehu, la médium qui a changé de camp.

Le scénario très solide de Pierre-Paul Renders et Denis Lapière déploie des pistes et des trésors d’inventivité pour tenir le lecteur en haleine. Mené tambour-battant, il multiplie les actions et l’intrigue est prenante, misant sur un personnage, comme pour tous les albums de la série : ici, Delia, maman inquiète par la disparition de ses filles et valeureuse sénatrice qui tente de mettre à jour la vérité sur les Alter Ego. Femme de caractère, elle sait user de ses charmes pour arriver à ses fins. La tension est palpable de début à la fin de l’album, entre l’enquête parlementaire ou l’enlèvement des filles de Delia. Mais le duo d’auteurs brouille les pistes pour mieux dérouter le lecteur, en employant les personnages parfois à contre emploi. Elias et Efa constituent un bon duo de dessinateurs. Le trait semi-réaliste est efficace et très lisible.

Alter Ego : Cette série addictive est construite comme un excellent puzzle et fait montre d’une grande maîtrise scénaristique. Une saison 2 qui commence d’une belle manière et qui connaîtra son dénouement en septembre 2014 avec l’ultime album. Case Départ vous recommande vivement de (re)découvrir Alter Ego, un univers riche et passionnant.

  • Alter Ego, saison 2, tome 3 : Delia
  • Auteurs : Pierre-Paul Renders, Denis Lapière, Efa et Elias Miguel
  • Editeur: Dupuis
  • Prix: 12€
  • Sortie: 14 février 2014

Abattre Franco

bec_corbeaux
Deux anarchistes sont condamnés à tort pour la tentative d’assassinat du Général Franco en 1963, c’est l’histoire qu’ont voulu raconter Mikel Begona et Inaket, dans l’album Le bec des corbeaux, paru aux éditions Cambourakis.

Espagne, été 1963. Francisco Granado et Joaquin Delgado, deux militants anarchistes, sont condamnés à tort et sous de faux prétextes pour tentative d’attentat contre Franco.

Dans cet album, les deux auteurs retracent les enchaînements de circonstances : contact de l’organisation Défense Intérieure absent aux rendez-vous, le départ en vacances de Franco, explosion de bombes au siège de la Direction Générale de la Sécurité et à celui des Syndicats franquistes, et enfin trahison au sein même du mouvement, ont toutes conduit à l’échec du projet d’attentat et à la condamnation à morts des deux anarchistes.

La thématique de départ de Le bec des corbeaux est originale et porte sur un aspect douloureux de l’histoire de l’Espagne franquiste : la condamnation sans modération et la mise à mort dans une parodie de procès de deux anarchistes Francisco Granado et Joaquin Delgado, un moment fort de la dictature du Général. Hymne à la liberté et à la résistance, cet album fort bien documenté n’est pourtant pas simple d’accès. Le parti pris de Mikel Begona dans sa narration dense n’est pourtant pas de dérouter le lecteur mais de le plonger dans la moiteur de ces jours d’été à Madrid et de comprendre les motivations de deux protagonistes. Découpé en 5 chapitres, le lecteur sera tour à tour du côté des anarchistes ou des militaires pour avoir leur point de vue de l’histoire. Mais il est à noter que le grand nombre de personnages ne facilite pas la fluidité, comme si le lecteur se retrouvait dans le même tourbillon que les deux héros. Chaque groupe de personnages est associé à une couleur, plus ou moins chaude, selon le moment du récit et Mariano Medina, présentateur météo vedette de la télévision fait office de narrateur pour nous guider sur le chemin de la vérité. A noter qu’un dossier est adossé à l’album afin de comprendre au mieux le récit (repères chronologiques, personnalités historiques et contextualisation). Le bec des corbeaux : un album dense et exigeant sur un moment sombre de l’histoire de l’Espagne. Pour réhabiliter deux héros morts pour rien.

  • Le bec des corbeaux
  • Auteurs : Mikel Begona et Inaket
  • Editeur: Cambourakis
  • Prix: 19,50€
  • Sortie: 22 janvier 2014

Et pour quelques pages de plus…

Pour compléter notre sélection de la semaine, Case Départ vous conseille aussi les albums suivants :

Lili Pirouli,

tome 1 : Tous avec moi !

lili pirouli
Lili Pirouli est une chipie. Ayant de la suite dans les idées, elle en fait voir de toutes les couleurs à son entourage. Tous avec moi ! est le premier tome de la série Lili Pirouli, scénarisée par Nancy Guilbert et dessinée par Armelle Modéré.

Lili Pirouli est une petite fille espiègle de 7 ans qui vit avec son papa, sa maman et son chien dans une charmante maison. Son quotidien est rythmé par ses prises de bec avec sa mère, les entourloupes face à son père et l’école primaire.

Lili aime faire tourner son père en bourrique. Elle lui demande même de porter son sac trop lourd jusqu’à l’école, faisant la grève du cartable.

Pour embêter sa maman, elle ne veut pas se brosser les dents, se vante d’avoir eu un 3/20 en dictée et préfère jouer à la console que de faire ses devoirs. Poussant sa mère à bout d’une façon gentillette, elle arrive toujours à ses fins.

A l’école, elle déploie des stratagèmes auprès de ses camarades pour se faire élire responsable de la classe.

Lili Pirouli est un petit album agréable pour les jeunes lecteurs qui pourront facilement s’identifier à cette héroïne espiègle. Les récits courant sur deux-trois planches sont tous très craquants et bien contés. Ces mini-histoires de Nancy Guilbert mettent en scène des tranches de vie de Lili de manière amusante. Jamais méchantes, elle font sourire au premier coup d’œil. Le trait sans contour de cases de Armelle Modéré, à mi-chemin entre Les triplés de Nicole Lambert et Titeuf de Zep, est parfait pour le jeune public. Les couleurs pétillantes rendent bien la folie douce de la petite fille.

  • Lili Pirouli, tome 1 : Tous avec moi !
  • Auteurs : Nancy Guilbert et Armelle Modéré
  • Editeur: Des ronds dans l’o
  • Prix: 11,90€
  • Sortie: 20 février 2014

Les geeks, Best of 3D

les geeks
Voici un album Best of de la série d’humour des éditions Soleil, Les geeks. Agrémenté d’une paire de lunettes 3D pour voir les gags en une planche, l’album est signé par Gang, un collectif de 5 scénaristes et dessiné par Thomas Labourot. Plongée dans le monde méconnu des geeks accros de leurs ordinateurs ou de leurs consoles.

Les Geeks, la série BD qui parle de nous : la nouvelle race d’humains qui prend petit à petit le contrôle de l’Univers, fondus d’informatique, fans de gadgets technologiques, accros des jeux vidéos, passionnés de mondes fantastiques, hystériques de séries TV, compulsifs de messagerie on line…

Que vous soyez un vrai hard geek comme Fred, Vince, Hub, CB et les autres, copine d’un geek comme Julie, accro d’Apple dans un monde de PC comme Charline ou juste sympathisant comme Arnold, n’hésitez pas à venir rire avec nous de vos petits travers ou de vos grosses contradictions !

Voici une série d’humour assez amusante ! Pourtant lorsque l’on lit des compilations de gags en une planche sur un sujet (profession, guide…), on tombe souvent sur de mauvais albums. Là, on est assez surpris d’apprécier quelques scénettes. Les personnages (surtout le couple) sont amusants, les situations souvent drôles. Même s’il faut connaître un peu l’univers geek pour comprendre les subtilités de certaines scènes, il y a aussi des clins d’œil aux films de super-héros ou aux dessins animés. Mais surtout, l’album est réussi grâce au dessin de Thomas Labourot. Loin des clichés de ce style d’album, les planches sont efficaces et bien maîtrisées. Le trait anguleux des personnages apportent son lot d’humour.

  • Les geeks, Best of 3D
  • Auteur : Gang et Thomas Labourot
  • Editeur: Soleil
  • Prix: 10,50€
  • Sortie:  février 2014

C’est moi Pusheen le chat

COUV PUSHEEN
Tout le monde connaît Pusheen, ce petit chat rond et gris, star du Web, que l’on retrouve sur Facebook, Twitter ou Tumblr. Il apparaît en smiley, gifs ou fonds d’écran. Ces petites aventures sont contées par Claire Belton dans l’album C’est moi Pusheen le chat.

Partagez la vie trépidante de Pusheen le chat, ses passions et ses aventures quotidiennes : manger, dormir, escalader des meubles, manger, se vautrer dans un carton, se déguiser en R2D2, dormir, attendre le Père Noël, manger… Tout ça avec la queue qui remue et la moustache au vent.

Pusheen est un chat gris trop mignon. C’est un personnage à l’origine créé en mai 2010 par Claire Belton et Andrew Duff sur leur blog BD, « Everyday Cute ».  Son nom vient du mot irlandais puisin, qui veut dire chaton, le surnom du compagnon d’enfance de l’américaine.

Claire Bleton est une artiste américaine qui vit dans la banlieue de Chicaogo avec son fiancé Andrew et leur chat Stormy. Elle a notamment travaillé pour Tokyopop, Official US ou Playstation Magazine.

Découpé en 5 parties : C’est moi Pusheen le chat, Ce que vous devez savoir sur les chats, Comment vivre, Stormy et Un an de plus dans la vie de Pusheen, le petit livre séduira les plus jeunes et plus particulièrement les filles, qui tomberont sous le charme de la vie toute mignonne de ce chat, véritable phénomène de l’univers internet. Jamais désagréable ni méchant, le chaton est plutôt espiègle et malicieux. L’auteure le décline dans toutes les positions possibles et imaginables pour le plus grand bonheur des jeunes lecteurs.

  • C’est moi Pusheen le chat
  • Auteur : Claire Belton
  • Editeur: Hugo BD
  • Prix: 12,50€
  • Sortie: 6 mars 2014

La diète

(album pour adultes)

la diète
Après les albums érotiques Exposition et L’accordeur parus aux éditions Dynamite, Ignacio Noé revient avec un nouveau récit pour adultes, La diète, où son héroïne, pas dans les standards du mannequinat, va se mettre en quête de perdre du poids coûte que coûte et ainsi accéder plus facilement aux hommes.

Incarnation, jeune femme ibérique est top model dans une agence. Katz, son patron, qui est aussi son amant, lui reproche ses rondeurs. Alors qu’il lui a trouvé une séance de photos pour de la lingerie, il souligne le fait qu’elle ne prend pas son pied lorsqu’ils font l’amour.

Vexée, elle décide de prendre sa vie en main et commence par aller consulter une diététicien pour perdre du poids. Pour récupérer des pilules coupe-faim, elle passera même à la casserole. Grâce à ces dernières, elle recommence à prendre plaisir. Ses rêves érotiques le lui rendent bien. Mais tout ne se passe pas comme elle le voudrait : elle devient nymphomane.

Le récit de Ignacio Noé en plus d’être un bel album érotique, brocarde la société qui ne veut plus des rondeurs (des professionnels de la diététique, des professionnels des agences de mannequins, mais aussi les filles quasi anorexiques pour réussir), tout cela dans un joyeux bazar amusant et très portée sur le sexe. Cette petite satire gentillette met en avant son héroïne aux belles courbes et bien en chaire. Son trait efficace rend bien les mouvements et les scènes explicites sont bien dessinées.

  • La diète
  • Auteurs : Ignacio Noé
  • Editeur: Dynamite
  • Prix: 14,80€
  • Sortie: 22 janvier 2014

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