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Exit le fantôme, Philip Roth

Publié le 05 mars 2014 par Antigone

exitlefantome"Oui, et alors ? C'est fou de ma part d'être ici. Fou, d'être à New-York. C'était fou, la raison pour laquelle je suis venu à New York. C'est fou d'être assis là à vous parler. D'être assis là et d'être incapable de vous quitter. Aujourd'hui je ne peux pas vous quitter, hier je ne pouvais pas vous quitter, alors je vous interviewe pour le job de quitter votre mari et de venir vivre une existence posthume avec un homme âgé de soixante et onze ans. Continuons. Poursuivons l'interview. Parlez-moi des hommes."

Zuckerman revient à New York, après près de onze années d'un exil volontaire à la campagne. A l'époque, des lettres de menace contre l'écrivain juif qu'il était l'avait incité à fuir la ville. Aujourd'hui, c'est une intervention bénigne qui l'oblige à remettre les pieds dans des lieux qu'il peine à reconnaître, et où il doit de plus faire face à sa déchéance physique d'homme âgé. Des rencontres vont bouleverser son séjour. Il retrouve l'ancienne muse de son mentor, E.I. Lonoff, malade et usée - loin de la belle jeune-femme dont il avait conservé un souvenir attendri - aux prises avec un jeune auteur indélicat tentant d'écrire la biographie de son ancien amant. Par ailleurs, un jeune couple propose à Zuckerman d'échanger leur appartement contre sa maison pour quelques temps. Après le 11 septembre, et suite à la réélection inattendue de George W. Bush, l'effarement est de rigueur. La jeune-femme, Jamie, pense gagner en sérénité loin de New York. Zuckerman tombe violemment sous son charme et se prend à rêver...

Autant le dire tout de suite, je ne pensais pas prendre un quelconque plaisir à suivre les tribulations d'un homme âgé tel que Zuckerman. L'antipathie ressentie envers le personnage de Philip Roth, gêné par ses problèmes d'incontinence, a été immédiat. Et puis, j'ai aimé de longs passages, intelligents et cultivés, j'ai continué ma lecture, et j'ai été séduite par la rupture de style dont l'écrivain se sert parfois, et qui donne un rythme original au récit. J'ai aimé ensuite qu'il parle de cette "mauvaise" habitude qu'ont les lecteurs d'aujourd'hui d'analyser une oeuvre par le prisme de la biographie. J'ai aimé au final détester Zuckerman.
Lire un auteur de talent est toujours un moment intéressant. Ce fut une lecture intéressante.

Folio - 7.40€ - Mai 2011 - Merci à mon prêteur !


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