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A serious man - 6/10

Par Aelezig

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Un film de Ethan et Joel Coen (2009 - USA) avec Michael Stuhlbarg, Sari Lennick, Richard Kind, Aaron Wolff, Jessica McManus, Adam Arkin, Fred Melamed

Histoire juive. Drôle et triste à la fois.

L'histoire : Le film débute avec un couple, en Europe centrale, parlant yiddish, vraisemblablement dans les années 20. L'homme dit avoir rencontré Untel et discuté avec lui. Sa femme est stupéfaite : il est mort depuis trois ans, c'est à un fantôme qu'il a parlé, ou pire à un dibbouk (mauvais esprit) ! Lorsque son mari lui annonce... qu'il l'a invité à souper, l'épouse est catastrophée : tout cela est signe d'une malédiction qui va s'abattre sur leur famille. Elle tue le dibbouk mais... Quelques trente ou quarante années plus tard, aux Etats-Unis, nous faisons connaissance avec Larry et sa famille, des juifs pratiquants qui s'apprêtent à fêter la Bar Mitsva de leur garçon. Larry est un homme heureux, professeur, gentil, sans histoire. Et puis soudain, tout va de mal en pis... sa femme lui annonce qu'elle veut divorcer pour épouser son meilleur ami, un élève tente de le soudoyer pour qu'il lui mette de bonnes notes et, comme il refuse, envoie des lettres le diffamant à la direction de l'école, ses enfants sont en pleine crise d'adolescence, son frère qui vit avec eux est à moitié fou, le voisin est raciste, et les dettes s'accumulent... Il va tenter de se faire aider par les rabbins.

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Mon avis : J'ai été surprise par ce film, qui dénote dans la tradition des frères Coen, qui nous ont habitués aux histoires farfelues, très drôles, portées par des personnages légèrement déjantés sur les bords, voire beaucoup, dans une Amérique contemporaine (sauf rares exceptions).

Sans doute ont-ils voulu ici rendre hommage à leur culture, peut-être même y a-t-il quelques traits autobiographiques. Car cela se passe dans les années 50, et les Coen étaient ados en ce temps-là.

On peut supposer que le couple du début a émigré aux Etats-Unis, dans les années 20 ou 30 et que leurs enfants sont nés là. Dans les années 50/60, ces enfants ont l'âge d'être parents d'ados. On en déduit ainsi que Larry est leur fils et que la malédiction se poursuit sur lui.

Ce début, et le rapport (ou pas) avec l'histoire qui suit, sont un peu déroutants et longs à se mettre en place, mais très vite on se laisse emporter par les acteurs, pourtant tous inconnus (pour moi en tous cas). Michael Stuhbarg est sublime, drôle à l'insu de son plein gré je dirais, et on a vraiment envie de savoir comment tout cela va finir tant l'empathie est présente.

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Mon reproche, c'est qu'il n'y a pas assez d'humour... mais en même temps, l'histoire racontée étant ce qu'elle est, on ne peut pas non plus rigoler de tous les malheurs qui s'abattent sur ce pauvre homme, qui fait tout pour rester digne et droit ! Trop d'humour, ce serait devenu moqueur, pour le coup, et il semble que les Coen ne voulaient pas. S'ils se sont inspirés de leur propre père, on peut comprendre... Il est par ailleurs fort possible que le film soit bourré de blagues ou de références à la culture juive ashkénaze qui m'échappent... Il est plusieurs fois question de la Kabbale (la vraie, pas celle de Madonna) et j'avoue que je n'ai pas tout compris. L'histoire des dents "gravées" par exemple : surprenant, accrocheur, mais malheureusement je n'ai rien capté à cette séquence... Ni aux écrits mystérieux de l'oncle Arthur : est-il dingue, ou est-il un génie de la Kabbale ?

Je ne sais pas s'il y avait un message dans ce film : si c'est le cas il est trop hermétique pour les goys ; s'il s'agit juste d'une histoire comme une autre, et dans ce cas elle est un peu trop lisse. La fin est très brutale ; franchement je ne m'attendais pas à ce que le film s'arrête là. En y réfléchissant, je me suis dit que c'était normal, la malédiction avait fait son chemin, les éléments étaient tous en place... et on pouvait imaginer la suite, dramatique. Mais une ou deux courtes scènes de plus auraient été bienvenues. Ne serait-ce qu'un clin d'oeil à la mise en place de début, avec le couple maudit.

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Néanmoins, le fim est doté d'une réalisation admirable et de seconds rôles très savoureux. Certains personnages ont vraiment des "tronches", comme on dit, à se demander où le directeur de casting a pu les trouver. Et magnifiques comédiens, en outre ! Le directeur d'école m'a particulièrement marquée... et l'oncle Arthur ! Et même si on ne comprend pas tout, on sourit souvent, la cocasserie des Coen est bien là, nimbée d'une infinie tendresse... Mais cela ne m'a pas suffi, j'ai trouvé trop de zones d'ombres...

Les critiques ont crié au chef d'oeuvre, le nec plus ultra de l'humour juif, lit-on... ça doit être pour ça que je n'ai pas tout pigé. Le public lambda, comme moi, a été moins enthousiaste semble-t-il ; les gens n'ont pas tout compris non plus.

Un film qui laisse un souvenir mélancolique... tant il est vrai que Larry n'aura jamais les réponses à ses questions, malgré les rabbins. Tout comme nous, hélas.

C'est peut-être ça le message du film...


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