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Les aliments sont vos meilleurs remèdes (1965) d'Henry G. Bieler

Par Colimasson






Avant de proposer sa vision personnelle d’un traitement adapté à l’être humain, Henry G. Bieler a étudié la médecine classique et les remèdes allopathiques, comme tout médecin conventionnel, mais l’événement qui le fit passer outre son enseignement provint de sa propre faiblesse. Lorsque le médecin tombe malade, accepte-t-il de s’administrer les drogues pharmaceutiques qu’on lui a toujours présentées comme étant les remèdes par excellence ? Henry G. Bieler, qui devait déjà avoir émis des doutes à leur encontre, tira profit de sa maladie pour mener une réflexion alternative sur la maladie. Signe de disfonctionnement d’un corps humain naturellement capable de santé lorsque ses conditions de vie sont saines, la maladie pourrait se résorber spontanément au bout de quelques semaines d’un régime alimentaire adapté. Henry G. Bieler propage une vision de l’homme qui fleure bon les seventies et le retour au naturel. On flirte même, parfois, du côté d’un Jean-Jacques Rousseau affirmant que l’homme dans son état sauvage est naturellement bon et vigoureux, se nourrissant uniquement de laitages non pasteurisés, de fruits et de légumes. Le corolaire consistant à rejeter tout produit de la civilisation moderne est explicitement avancé. Le médecin confirme ici l’intuition de l’écrivain, explications à l’appui.


« A mesure que la nourriture de l’homme civilisé devenait moins naturelle, il commençait à souffrir de troubles de digestion et d’une toxémie du sang. C’est, à mon avis, la cause primaire de beaucoup, et peut-être de toutes les maladies. »


Le corps humain disposerait pourtant de lignes de défense solides contre la maladie. En premier lieu, l’appareil digestif ; en second lieu, le foie ; enfin, les glandes endocrines veillent au bon grain et se chargent normalement d’évacuer les éléments nuisibles, sauf lorsque ceux-ci circulent en abondance et épuisent l’organisme. La maladie survient alors qui attendait, latente, la moindre faille d’une victime potentielle. Henry G. Bieler cite Rudolf Virchow pour illustrer cette vision : « les germes recherchent leur habitat naturel –le tissu malade- sans être eux-mêmes la cause de la maladie du tissu. Par exemple, les moustiques recherchent l’eau stagnante, mais ils ne sont pas la cause qu’une mare d’eau est stagnante ». Le remède survient après une étude toxémique du patient. Comme différentes sortes d’intoxication et d’organes lésés peuvent être mis en cause, le traitement proposé par le médecin n’est pas systématique mais doit se montrer adaptatif. Il consiste toujours en l’élimination des produits que l’on trouve en abondance dans la société de consommation : café, sucre blanc, sel, alcool –excitants et drogues alimentaires épuisant l’organisme- mais veille aussi à la bonne préparation des aliments naturels –les protéines ne devraient par exemple jamais être cuites, qu’il s’agisse des viandes, des poissons, des œufs ou du lait. Comme l’indique le médecin : « Le mal n’est pas trop grave si l’excès résulte d’une consommation trop forte d’aliments naturels (c’est-à-dire tels qu’on les trouve dans la nature, et non trafiqués par l’homme), correctement préparés et bien tolérés par le foie ». Pour soulager l’organisme fatigué, Henry G. Bieler propose des cures de jeûnes adaptées à chaque patient. Quelques semaines d’une alimentation essentiellement constituée de jus de fruits et de légumes, à laquelle il est possible d’adjoindre de la viande ou du lait cru, ainsi que des céréales bouillies, peuvent venir à bout de maux tels que diabète, asthme, ulcères ou cancers. Henry G. Bieler prévient déjà les cris de protestation de ses lecteurs : « La plupart des personnes malades ne veulent pas entendre parler d’un traitement à long terme parce qu’elles croient à l’existence de drogues-miracles. Ce qu’elles demandent, c’est l’arrêt immédiat des symptômes maladifs. Si leur docteur n’est pas disposé à leur prescrire la pilule magique, ils se la procurent en pharmacie ou changent de docteur ».


La vision de l’organisme et de la maladie de Henry G. Bieler est forcément réductrice –mais elle ne l’est pas davantage que la médecine classique et son cortège de remèdes allopathiques. Le corps humain est d’une complexité telle qu’aucune théorie ne peut résumer son fonctionnement en dressant un système cohérent. Il faut lire Henry G. Bieler en sachant qu’il a volontairement simplifié de nombreux processus afin de rester compréhensible, tout comme ses congénères de médecine classique l’effectuent lorsqu’ils proposent leurs drogues pharmaceutiques. Est-ce une raison pour rejeter en bloc ses intuitions ? Rappelons que le médecin a appliqué avec réussite ses préceptes à de nombreux patients, au nombre desquels nous pouvons citer Gloria Swanson, Jeanette MacDonald, Anthony Quinn, Greer Garson, Hedda Hopper, Greta Garbo et Lucille Ball. Des théories à garder dans un coin de sa tête pour se prémunir des prévisions sanitaires pessimistes des années à venir…



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Un extrait parlant...



...qui m'a rappelé cette notice biographique concernant C. G. Jung :



De nouvelles pistes pour élucider le mystère migraineux ?



Bieler nous aide à reconsidérer le potentiel de notre organisme :



Une expérience concluant à la nocivité des protéines cuites :



*peinture: Homme et femme devant une table mise avec des fruits et des légumes, Georg Flegel


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