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Une promesse, de Patrice Leconte

Par 3moopydelfy @3Moopydelfy

Patrice Leconte a choisi d’adapter sur grand écran une nouvelle de Stefan Zweig (Le voyage dans le passé). Je n’avais pas eu des gros frissons avec le dernier film du réalisateur: Le Magasin des suicides. La curiosité de voir une histoire que j’avais apprécié sur le papier passé sur la pellicule me titillait. Je partais sans grand enthousiaste tout en me disant que tout est possible. La transposition a su me convaincre.

Une Promesse - Affiche

Synopsis:

Allemagne, 1912. Un jeune diplômé, d’origine modeste, devient le secrétaire particulier d’un homme âgé, patron d’une usine de sidérurgie. L’état de santé du patron se dégrade et lui impose de rester à domicile. Il y accueille le jeune homme pour travailler.
L’épouse du patron est une femme de trente ans, belle et réservée. Le jeune homme s’éprend d’elle, sans oser révéler ses sentiments. Dans le huis-clos de la demeure, couve cette passion amoureuse, sans geste ni parole, tout en regards et en silences.
Brusquement, le patron décide d’envoyer son protégé au Mexique, afin d’y superviser l’exploitation de mines de fer. L’annonce de ce départ provoque chez l’épouse une réaction désespérée. Le jeune homme réalise qu’il est aimé d’elle, lui aussi, en secret. Mais la présence du mari malade interdit à leur amour de s’accomplir ici et maintenant. L’épouse fait une promesse : au retour du jeune homme, dans deux ans, elle sera à lui.

Mon avis:

L’univers émotionnel de Zweig prend vie à merveille à travers un esthétisme visuel à couper le souffle, un casting brillant et une adaptation surprenante. Les effets de caméra qui se troublent pour devenir une caresse, un semblant d’émotions semblent donner vie aux sentiments des héros. La plume de Zweig avait réussi à concir en peu de pages une aventure amoureuse qui subit une longue séparation. L’histoire se termine d’une manière dramatique, j’en avais encore le coeur serré. Leconte a opté pour un parti moins dur. (Je spoile à moitié, ça reste un drame, un amour intense, fort et prenant, pas de vrai happy end, comme dans une comédie romantique, vous n’y êtes pas, loin de là).

Les trois personnages centraux possèdent un panel d’expressions, de tourments qu’ils parviennent à retranscrire à la perfection. Les regards, le jeu des non-dits, les silences ont toute leur importance. Bien des émotions passent sans de grands discours. L’amour s’installe doucement. Il bouleverse. Il prend aux tripes. Il secoue. A peine la romance s’esquisse entre les deux jeunes héros, que le destin les sépare. Le mari, puis la guerre, la promesse de s’attendre peu importe le temps. Deux ans au début, puis les années passent. En filigrane, la question de l’amour résistant à tout se pose. Le désir amoureux inassouvi, coupé dans l’oeuf trouve-t-il une raison d’être loin de l’être aimé? Les images, les acteurs, le talent de Leconte en apportent une réponse. L’ambiance teintée de tension, la première guerre mondiale, la politique, offre un carcan étonnant à la romance. Le ton dramatique s’installe, la fin se dessine à travers de multiples petits détails.  Le pessimisme de Zweig se touche du doigt à certains instants.

Au niveau des acteurs, Rebecca Hall est littéralement sublime en lady. Elle illumine chacune des scènes à ses apparitions. Le regard se pose sur elle pour ne plus la quitter. L’oeil est captivé, il assiste à la métamorphose de l’héroïne à travers ses mots, ses actes et sa garde de robe. Les vêtements de Charlotte/ Lotte perdent de leur éclat avec la distance mise en amour. Le temps produit son effet. Il use les lumières, perd de son éclat. Les images s’en ressentent. Face à elle, deux hommes qui l’aiment, deux hommes différents, deux hommes qui expriment leur affection à leur manière. Friedrich interprété par Richard Madden est tout en retenu. Alan Rickman en mari amoureux fou s’avère bluffant.

La fin se teinte, le voile de Zweig est palpable. Et pourtant, le désir, l’amour froid, la distance laisse place à une bouffée d’espoir. La photographie des sentiments naissants, de l’évolution, du retrait, la tristesse, les retrouvailles, donnent naissance à un tableau poétique, doux, amer, réaliste de la vie et de la romance entre deux personnages qui n’ont pas eu le destin de leur côté. Une promesse a ravi mon coeur. La magie a fait battre des petits papillons dans ma colonne. Une tendresse infinie m’a étreint face à la performance radieuse de Rebecca Hall, à son amour, à sa force. La musique illustre les sentiments avec des magnifiques morceaux. Une très belle adaptation prend son envol, son parti moins sombre, tout en gardant une grosse partie de l’essence de Zweig surprend.

Ma note:

Coup de coeur

9/10

Informations:

Sortie: 16 avril 2014/ Distributeur: Mars Distribution/ Genre: Drame, Romance

Casting:  Rebecca Hall, Richard Madden, Alan Rickman

page officielle Facebook : https://www.facebook.com/pages/Une-Promesse/594536857280220


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