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La sélection de la semaine : Un thé pour Yumiko, Les souliers rouges, Les damnés de Paris, SuperZelda, Les vestiges de l’aube, Yakari, Les idées fixes, Stern gang, Reversal, Guide Paris Itinéraires, Supercondriaque et Les PréZados

Par Casedepart @_NicolasAlbert

yakari-et-ses-amis-animaux-128-l325-h456-cPour ce troisième samedi du mois de mars , Case Départ vous conseille les albums suivants. Parmi eux, il y a quelques belles bandes dessinées. Un très bel album sensible sur le deuil et l’identité : Un thé pour Yumiko, Les souliers rouges : une amitié naissante pendant la Seconde Guerre Mondiale, la recherche d’un enfant abandonnée dans Les damnés de Paris, SuperZelda : une autobiographie de la femme de Scott Fidzgerald,  un album fantastique :  Les vestiges de l’aube, la trente-huitième aventure de Yakari pour ses 40 ans, Les idées fixes : une histoire poétique sur la culpabilité et l’amitié, un album sur des activistes sionistes : Stern gang, le deuxième tome de l’excellent manga très sombre : Reversal, Supercondriaque : l’adaption en bande dessinée du film de Dany Boon, un guide de voyage illustré par Charles Berbérian : Guide Paris Itinéraires et Les préZados : un recueil de strips de Christian Maucler. Bonnes lectures !

Retour aux sources pour Yumiko

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Un thé pour Yumiko est un très joli album sensible sur les thèmes du deuil et de la quête d’identité, de Fumio Obata et paru chez Gallimard.

Londres, 2010. Yumiko, jeune graphiste chef d’entreprise, vit dans la capitale britannique. Arrivée du Japon, il y a quelques années, elle est en ménage avec Mark, un jeune londonien. Appréciant sa nouvelle vie sociale, amoureuse et professionnelle ; elle est heureuse mais ne retourne que rarement dans son pays d’origine ; elle n’a d’ailleurs jamais présenté son fiancé à sa famille.

Invitée à un vernissage d’exposition avec ses deux collègues et son ami, elle est bouleversée par un appel de Hisato, son frère : Masanori, son père, vient de décéder, au Japon, lors d’un accident en montagne. Alors que Mark lui propose de l’accompagner pour les funérailles, Yumiko, très déstabilisée, décide de rejoindre seule son pays.

Plus jeune, son père n’avait pas compris son désir de quitter le Japon et essayait même parfois de lui trouver des maris dans ses connaissances. Il représentait bien ce pays entre modernité et traditions.

Arrivée à Tokyo, Yumiko rejoint alors son frère, sa femme, leur petite fille et leur fils. C’est le début de la préparation des funérailles avec la veillée au temple, le moine qui attribue un Kaimyô au défunt (le nom saint des morts), le cercueil, la crémation…

Le récit tout en pudeur et très subtil de Fumio Obata est très sensible, mettant en lumière les questions d’identité, de filiation, de famille, du déracinement ou la perte d’un être cher. Le personnage de Yumiko, jeune londonienne d’adoption pas si forte qu’elle n’en laisse paraître, voulant rompre avec sa famille, son pays et ses coutumes, réalise ainsi une quête initiatique pour l’épreuve douloureuse du deuil. Comme si ce retour aux sources la faisant passer enfin dans sa vraie vie d’adulte. Le tourbillon du chagrin l’entraîne dans son moi le plus profond. Le délicat trait de l’auteur de L’incroyable histoire de la sauce soja (La Pastèque), souligne avec une infinie finesse cette introspection. Son dessin à l’aquarelle a subi des influences asiatiques mais aussi européennes modernes.

Un thé pour Yumiko : un très bel album sensible et touchant sur le thème du deuil et de la quête de l’identité.

  • Un thé pour Yumiko
  • Auteur : Fumio Obata
  • Editeur: Gallimard, collection Bayou
  • Prix: 19€
  • Sortie:  13 mars 2014

Sous les bombes, une amitié naissante

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En juin 44, Jules fait connaissance de Georges, un exilé russe. Dans cette terre de Bretagne, tout les oppose, l’un est un homme de la terre, l’autre est cultivé. Dans ce premier tome intitulé Georges de la série basée sur des faits réels Les souliers rouges, le lecteur va assister à la naissance de cette belle amitié.

Jules, un jeune homme de 20 ans, habite un petit village breton. Passant ses journées à la pêche ou à la chasse, il revend ses proies au marché noir pour se faire un peu d’argent pendant cette période sombre. Ce jour-là, huit truites, quinze merles et deux écureuils peuvent lui rapporter jusqu’à dix francs. Alors qu’il se rend chez Fanch pour y revendre quelques animaux, il tombe sur Georges Mikelitch, jeune russe en exil à cause de ses idées anti-bolcheviques. Le jeune pêcheur l’accompagne jusqu’à la somptueuse bâtisse du 17e siècle où il doit être logé.

Erudit, le russe parle de nombreuses langues, dont un français impeccable, c’est aussi un puits de sciences en biologie. Jules décide de l’initier à l’art de la pêche et de la chasse. Mais ce qui intrigue le plus le petit breton, ce sont ses souliers rouges : le russe les porte car c’est pour lui le symbole de sa haine des bolcheviques qu’il foule de ses pieds. Ses chaussures portent ainsi le sang de ses adversaires.

Le récit de type classique de Gérard Cousseau est efficace, mêlant l’action et le suspens. Teinté d’un bel humour et d’une belle fraîcheur, il ne laissera pas le lecteur indifférent. Pourtant l’histoire sensible prévue en diptyque  à un peu de mal à démarrer. Les deux héros dont les vies sont très opposées apportent du charme et promettent de belles aventures. Le scénario est basé sur quelques faits réels, l’auteur a pensé à son beau-père qui lui a parlé de Mikelitch (il l’a rencontré après la guerre): un écrivain-poète qui travaillait à un projet d’encyclopédie. Il y a aussi l’ermite ou le milicien qui ont existé. Enfin l’anecdote des souliers rouges est aussi réelle. Si les auteurs ne se définissent pas comme historiens, ils souhaitent raconter une histoire dans l’Histoire. La trame de fond, souvent utilisée, est ici moins prégnante dans le début du récit ; ce petit village semblant presque hors du temps. Gérard Cousseau, connu aussi sous le pseudo de Gégé a confié la partie graphique à Damien Cuvillier ; ils avaient déjà travaillé ensemble sur Les sauveteurs en mer (Vents d’Ouest). Le dessin en couleurs directes est magnifique. Entre Loisel et Gibrat, il compose des planches très équilibrées.

  • Les souliers rouges, tome 1 : Georges
  • Auteurs : Gérard Cousseau et Damien Cuvillier
  • Editeur: Grand Angle – Bamboo
  • Prix: 13,90€
  • Sortie: 05 février 2014

Les damnés de Paris

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Constance, veuve normande, monte à la capitale pour retrouver son fils placé dans un orphelinat. A Paris, elle sera aidé de Darius, petit poulbot parisien et par Gill, le célèbre caricaturiste. Les damnés de Paris raconte cette histoire émouvante et sensible, écrite par Michaël Le Galli et mise en images par Marie Jaffredo.

Gare Saint-Lazare, mai 1869. Constance Deprez débarque de sa Normandie dans une ville qu’elle ne connaît pas. Elle a tout quitté pour retrouver son fils François-Marie. Elle ne connaît personne et ne sait même pas où loger. A la descente du train, l’agent Fouque lui indique un lieu de résidence. Pensant qu’il est un homme de confiance, elle arrive à destination. Là, elle tombe sur la tenancière de la maison qui lui propose une chambre pour 100 francs par mois. La jeune femme lui explique qu’elle n’a pas cet argent et la vielle dame lui réplique qu’elle pourra se prostituer en échange de la chambre. Excédée, Constance quitte l’établissement et se retrouve de nouveau seule dans la rue.

C’est alors qu’elle croise Darius, un jeune orphelin qui gagne sa vie en tant que coursier pour Gill, un célèbre caricaturiste. Alors qu’il partait à l’imprimerie avec des dessins sous le bras, il vient en aide à la jeune femme déboussolée. Il lui propose de venir loger dans une grande maison, tenue par Monsieur Léon, en dehors de Paris, pour 20 francs par mois.

Le jeune garçon et son meilleur ami Argan habitent aussi cette demeure chaleureuse où la solidarité fait loi. Le plus âgé donnant des cours au plus jeune pour qu’il décroche son certificat d’études. Constance propose au poulbot de l’aider dans ses recherches. Ensemble, ils écument, en vain, les différents hospices, hôpitaux et maisons de l’Assistance Publique. Darius décide alors de passer à la vitesse supérieure en demandant aux jeunes orphelins de sa bande, toutes les informations possibles sur François-Marie. Mais l’agent Fouque rôde toujours dans les parages…

A la veille de la Commune, Gill assiste aux réunions publiques de son ami Gambetta. Voulant devenir député, le futur homme fort de la République peut compter sur de nombreux soutiens dont Emile Zola. Le caricaturiste, ému par l’histoire de la jeune femme, tombe sous son charme et décide de l’aider aussi.

Le récit de Michaël Le Galli oscille entre le drame et l’intrigue policière. Teinté d’un bel humour grâce à Darius mais aussi d’un peu de suspens, il met en lumière une ambiance perdue du Paris du 19e siècle. Les personnages nombreux sont vite attachants et agréables : de Constance, veuve éplorée à la recherche de son fils, à Gill, artiste engagé, en passant par Darius, orphelin gouailleur et débrouillard. Ces personnages fictifs se mélangent aux personnages historiques ayant existés (Gambetta, Zola, Renoir, Cézanne ou Manet…). Pourtant cette histoire aurait mérité plusieurs tomes tant les personnages et l’intrigue sont riches et cela aurait permis d’installer plus tranquillement les héros et leur lourd passé. Quelques dialogues auraient aussi mérité d’être plus soignés. Le dessin assez pur de Marie Jaffredo est délicat et réhaussé de belles couleurs. Les costumes et les décors de Paris ont été particulièrement soignés grâce à une grande documentation à partir de photographies. Le très beau travail de l’auteure est visible à partir d’illustrations se trouvant en fin d’album (des recherches et études à partir de tableaux et de photos).

Les damnés de Paris : un bel album sensible, parfois drôle et teinté d’un petit suspens.

  • Les damnés de Paris
  • Auteurs : Michaël Le Galli et Marie Jaffredo
  • Editeur: Vents d’Ouest
  • Prix: 22€
  • Sortie: 12 mars 2014

La folle vie de Zelda,

la femme de Scott Fidzgerald

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SuperZelda est la biographie de Zelda Fitzgerald, épouse fantasque de l’immense écrivain Francis Scott Fitzgerald. Pour mettre en lumière la vie de cette femme libre des Années Folles, Tiziana Lo Porto pour le scénario et Daniele Marotta pour le dessin ont composé cet album.

Alabama, 1900. Le 24 juillet de cette année, naquit Zelda, la fille de Minnie, 40 ans et Anthony, 42 ans. Dans la famille Sayre, le bébé est la dernière d’une fratrie de 4 filles. Prénommée ainsi, son nom vint des deux héroïnes de romans. Petite fille casse-cou, hyperactive et infatigable, elle n’aimait pas l’école dans ses premières années. Au lycée, elle sera pourtant l’une des premières de la classe, ayant de très bonnes notes. Ses parents lui offrirent une éducation plus libre que celle de ses camarades. : elle pourra prendre un verre après l’école, lire de nombreux romans ou se maquiller.

A 16 ans, elle sera remarquée dans un ballet donnée dans l’auditorium de la ville. Elle devient alors une excellente danseuse. Mais elle s’intéressera plus aux garçons, délaissant alors sa passion. Elle s’amusera avec les beaux militaires en permission alors que les Etats-Unis entrèrent en guerre en 1917.

En juillet 1918, elle rencontra dans un bal, le lieutenant Francis Scott Key Fitzgerald, irlandais catholique, né en 1986. Amoureuse exigeante, elle lui dira : « Tu dois me reconquérir à chaque fois que tu me vois ». Libéré de ses obligations militaires, en juin 1919, le jeune homme demandera sa main officiellement. Pourtant, ils se quittèrent, elle resta en Alabama, lui, rentra à New-York où il écrivit son premier roman : L’envers du paradis. Le succès sera immédiat. L’année 1920, sera l’année du début de l’ascension fulgurante de l’écrivain. Ils se marièrent en avril dans la Big Apple. Passant leur lune de miel dans l’Hôtel Baltimore, ils feront la fête et boiront plus qu’il n’en faut.

Le 26 octobre 1921 naquit Frances, confiée directement à une nourrice. Il y a là aussi un couple de domestiques et une blanchisseuse. Et l’année suivante, est alors publié  Beaux et damnés, écrit par Scott et Zelda se voit offrir une tribune dans le Métropolitan Magazine, où elle fera l’éloge de la garçonne : sorte d’antidote contre les maux de la société, ayant essentiellement des amis masculins.

Tout le gratin new-yorkais se donnait fréquemment rendez-vous dans la nouvelle maison de campagne du couple, passant des week-end entiers à faire la fête. Mais en 1924, poussés par la vie devenue trop chère, ils quittèrent l’Amérique pour la France. Ils s’installèrent alors à Saint-Raphaël et Scott débuta alors son roman le plus célèbre : Gatsby le magnifique.

Icône des Années folles et première garçonne assumée, la vie de Zelda Scott Fitzgerald est bouillonnante et passionnante. Le récit trop dense de Tizina Lo Porto, perd quelques fois le lecteur, en voulant donner un maximum d’informations sur peu de pages. Découpé en petits chapitres d’une dizaine de pages, le lecteur n’a pas trop le temps de reprendre son souffle. De cette profusion de folies et d’anecdotes, au final, on ne retient pas grand-chose. Le lecteur semblant parfois plus spectateur qu’acteur de la vie débridée de ce couple singulier. Il est toujours délicat de vouloir raconter la vie d’un personnage célèbre sans en omettre des détails. Très documentée, cette autobiographie est surtout une réussite par ses personnages : d’un côté Francis, un écrivain aimant faire la fête et de l’autre Zelda, exubérante, facétieuse, amusante et voulant dépoussiérer l’image des grandes bourgeoises américaines. Le dessin élégant de Daniele Marotta tient bien son rôle de mise en lumière de la vie de cette femme originale. Réalisées en bichromie, les planches sont parfois un peu trop bavardes et occultent un peu trop les dessins. Les visages des personnages ne sont par ailleurs pas le point fort du dessinateur italien.

  • SuperZelda
  • Auteurs : Tiziana Lo Porto et Daniele Marotta
  • Editeur: Sarbacane
  • Prix: 17,90€
  • Sortie: 5 mars 2014

Rencontre entre un policier et un vampire

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Morts en série est le premier tome de Les vestiges de l’aube, scénarisé par Serge Le Tendre et dessiné par Frédéric Peynet. Adaptation libre du roman éponyme de David S. Khara, il met en scène la rencontre entre un policier new-yorkais et un vampire.

New-York de nos jours. Barry Donovan est un lieutenant de police de Manhattan. Flic sérieux et honnête, il est pourtant rongé par une tristesse profonde : il déprime fortement depuis que sa femme et sa fille ont péri dans les attentats du 11 septembre 2001.

Tous les soirs, il discute sur le net avec Wener Von Lowinsky, un aristocrate cultivé et attentif. L’homme le réconforte et un lien particulier se tisse entre eux. Werner semble très réceptif à la tristesse de Barry, il aurait connu lui aussi une histoire dramatique impliquant sa famille, il y a for longtemps, avant qu’il ne devienne un vampire !

Morts en série est le premier volet du diptyque des Vestiges de l’aube. Le récit plutôt classique de Serge Le Tendre oscille entre le drame, l’action et le polar. Mêlant habilement les trois genre, ce polar fantastique parvient légèrement à tenir en haleine, le lecteur. En effet, l’histoire peine à démarrer et ne convainc pas réellement. Même si duo improbable peut attirer le lecteur par son côté si improbable, entre un être rongé par la tristesse et un vampire par sa mort. L’atout de l’album réside dans le dessin réaliste très fouillé de Frédéric Peynet qui est très efficace et dynamique. Les planches avec les décors de New-York et plus particulièrement ceux concernant le 11 septembre sont magnifiques et très équilibrées.

  • Les vestiges de l’aube, tome 1 : Morts en série
  • Auteurs : Serge Le Tendre et Frédéric Peynet d’après David S. Khara
  • Editeur: Dargaud
  • Prix: 13.99€
  • Sortie: 14 mars 2014

A la chasse à l’orque

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Yakari a 40 ans ! Et ça se fête ! Cette fabuleuse série jeunesse n’a pas pris une ride. Pour sa trente-huitième aventure, le petit indien et son cheval Petit Tonnerre se retrouvent au nord ouest des Grandes Plaines dans un villages de pêcheurs partis à la rencontre des orques.

C’est le printemps. Yakari, sur le dos de Petit Tonnerre, chevauche les plaines. Son regard est attiré par un drôle d’objet : un cercle en bois tressé de fils de laine et orné de plumes. Le rapportant à son campement, le petit indien demande sa signification au chaman ; c’est un attrape-rêves. Ce dernier permet d’éloigner les cauchemars et de bien dormir.

La nuit suivante, dans son songe, le petit garçon aperçoit Claironnant, le cygne migrateur qui lui fait part d’un de ses voyages : une île où des pêcheurs vivant dans des cabanes en bois, chassent de gigantesques créatures marines.

Excité, Yakari raconte son rêve à Arc-en-ciel et lui propose de l’accompagner sur ces terres du Nord. Alors que la petite fille pense que c’est impossible de s’y rendre, son totem Nanabozo, le lapin magicien apparaît. En moins de temps qu’il ne le faut pour le dire, les deux enfants et Petit Tonnerre sont arrivés sur une île de la côte pacifique du Canada. Intrigués par les longues pirogues et les totems sculptés, choses inconnues à leurs yeux, ils aperçoivent quelques hommes Haïdas. Ces chasseurs-pêcheurs sont surpris par Petit Tonnerre, un animal qu’ils découvrent pour la première fois. Pourtant, les animaux n’ont pas de secrets pour eux, surtout les animaux maris : orques, baleines, loutres ou poissons. Mais voilà, les pacifiques loutres ont disparu. Apeurées par l’orque, un animal dangereux et cruel, elles se sont cachées. Yakari et quelques Haïdas partent alors en chasse…

Publiée dans 23 langues, la série Yakari a été vendue à plusieurs millions d’exemplaires. En plus d’un dessin animé diffusée sur France 5, les événements vont se succéder pour célébrer les 40 ans de la série : Salon du livre, Musée du quai Branly, expo rétrospective pour les 50 ans de carrière de Derib pendant le salon d’Aubenas, l’espace jeunesse du Festival de Blois décoré aux couleurs du petit indien et la Poste Suisse qui édite 2 timbres.

Depuis 1974, deux talentueux auteurs donnent vie à cet univers proche de la nature peuplé d’indiens et d’animaux. D’un côté, André Jobin, dit Job, scénariste et de l’autre Claude de Ribaupierre, dit Derib, dessinateur suisse. La belle alchimie du duo permet de créer des albums pour le jeune lectorat d’une très grande qualité tant au niveau des histoires que du graphisme. Les personnages attachants et si originaux permettent aux enfants de s’identifier, de vivre des aventures au travers d’eux (ici auprès des orques et du peuple de pêcheurs Haïdas). Les belles valeurs de la série sont toujours magnifiées par les récits : amitié, entraide, protection de la nature, découverte de soi, ouverture aux autres et au monde qui les entourent. Mais aussi quête initiatique et identitaire, relations parents-enfants, enfants-enfants, dépassement de soi ; peurs et défis à surmonter.

Yakari : une série jeunesse d’une grand constance dans ses récits et ses dessins depuis 40 ans. Longue vie à Yakari, Petit Tonnerre, Arc-en-ciel et leurs amis !

  • Yakari, tome 38 : Yakari et la tueuse des mers
  • Auteurs : Derib et Job
  • Editeur: Le Lombard
  • Prix: 10,60€
  • Sortie: 14 mars 2014

Les idées fixes

les idées fixes
Achille, un ancien fou de la mer, veille sur Adrien, considéré comme l’idiot du village qui entend des voix et reçoit la visite de morts. La vie de ce joli duo improbable est conté par Gabrielle Piquet dans l’album Les idées fixes, paru aux éditions Futuropolis.

Adrien, un homme sans âge, solitaire, erre souvent dans les rues pour raconter à qui veut bien l’entendre, qu’il entend des voix et qu’il reçoit la visite de morts. Alors qu’un petit garçon est assis sur le bord du quai à regarder les bateaux dans le port, l’homme vient lui parler de ces étranges visions. Si l’enfant pense qu’il est douteux, lui se dit exalté et semble trouver du plaisir à se nourrir de choses invisibles. Souvent ses propos ne sont pas très cohérents, parlant par ellipses, tordant et amplifiant la vérité.

Le soir, Adrien ne rentre pas chez lui, parce qu’il n’en a pas ; il loge chez Achille, un homme robuste, ancien marin et enragé de la mer. Alors qu’il a quitté cette univers depuis plus de 20 ans, il veille comme un second père sur l’homme que tout le monde rejette. Les villageois, bien que pensant qu’il n’est pas méchant, ne lui font pas de cadeau. Lui adorant faire peur aux gosses en leur faisant croire qu’il leur coupera les pieds et les mains.

L’ancien marin est tourmenté par une vieille histoire de 20 ans. Ce jour-là, il prêta son bateau, L’Agathe, à une famille de touristes ; mais ni le navire ni la famille ne sont revenus. Depuis, l’homme est resté à quai, ne souhaitant plus naviguer.

Cette terrible histoire refait surface, parce que cela fait 20 ans jour pour jour que l’événement s’est produit. Adrien est extrêmement nerveux et Adrien, lui répète à l’envi que son bateau reviendra, c’est l’âme d’un marin mort qui le lui a dit.

Le récit poétique de Gabrielle Piquet est tout en sensibilité et en délicatesse. Si l’entremêlement des dessins et des dialogues peuvent surprendre et désarçonner quelques lecteurs, il permet de suivre l’album comme un petit fil d’Ariane. Ce tourbillon de sentiments (la culpabilité, la liberté, la joie, la tristesse…) sont bien maîtrisés dans ce bel album onirique. L’auteure de Trois fois rien (Futuropolis, 2007) explore subtilement ses thèmes de prédilection : la fratrie, la famille, les relations humaines et la jeunesse. Le trait à l’encre presque jeté met en valeur les visages de ses personnages. Son graphisme très moderne est composé de très fins et de belles hachures.

  • Les idées fixes
  • Auteur : Gabrielle Piquet
  • Editeur: Futuropolis
  • Prix: 17€
  • Sortie:  6 mars 2014

Bain de sang pour Israël

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Dans l’entre deux-guerres, le combat sanglant du groupe sioniste Stern, préfigure la création de l’état Israëlien en 1948. Ce sujet historique méconnu est mis en lumière par Luca Enoch au scénario et Claudio Stassi au dessin dans l’album coup de poing Stern gang, paru aux éditions La boîte à bulles.

Katamon, banlieue de Jérusalem, le 17 septembre 1948. De faux soldats israéliens attendent le passage de la voiture de Bernadotte, émissaire des Nations Unis pour Israël et soupçonné de pacte avec la Grande-Bretagne.

Alors qu’ils font déguerpir des enfants trop curieux et pour passer le temps, l’un d’entre-eux, Avner raconte ses premières années de lutte auprès de Abraham Stern dit Yaïr, fondateur de Lehi, association d’activistes israéliens qui commirent de nombreux attentats dans le futur pays.

Après la Première Guerre Mondiale, la Palestine est placée sous protectorat de la Grande-Bretagne par la Société des Nations. Alors que la population locale est composée essentiellement de palestiniens, des groupes armés vont tenter de déstabiliser le pouvoir britannique afin de créer Israël, la terre promise des ancêtres ; par des attaques suicides et des attentats contre les anglais et la population locale.

Yehousa Cohen dit Avner (nom donné par les auteurs) s’engage dans la lutte en 1938. Recruté par Rabbi Shamir, futur premier ministre sous le nom de Yitzack Shamir ; il commence par coller des affiches et distribuer des tracts, puis passe à la lutte armée.

A la tête de l’Irgoun, il y a Abraham Stern, élégant homme cultivé, aux idées révolutionnaires et pensant que seule la lutte sanglante pourra faire émerger un état de 10 millions de juifs. Alors que l’union sacrée est décrétée contre Hitler, le fondateur du groupe décide de faire scission et de se consacrer à lutter contre anglais et les palestiniens.

Pour trouver de l’argent, ils cambriolent des banques. Stern est de plus en plus surveillé et doit se cacher dans sa ville de Tel Aviv.

Le récit très documenté et sombre de Luca Enoch ressemble à un bon documentaire vu de l’intérieur par des hommes qui ont fait l’Histoire. Ce pan importante de l’Histoire de la construction d’Israël est souvent méconnue ; la lutte contre le régime nazi occultant la lutte armée contre les anglais. Parfois déroutant parce que la profusion des personnages, les termes et les sigles peuvent perdre le lecteur. L’histoire plaisante, peut se lire comme un bon polar. En effet les actions armées se succèdent à une grande fréquence et les policiers les recherchant, ce qui fait de cet album, un album accrocheur. Le lecture de Stern gang permet aussi d’éclaircir le lecteur sur la situation actuelle des zones de conflits en Palestine ; le passé faisant écho au présent. Le trait vif en noir et blanc de Claudio Stassi est nerveux et éclaire bien ce récit si sanglant.

  • Stern gang
  • Auteurs : Luca Enoch et Claudio Stassi
  • Editeur: La Boîte à bulles
  • Prix: 16€
  • Sortie: 20 mars 2014

Et pour quelques pages de plus…

Pour compléter notre sélection de la semaine, Case Départ vous conseille aussi les albums suivants :

Reversal, tome 2

reversal
En janvier sortait chez Doki Doki, le premier tome du manga Reversal et en voici déjà le deuxième et dernier volume. Ecrit et dessiné par Karakara Kemuri, il met en scène un Tokyo singulier et à l’envers, où Ayame doit se mouvoir entre les revenants et la terreur qui y règne.

Comme Case départ vous l’avez présenté dans le tome 1, le lecteur retrouve Ayame, la jeune maiko geisha, chez elle. Après avoir franchi la porte du sanctuaire de Yasaka, elle se tient dans son lit, sans aucun souvenir.

Au journal télévisé, le présentateur se demande pourquoi il y a encore eu 7 cadavres découverts dans le quartier de Gion le nuit précédente. La police cherchant d’arrache-pied, un dénominateur commun à ces meurtres. Retrouvés dans La Shirakawa, une rivière, Ayame se questionne : sont-ils morts dans le monde inversé ?

Peu rassurée, la jeune femme aimerait que Al, le chien de la voisine puisse lui parler comme dans l’autre monde ou de pouvoir parler à Takayuki, le jeune homme blond qui l’a protégée. Comment terminer ce drôle de jeu ? Une autre joueuse dans la rue, lui donne la solution : mourir. Surtout que ce dernier ne cesse de s’agrandir passant du quartier de Sanjô à celui de Gion, pour bientôt s’entendre à tout la ville. Avant de partir fâchée, la jeune femme met en garde Ayame en ce qui concerne Takayuki, voyant en lui un homme de peu de confiance.

Alors qu’elle part travailler à L’okiya (maison de gheisas) avec sa sœur, elle est happée par l’univers inversé… Rapidement, des revenants l’entourent. Pourtant, ils ne lui font rien. Un petit garçon semble même la comprendre. Sur cette drôle de rencontre, elle recroise Takayuki…

Un grand final en apothéose pour ce deuxième et dernier tome de Reversal. Le récit extrêmement bien maîtrisé de Karakara Kemuri marche sur un fil d’équilibriste avec toujours autant d’aisance : entre un récit agréable à Kyoto où la vie est douce et un monde de morts-vivants violent. Et au milieu, une jeune lycéenne frêle mais très valeureuse, se posant de nombreuses questions sur ce monde inversé, sur elle-même, sur sa propre existence. C’était pourtant la première fois que l’auteur s’essayait à une histoire sombre et avait pour personnage principal un jeune femme, ce qui n’était pas dans ses habitudes de mangaka. Pari plus que réussi puisque ce manga en deux volumes est saisissant, brute de décoffrage mais allie aussi une grande sensibilité.

  • Reversal, tome 2/2
  • Auteur : Karakara Kemuri
  • Editeur: Doki Doki
  • Prix: 7,50€
  • Sortie: 12 mars 2014

Guide Paris Itinéraires

paris
Fin 2009, Casterman et Lonely Planet lancent une nouvelle collection de guides de voyages : City Guide Itinéraires. Elle met en valeur les métropoles majeures des pays par le prisme d’illustrations d’auteurs de bande dessinée.

Pour ce dixième titre, le Guide Paris Itinéraires est écrit par Olivier Bauer, journaliste et illustré par Charles Berbérian. Ce guide est divisé en chapitres thématiques :

- Au fil de la Seine, le Paris historique : du Pont de Grenelle à l’Institut du Monde Arabe. Tour Eiffel, Statue de la Liberté, Le Grand Palais ou les Invalides.

- Belleville : du métro Belleville à l’Eglise Saint-Serge. Une virée du Parc à la Villa de l’Ermitage en passant par Les Buttes-Chaumont.

- Canal Saint-Martin. Du port de l’Arsenal aux Laboratoires d’Aubervilliers. Une escapade de la Place de la Bastille à l’Hôtel du Nord en passant par la Librairie La rubrique à bulles ou à la Cité des Sciences et de l’Industrie.

- Le long de la ligne 2 : De la Place de la Nation à la Porte Dauphine. Une promenade du cimetière du Père Lachaise à la Place du Colonnel Fabien ou le square Bashung.

- Itinéraire rétro : Du Passage Puteaux au Passage Bourg-L’abbé. Le visiteur empruntera les différents passages : passages des Jacobins et de Choiseul, mais aussi les différentes galeries : Vivienne, Colbert, des Variétés. Ainsi qu’un portrait du baron Hausmann.

- Sucré salé. Du musée Carnavalet à la Place de la Madeleine.

- Promenade cinéphile. De la place de la Concorde à la rue Champollion. Sur les traces des différents lieux de tournages de films ou les différentes salles de projection mythiques dans la capitale.

- La BO de Paris. Du métro Anvers à la rue des Lombards : cabarets, salles de spectacle, radios, clubs…

- Montmartre. De la galerie W à la place des Abbesses. Une escapade vers le Lapin agile, le musée de Montmartre, le funiculaire, le Sacré-cœur ou la place du Tertre.

- Rive gauche. De l’angle de la rue Tolbiac et de l’avenue de France à la porte de Plaisance. Une promenade vers la Bibliothèque Nationale de France, Jardin des plantes, le Panthéon, les jardins du Luxembourg ou La Ruche.

Pour déambuler, flâner ou errer sans but précis, voilà un guide touristique original où les lieux célèbres se mêlent à ceux plus insolites, plus pittoresques. En plus de ces différents endroits, Olivier Bauer s’arrête sur quelques anecdotes historiques. Côté graphisme, Charles Berbérian met sa plume au service de ce livre. Le trait tout en finesse de l’auteur de Monsieur Jean (avec Philippe Dupuy) est toujours aussi élégant et rend parfaitement l’ambiance un peu rétro de cet album. Les illustrations sur demi-page à l’encre mettent bien en valeur le texte et rendent hommages à Paris, il y instille des clins d’œil aux acteurs. Chaque tête de chapitre est agrémentée d’un dessin sur double-page. A noter qu’un cahier graphique de 16 pages est adossé à ce guide.

  • Guide Paris Itinéraires
  • Auteurs : Olivier Bauer et Charles Berbérian
  • Editeur: Casterman et Lonely Planet
  • Prix: 16€
  • Sortie: 26 février 2014

Supercondriaque

supercondriaque
Après les adaptations en bande dessinée des films à succès Bienvenue chez les ch’tis et Rien à déclarer, voici le troisième album issu d’un scénario de Dany Boon, Supercondriaque. Adapté par Pierre Veys et mis en image par Geoffroy Rudowsky, le récit conte les aventures de Romain, photographe et grand hypocondriaque et de son ami le docteur Zvenska.

Romain Flaubert, 39 ans, célibataire, se retrouve dans une ambulance le soir de la Saint-Sylvestre. Pourtant il est accepté aux urgences alors qu’il n’a absolument rien. Mis dehors manu militari, c’est son meilleur ami Dimitri Zvenska, médecin, qui vient le chercher. Mais, il est lassé du côté hypocondriaque du photographe. En effet, avant de se retrouver à l’hôpital, il était invité à une soirée du nouvel an chez ses amis, Anna et son mari docteur.

Le lendemain, croisant des infirmières, il ne peut s’empêcher de se laver les mains avec un gel hydro-alcoolique à chaque fois qu’elles lui disent bonjour. Se faisant une IRM tout seul, il débarque même dans le cabinet de son meilleur ami pour lui annoncer qu’il est gravement malade.

Photographe pour un dictionnaire médical, il doit prendre des clichés de personnes malades ; c’est très dur pour lui. Il se protège d’ailleurs beaucoup lors de ces séances.

En soirée, Romain a même eu peur d’avoir tué Marc, un de ses amis, en lui ayant fait avaler de l’aspirine dans un cocktail à base d’alcool. L’homme avait fait une rupture d’anévrisme foudroyante. Effondré par ce drame, il se met à boire, au grand dam de Dimitri.

Le récit drôle de Pierre Veys est fidèle au scénario du film de Dany Boon, sortit en salles le 26 février. Les personnages sont bien campés et Romain est fou et détestable à souhait avec ses tocs multiples. Le story-board est signé Frédéric Coicault et les planches Geoffroy Rudowski. Les caricatures des acteurs (Dany Boon ou encore Kad Mérad) sont assez fidèles. Le dessin de l’auteur de Débilbo le hoplite (Soleil, 2012), est efficace, proche de la veine de auteurs Spirou ou Fluide Glacial.

Supercondriaque : un album simple et efficace pour passer un moment de lecture-détente sans se prendre la tête.

  • Supercondriaque
  • Auteurs : Pierre Veys, Geoffroy Rudowski et Frédéric Coicault
  • Editeur: Delcourt
  • Prix: 10,95€
  • Sortie: 26 février 2014

Les PréZados

BD Phil et Sof couverture
Prépubliés dans l’hebdomadaire Le journal des enfants (appartenant au quotidien L’Alsace, 45000 abonnés) depuis une quinzaine d’années, les strips de Phil et Sof sont compilés dans l’album Les PréZados de Christian Maucler. Traitant avec humour de la thématique de la période de l’adolescence, l’auteur met en scène ses deux personnages favoris dans des situations de la vie quotidienne. Pour le plus grand bonheur des lecteurs, ils retrouvent le petit couple dans des scènes cocasses.

D’un côté, Phil, le jeune ado, est un adepte des jeux vidéos, mais Sof n’est pas trop dans le même état d’esprit et s’amuse à éteindre la télévision alors qu’il y joue. Mauvais élève, il préfère la télé, s’amuser ou les ordis.

Roi de la crêpe, il aime aussi les faire tourner. Attention les yeux et le plafond.

Il aime aussi peindre, au détriment de son amie qui n’apprécie pas trop le portrait qu’il a fait d’elle.

Jaloux, l’ado n’aime pas quand Sof va se promener avec un certain Valentin.

De l’autre, Sof, une ado plutôt réfléchie. Elle attend impatiemment l’arrivée de son très beau prof de maths. Au volant de sa voiture, c’est une vraie catastrophe. Vraie petite ado, elle aime aussi les nouveaux chanteurs de la Star faculty, au grand dam de Phil qui en est jaloux. Fière, elle ne peut pas avouer que l’eau de la vaisselle est trop chaude, elle donnerait alors raison à son petit ami.

Sous forme de strips souvent amusants, Christian Maucler donne sa vision de l’adolescence. Jamais méchantes, les petites scénettes permettent de mettre en lumière ses deux héros d’une manière humoristiques. Ciblé pour les enfants dès 7/8 ans, l’album donnera des instants de lecture-plaisir. Graphiquement proche des histoires publiées dans J’aime Lire ou feu Mikado, dans les années 80, donc un peu datées, l’auteur haut-savoyard laisse une grande place à ses personnages dans les vignettes et ne surchargeant pas de décors, pour plus de fluidité dans la lecture.

  • Les PréZados
  • Auteur : Christian Maucler
  • Editeur: Tartamudo
  • Prix: 14,90€
  • Sortie: janvier 2014

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