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Her - Critique

Par Nopopcorn @TeamNoPopCorn

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Une love story 2.0 dans la réalité augmentée entre deux êtres singuliers...

Her, c'est Samantha (Scarlett Johansson), intelligence artificielle capable d'évoluer avec ses expériences, programmée pour assister Théodore Twombly (Joaquin Phoenix), un homme perdu depuis sa rupture sentimentale avec sa femme, Catherine (Rooney Mara)... Her, c'est le nouveau long-métrage de Spike Jonze (Adaptation, Dans la peau de John Malkovich...), qui a déjà remporté le Golden Globe du meilleur scénario original, et été nominé aux oscars pour 5 récompenses dont meilleur film et remporté celui de la catégorie meilleur scénario original.
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Le(s) plus

Her est écrit et réalisé par Spike Jonze, gage de qualité, d'autant plus quand on aime les histoires originales. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'une fois de plus sa créativité est au rendez-vous ! Le scénario de ce long-métrage à l'histoire atypique est maitrisé, très bien construit et la mise en scène est brillante!

Côté casting, Joaquin Phoenix est excellent dans son interprétation d'un homme déprimé, grincheux et lunatique, qui ne rêve que de joie et de gaité. Il est sincère et touchant. Scarlett Johansson, la voix de Samantha, délivre toute une palette d'émotions (de la joie à la tristesse, en passant par la colère, la peur, la frustration...) qui transparait dans ses intonations, rythmes et variations de voix.... Une performance que de faire passer des émotions sans être vue ! La relation entre Samantha et Théodore est délicate, sensuelle (notamment pendant cette scène très hot de sexe par oreillette), touchante. On sent chez ces deux protagonistes l'envie de vivre une histoire sincère, authentique, où chacun peut se livrer à l'autre sans craintes, sans tabous, sans peur du jugement... Et c'est très beau !

Le spectateur se sent impliqué dans cette romance et s'attache aux personnages, même si Samantha n'est pas humaine, on ressent beaucoup d'empathie pour elle. Elle possède à la fois un savoir encyclopédique et la capacité à être naïve, candide, à s'émerveiller comme une enfant qui découvre. Elle va transformer la vie de Théodore comme il va changer la sienne... Et selon Spike Jonze " l'amour, c'est une rencontre avec l'autre, dont le regard vous inspire, vous bouscule, vous permet de vous découvrir sous un nouveau jour."

Au travers de cette romance, plusieurs thèmes sont abordés. L'isolement social, lié au développement des technologies pour commencer. Parce que finalement, bien qu'on vive dans une société hyper-connectée, à l'Ère du réseau social où tout le monde peut aborder tout le monde via internet, les gens sont de plus en plus seuls (la recherche de compagnie amène d'ailleurs parfois à des situations cocasses, tout comme la scène avec Sexy kitten, interprétée par Kristen Wiig, très amusante et étonnante)... Et cette solitude est très bien illustrée au travers du personnage de Théodore, même au milieu d'une foule, il est seul. La mise en scène de Spike Jonze le filme d'ailleurs très bien, en nous montrant des plans vus du ciel de Los Angeles, avec tous ces individus, qui avancent à grande vitesse, sans vraiment prendre le temps de se poser pour être bien avec soi-même ou avec les autres.

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Un autre thème abordé, notamment au travers de la relation de Théodore et son ex-femme, Catherine (Rooney Mara), est celui de l'évolution de l'individu au sein du couple. Leur séparation pose la question de savoir comment deux individus, dans une époque qui évolue si vite, changeant eux-mêmes, peuvent continuer à évoluer ensemble et à s'aimer ? Il est vrai que les gens changent, pas toujours pour aller dans la même direction et, parfois, chacune des parties du couple ne trouve plus sa place dans le couple, à l'image d'Amy (Amy Adams) qui, après avoir passé de nombreuses années à se conformer aux attentes de son mari, finit par vouloir être ELLE, tout simplement...

Enfin, la singularité du couple Théodore - Samantha évoque la question de la différence. Peut-on s'aimer et faire perdurer son couple quand tout nous oppose ?

Côté technique, la photographie est sublimée par une grande luminosité et des couleurs exacerbées. La plupart des scènes ont été tournées en décors naturels et ça se ressent ! L'intrigue se déroule dans un Los Angeles idéale où il fait bon vivre. Les décors intérieurs sont épurés et très esthétiques. A cela, s'ajoute une BO d'inspiration pop baroque, rock alternatif et indépendant, orchestrée par Arcade Fire et le compositeur Owen Pallett. Très douce et mélodieuse, elle nous enivre... Et une mention spéciale à Scarlett Johansson et Joaquin Phoenix, interprétant The Moon song, c'est un délice!

Le(s) moins

Les quoi ???

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Conclusion

Her, plus qu'une magnifique romance, pose une véritable question de société, quel futur pour l'amour dans une époque où tout évolue tellement vite ?
Cette love story singulière est un hymne à la beauté, la sincérité, l'authenticité qui émane d'une relation partagée par deux êtres qui se trouvent, comme une évidence.
Spike Jonze réussit de nouveau à étonner, bousculer les codes de la conformité, et on en redemande !

Ma note: 9/10


Her

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Synopsis : "Los Angeles, dans un futur proche. Theodore Twombly, un homme sensible au caractère complexe, est inconsolable suite à une rupture difficile. Il fait alors l'acquisition d'un programme informatique ultramoderne, capable de s'adapter à la personnalité de chaque utilisateur. En lançant le système, il fait la connaissance de 'Samantha', une voix féminine intelligente, intuitive et étonnamment drôle. Les besoins et les désirs de Samantha grandissent et évoluent, tout comme ceux de Theodore, et peu à peu, ils tombent amoureux…"
Réalisé par: Spike Jonze / Avec: Joaquin Phoenix, Scarlett Johansson, Amy Adams / Genre: Drame, Romance, Science fiction / Nationalité: Américain / Distributeur: Wild Bunch Distribution
Durée: 2h06min / Date de sortie: 19 mars 2014
Plus d'informations !

  • Les Anecdotes !


    Avec Her, Spike Jonze réalise son quatrième long métrage de fiction après Dans la peau de John Makovich (1999), Adaptation (2002) et Max et les maximonstres (2009). Le metteur en scène ne reste cependant pas inoccupé entre deux longs, puisqu'il a à son actif de nombreux clips musicaux et autres documentaires.

    Avec Her, c'est la première fois que Spike Jonze officie en solo sur un scénario. Réalisateur, producteur et scénariste de son quatrième long-métrage, le touche-à-tout prête également sa voix à Alien Child, une créature de jeu vidéo particulièrement grossière.

    Spike Jonze a contacté Joaquin Phoenix une semaine après avoir achevé le scénario de Her. Alors en tournage sur The Master de Paul Thomas Anderson, l'acteur s'est dit "fasciné" par l'histoire et a pris plaisir à "voir le projet prendre forme".

    Carey Mulligan n'arrête pas d'enchaîner les gros projets en 2013. Entre les plateaux des films de Baz Luhrmann (pour Gatsby le Magnifique) ou des frères Joel et Ethan Coen (pour Inside Llewyn Davis), elle aurait pu intégrer le casting de Her. Mais pour des conflits de planning, le rôle initialement prévu pour elle - celui de Catherine, l'ex-femme de Theodore (Joaquin Phoenix) - a été confié à une autre actrice montante : Rooney Mara.

    Her est nommé dans cinq catégories à la 86ème cérémonie des Oscars : Meilleur film, Meilleure musique, Meilleure chanson, Meilleur décor et Meilleur scénario original. Le quatrième long-métrage de Spike Jonze a déjà remporté le Golden Globes du Meilleur scénario.

    Même si elle n'incarne "que" la voix du système dont Joaquin Phoenix tombe amoureux - un pendant de Siri, l'application de commande vocale d'Apple - Scarlett Johansson a remporté le Prix d'Interprétation Féminine au 8ème Festival International du Film de Rome, en novembre 2013.

    Le comédien Chris Cooper aurait pu apparaître pour la troisième fois consécutive dans un film de Spike Jonze. Présent sur le tournage de Her, il a joué un petit rôle pour le metteur en scène qui lui avait déjà fait confiance sur Adaptation (2002) et Max et les maximonstres (2009). Cependant, sa scène a été coupée au montage final.

    C'est la troisième collaboration entre l'actrice américaine Catherine Keener et le réalisateur Spike Jonze, après Dans la peau de John Malkovitch (1999), Adaptation (2003) et Max et les maximonstres (2009). Dans Her, son fidèle collaborateur lui offre une petite apparition et le nom de l'actrice figurera même dans les crédits du générique.

    Alors qu'il tournait Her le jour, Spike Jonze travaillait la nuit sur la dernière réalisation des Jackass, Bad Grandpa, projet sur lequel il officiait en tant que scénariste et producteur. Le touche-à-tout a même failli être acteur dans cette comédie déjantée, puisqu'il a tourné des scènes où il jouait Gloria, une prostituée de 90 ans. Mais malheureusement, ses scènes seront coupées au montage.

    A l'origine, ce n'est pas Scarlett Johansson qui devait prêter sa voix à l'intelligence artificielle dont Joaquin Phoenix tombe amoureux, mais Samantha Morton, qui a enregistré des scènes mais dont la voix sera remplacée après le tournage par manque d'alchimie entre les deux acteurs. L'actrice britannique sera néanmoins créditée dans le générique en tant que productrice associée.

    Spike Jonze dédicace Her à quatre de ses collaborateurs et complices qui ont disparu : l'acteur James Gandolfini (qui a prêté sa voix à Carol dans Max et les maximonstres), Maurice Sendak (l'auteur du livre pour enfants "Max et les maximonstres"), le directeur de la photographie Harris Savides (qui a inspiré l'aura romantique de "Her") et le musicien et réalisateur Adam Yauch (ami et membre des Beastie Boys).

    Ecrite par Karen O, la chanson originale du film "The Moon Song" est interprétée par Joaquin Phoenix et Scarlett Johansson à un moment crucial de leur relation puisque Theodore et Samantha vont se rapprocher l'un de l'autre durant leur excursion à la montagne. Karen O est la chanteuse du groupe Yeah Yeah Yeahs et avait déjà composé la musique de Max et les maximontres. Cette collaboration lui avait valu en 2009 une nomination aux Golden Globes et aux Grammy. Le titre "The Moon Song" est quant à lui nommé dans la catégorie Meilleure chanson originale aux Oscars 2014.

    Avant son final cut, Spike Jonze a demandé conseil à des amis, notamment aux réalisateurs David O.Russell et Steven Soderbergh, pour que ces derniers confient leurs impressions sur la première version du film. Soderbergh, très impliqué dans sa mission, a rendu sa copie le lendemain avec des coupures radicales : "Il a eu le film un jeudi, et en 24 heures il a raccourci la durée de 2h30 à 90 minutes. (...) C'était incroyablement généreux de sa part, et il nous a donné la confiance de faire l'impasse sur quelques scènes que je n'étais pas prêt à abandonner auparavant. Bien que nous n'ayons pas utilisé l'intégralité de sa coupe, nous avons pu faire des connexions entre des scènes." La réorganisation des séquences par Steven Soderbergh a fait son chemin dans le final cut de Spike Jonze, même si la responsabilité revenait aux monteurs Eric Zumbrunnen et Jeff Buchanan.

    Joaquin Phoenix et Olivia Wilde, qui joue le rencart de Theodore, une jeune femme exquise mais trouble, ne se sont pas rencontrés avant le tournage du film : "Spike tenait à ce qu'on ne se voie pas avant de nous retrouver sur le plateau pour qu'on conserve intacte la fébrilité liée à un rendez-vous avec un inconnu", raconte l'actrice.

    Spike Jonze explique que le réalisateur Woody Allen a eu une grande influence sur le scénario de Her : "Un des films que j'ai visionné quand j'écrivais fût "Crimes et Délits" parce que ce script est incroyablement bien écrit".

    Spike Jonze s'est tourné vers le groupe Arcade Fire pour la composition musicale de Her. Le réalisateur est un ami de longue date du groupe et s'est alors référé à Win Butler, le leader du groupe de rock montréalais, qui plus est passionné par le cinéma, la science-fiction et les musiques de films. Le réalisateur avait en tête une bande son électrique mais pas électronique, et surtout, qui n'incarnerait pas la technologie contemporaine mais plutôt un quotidien en ébullition : "Arcade Fire a commencé à écrire la partition pendant le tournage, si bien que je m'en servais parfois sur le plateau (...) J'envoyais aux musiciens des photos et des rushes, et ils me renvoyaient jusqu'à 50 morceaux à la fois, qu'on retravaillait ensemble. Du coup, la composition de la musique et le tournage du film se sont nourris mutuellement".

    Pour incorporer les flash-backs de la relation entre Theodore (Joaquin Phoenix) et son ex-femme Catherine (Rooney Mara, avec qui il est en instance de divorce), Spike Jonze a rédigé une vingtaine de scènes représentant de petits morceaux de la vie d'un couple : "J'ai écrit sur quoi allait porter les scènes, ce que les personnages se disaient. Mais je n'ai cependant pas écrit un dialogue spécifique. Cette méthode m'a été inspirée par la façon dont Terrence Malick travaille, ou du moins les histoires que l'on m'a laissé entendre sur sa façon de fonctionner." Au final, le réalisateur a donné des pistes aux comédiens mais leur a laissé une marge de manoeuvre dans leur jeu d'acteur.

    Le scénario de Her a eu le temps de mûrir dans la tête de Spike Jonze. Il y a une dizaine d'années, le réalisateur pianote sur Internet et tombe sur un article évoquant un programme d'intelligence artificielle : "Cela parlait de la messagerie instantanée générés par intelligence artificielle. Je me suis connecté à ce système (...) Nous avons discuté pendant un moment, et j'ai alors pris conscience que j'étais en train de parler à un ordinateur qui m'écoutait et qui me comprenait." Mais il se rend compte rapidement que le dispositif est primitif et son vocabulaire assez limité : "(...) Le système ne faisait que répéter ce qu'il avait entendu antérieurement, il n'était pas intelligent, il s'agissait uniquement d'un logiciel sophistiqué." Allant plus loin dans sa démarche, il s'est demandé ce qu'il se passerait si un tel programme était pourvu de sensibilité et pouvait développer des sentiments amoureux.

    L'ambiance de Her mélange un futur rétro, un style des années 30 - le personnage de Theodore porte une moustache et des pantalons tailles hautes - conjugué à une vie moderne où un homme dialogue avec une intelligence artificielle. Selon Casey Storm, le costumier, Spike Jonze avait la figure de Theodore Roosevelt en tête quand il a créé les contours du personnage de Joaquin Phoenix : "Quand nous avons mis en place les règles de ce monde que nous avons créé, nous avons décidé qu'il serait préférable de puiser dans des choses déjà existantes plutôt que d'en ajouter." Au final, il n'y a aucun jean dans le film, ni casquettes de base-ball, ceintures et encore moins de cravates. Même les revers et les cols ont disparu : "Je pense que l'absence de ces choses crée un univers unique".

    Le directeur de la photographie Hoyte Van Hoytema a déclaré qu'il s'était particulièrement attaché à faire disparaître la couleur bleue du long-métrage. En effet, le réalisateur souhaitait un rendu visuel bien spécifique, une identité propre traduite notamment à travers une gamme chromatique de couleurs chaudes, comme le rouge, quasi présent dans chaque image. Pour la photographie du film, Spike Jonze raconte s'être inspiré de l'ambiance chaleureuse et colorée d'un décor plutôt singulier : la chaîne de smoothie californienne Jamba Juice. Dans Max et les maximonstres (2009) déjà, le duo avait supprimé la couleur verte de la photographie.

    Le chef décorateur de Her, K.K. Barrett, a eu pour mission de faire en sorte qu'aucune voiture ne figure à l'écran. Difficile quand on sait que le film a pour décor la ville bouillante de Los Angeles où la circulation est dense. C'est pourquoi ce dernier est allé chercher son inspiration ailleurs, dans le district de Pudong, le quartier des affaires de Shanghai, célèbre pour ses passerelles pour piétons qui surplombent les axes routiers : "On y trouve des gratte-ciels, les rues sont droites et larges, les bâtiments sont élégants et tout est flambant neuf. Il y avait donc là un mélange harmonieux, dont plusieurs éléments étaient récents. Et Los Angeles aime l'avant-garde. J'avais le sentiment que si la ville se développait dans cette direction esthétique, elle ressemblerait à ça", détaille Spike Jonze.

    Malgré un sujet moderne et un personnage en forme d'intelligence artificielle, Her n'a quasi pas eu recours aux effets visuels : "On a ajouté des immeubles et on a enlevé quelques panneaux sur certains gratte-ciels, et on aperçoit un jeu vidéo holographique sur lequel Theodore joue dans son salon, mais sinon, on a utilisé peu d'effets, surtout pour un film qui se déroule dans le futur", a déclaré le réalisateur. La plupart des décors utilisés sont réels et l'équipe du film n'a pas abusé du fond vert, de sorte qu'il a fallu que l'équipe s'adapte à la météo : "On a cherché des intérieurs baignés de lumière naturelle. Cela a créé une difficulté supplémentaire puisqu'il fallait qu'on planifie le tournage en fonction de la lune et du soleil et que K.K. a dû aménager ces espaces existants."

Et vous qu'avez-vous pensé du film Her ?

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