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Quel effet ça fait… d’être à Sciences-Po ?

Publié le 28 mars 2014 par Wtfru @romain_wtfru

WTFRU vous ouvre les portes de cette institution qui rassemble Sciences-Po Paris ET les 8 Instituts d’études politiques de Province, n’en déplaise aux puristes Parisiano-centristes. Voici quelques petits portraits sociologiques de têtes croisées « à l’IEP ». Second degré requis.

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Le mec engagé
Avoir vingt ans et en paraître quarante, l’exploit est réalisable à l’aide d’un costume 3 pièces, d’une serviette en cuir et de chaussures pointues. Sans déconner les gars, les chaussures pointues…
Au mieux, c’est une apparence de banquier sympa, au pire un look de mauvais VRP vendant des fenêtres en région PACA. Les hommes à costard à Sciences-Po sont de deux sortes : ils préparent l’ÉNA ou ils sont engagés, sous-entendu dans un syndicat étudiant ou un parti. Évidemment, ils tendent à tout rapporter au politique dans leur discours très partisan. Face aux interrogations de certains quant à l’intérêt de porter une cravate pour venir en cours, il ne sait que relativiser sa tenue en en dévalorisant la prétention comparé à ses « habits ministériels ». Même la traversée du hall, avec son inévitable bal de poignées de mains, ressemble à une campagne électorale pour lui.

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Le sportif
Le sportif déambule dans les couloirs de l’IEP en portant de manière ostentatoire un sac de sport en bandoulière. De cette façon il représente, il revendique un nom, une équipe. Car le fait de pratiquer un sport co dans une équipe de Sciences-Po, donne accès aux soirées qui correspondent à une crédibilité certaine auprès des Pom-poms, et à l’instant annuel de gloire de tous les IEP de France : le CRIT. Aka Le Critérium, cet événement festivo-sportif rassemble 3000 sciences-pistes de France pendant trois jours. L’occasion de se disputer le titre de « meilleur IEP de France » dans chacun des sports, du rugby à la pétanque en passant par le volley ou la sokatira. Loin d’être un foudre de guerre en terme de productivité scolaire, il s’exprime mieux ballon en main que plume aux doigts, et préfère les terrains aux amphis. Devant l’insistance de ses congénères pour les accompagner pour bosser à la B.U, il répond d’un ton placide : « Je peux pas, faut que j’aille pousser à la salle. »

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La féministe relou
Elles sont légion dans le microcosme qu’est Sciences-Po. Une petite armée revendicatrice et pugnace, qui a la tendance inquisitrice à brandir en étendard le mot « fasciste » à qui s’oppose à ses vues, pourtant nobles. La tolérance, oui mais pas trop.
Stratégiquement réparties, elles quadrillent le territoire des diverses promos, et il y en a forcément une dans chaque classe. À chaque cours il faut compter sur sa question injustices/minorités opprimées. Parce que les inégalités, c’est trop pas cool. Certaines affirment leur côté roots, marqué par le port du kéfier, du sac Quechua et des chaussures de randonnée, et veulent faire le bien autour d’elles. Et changer le monde, cela commence en organisant une vente de bouffe avec de la salade de quinoa et des graines de soja. D’ailleurs leur stand de bouffe reste le meilleur de l’IEP, preuve qu’elles sont mieux en cuisine*.

*ceci était une blague sponsorisée par Éric Zemmour.

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Le blasé
On se demande bien ce qu’il fout là. Lui aussi se le demande. Le désenchantement a rapidement pris le pas sur l’euphorie d’être « entré dans la maison », ou d’avoir passé le concours. Un peu agoraphobe, lui et ses autres potes blasés ne viennent pas trop à l’IEP, car c’est so 2010. Il ne se sent pas à l’aise, entre les visages trop familiers et les cours trop peu intéressants à son goût. Le blasé n’est jamais content et n’hésite pas à cracher dans la soupe, reprochant à l’institution son manque d’attractivité ou sa volonté de formater les esprits. Même les soirées du BDE sont clairement trop mainstream pour lui : « Non je viens pas, j’ai un concert d’un groupe de jazz serbo-croate organisé par Radio Nova ».

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La bourgeoise
Si Sciences-Po est l’école de la méritocratie, c’est aussi l’espace de toutes les reproductions sociales et culturelles. Big-up à Pierre Bourdieu. On y retrouve une large part de fils d’avocats, de chefs d’entreprise, de médecins. La bourgeoise trouve ainsi une place évidente parmi les stéréotypes de sciences-pistes. Non consciente d’être condescendante, elle affiche ostensiblement son Mac, sa particule et, quand le soleil pointe, ses Clubmaster. D’un dédain hautain, ses propos vous rabaisseront à votre condition de pauvre mortel :
« Et toi la recherche de stages, ça avance ?
- Non je galère un peu, j’ai seulement un plan pour la BNP Paribas. »
En vacances d’été au Cap Ferret, en hiver à Courchevel, elle adore être dans un IEP de Province parce que, « la province, c’est tellement pittoresque ! ». Mais on l’aime bien la bourgeoise ; quoiqu’on la pense un peu farouche, elle pourrait pourtant vous surprendre.

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La bonne élève
On vous voit venir avec vos a priori : « Azy, à Sciences-Po vous êtes tous des intellos t’sais ! ». Et bien non, sachez qu’il y a aussi des glandeurs. La bonne élève, elle, est toujours là pour répondre aux interrogations sur le mur de la promo, pour renseigner quelqu’un sur une formalité administrative, ou préciser au prof qu’elle a bien lu les lectures recommandées sur l’ENT. Souvent volontaire pour passer à l’oral et présente à tous les amphis (même celui du vendredi à 8h), son exigence n’a d’égale que son assiduité ; mais on souffre pour elle. À force de faire des plans détaillés, elle vit, mange et pense en deux parties et deux sous-parties. Meuf, détends-toi, viens boire une bière.

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Le mec populaire
Si le cumul des mandats est une question préoccupante en politique, il pourrait l’être tout autant dans le milieu associatif de Sciences-Po. Car il y a toujours un hyperactif pour être à la fois au BDE, dans plusieurs équipes sportives, l’asso écolo, le journal de l’IEP, l’asso des Erasmus, le club de tricot, etc. Autant de fonctions qui lui donnent une légitimité pour un éventuel droit de cuissage, lui aussi cumulatif. Le mec populaire aime la reconnaissance. Il n’aura pas de scrupules à faire son auto-promo via une asso, à s’accaparer un succès, à « engranger ses likes ». Il communique, il organise, il participe, (il saoule?). En tout cas, tel un Narcisse des amphithéâtres, il s’abreuve du reflet glorifiant que lui renvoient ses camarades de promo.

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