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Critique Ciné : La Crème de la Crème, école de l'offre et la demande

Par Delromainzika @cabreakingnews

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La Crème de la Crème // De Kim Chapiron. Avec Thomas Blumenthal, Alice Isaaz et Jean Baptiste Lafarge.


Et si la loi de l’offre et de la demande pouvait aussi s’appliquer aux rapports humains ? C’est en tout cas le postulat de départ de La Crème de la Crème, le dernier film de Kim Chapiron. Le réalisateur du brillant Dog Pound et accessoirement de Sheitan, porte ici un regard assez intelligent sur la jeunesse d’aujourd’hui sans jamais tomber dans les clichés du genre. En effet, l’école de commerce n’est pas traité comme un lieu où il faut faire de la comédie mais comme le lieu d’un marché. L’école se transforme en temple de la consommation et le film cherche aussi à parler des rapports humains et du fait que même si le sexe est important, au fond tout le monde finit par chercher l’amour. Le milieu est en plus de ça dépeint de façon intelligente sans jamais vouloir trop en faire. Alors que la France n’a pas l’habitude de parler de sa jeunesse de façon aussi brillante, Kim Chapiron devient un vrai précurseur du film de campus dans l’Hexagone. En plus de ça, le réalisateur et scénariste injecte dans son film pas mal de vérités tout en étant assez subversif et drôle à la fois. Par moment on a même l’impression de dépasser le cadre de la fiction et de plonger dans une sorte de documentaire.
Dan, Kelliah et Louis sont trois étudiants d'une des meilleures écoles de commerce de France. Ils sont formés pour devenir l’élite de demain et sont bien décidés à passer rapidement de la théorie à la pratique.
Alors que les lois du marché semblent s’appliquer jusqu’aux relations entre garçons et filles, ils vont transformer leur campus en lieu d’étude et d’expérimentation.
La crème de la crème de la jeunesse française s'amuse et profite pleinement de ses privilèges : tout se vend car tout s’achète… mais dans quelle limite ?
L’histoire de La Crème de la Crème est assez fascinante car elle aurait très bien pu être complètement ratée. C’était un risque à prendre mais Kim Chapiron a su déjouer les pièges en mettant en scène ce que l’on apprend très justement aux étudiants dans les écoles de commerce, tout cela pour montrer un petit empire de la prostitution au sein même des grandes écoles. Le regard sur la jeunesse est aussi fourbe que vrai. Car mine de rien, nos trois proxénètes en herbe ne cherchent pas qu’à s’amuser, ils cherchent aussi l’amour. Et les deux garçons de l’histoire vont se heurter au problème des envies des filles. On ne sait pas si l’une est lesbienne et si l’autre a réellement envie d’aller de l’avant. C’est le côté assez fragile du film. Car le but n’est pas que de montrer le côté brut de cette jeunesse mais aussi sa sensibilité. Il y a des scènes qui ont aussi marqué ma mémoire, comme cette scène de beuverie où tout le monde chante Le Lac du Connemara. C’était grandiose. La musique est importante dans le film et sert toujours de très jolies scènes dans ce film.
La Crème de la Crème est donc un film qui fait mouche grâce à de bons dialogues, une réflexion intelligente sur la jeunesse d’aujourd’hui et les envies de la société sans compter sur quelques sensibleries plutôt mignonnes. La morale finale est certes attendue mais cela ne veut pas pour autant dire que c’est raté, bien au contraire. Au début je m’attendais à voir un film générationnel doux-amère, sans grand intérêt et finalement Kim Chapiron a été bien au delà de mes espérances. Les codes sont brisés et le cinéma français revis ici. Le casting, inconnu au bataillon, est lui aussi plutôt bon. Je retiens notamment Alice Isaaz, brillante du début à la fin du film et ce dans tous les registres que l’histoire lui permet de passer. Kim Chapiron a également travaillé son esthétique afin d’en faire un film léché qui nous donnerait presque l’impression d’être dans un film anglo-saxon et même pas un film français. Je pense que même beaucoup d’anciens et nouveaux élèves d’école de commerce retrouveront quelques gimmicks qui leurs rappelleront des passages de leur propre vie. C’est vrai et frais.
Note : 8/10. En bref, jolie réflexion bien pensée sur le monde des écoles de commerce et des relations entre filles et garçons dans ces mêmes lieux.


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