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Des noeuds d'acier

Publié le 12 avril 2014 par Lorraine De Chezlo
DES NOEUDS D'ACIER
de Sandrine CollettePolar - 260 pagesEditions Denoël - janvier 2013Editions Livre de Poche - janvier 2014Grand Prix de la Littérature Policière - 2013
Théo sort de prison, enfin. Après dix-neuf mois passés sous la terreur, dans l'horreur. Enfin dehors. Mais ce qui l'attend sera bien pire que cette période carcérale. Alors qu'il n'a pour seule idée en tête de se venger de son frère, celui-là même qu'il a déjà mutilé, paralysé à vie, il va se précipiter dans la gueule d'un autre loup, dans un piège qui l'attend dans cette campagne reculée où il se réfugie pour souffler, logé chez la vieille, la serviable Mme Mignon. 
Le temps est d'une grande importance dans ce roman noir. Il s'étire, c'est parfois long, souvent même. Pourtant, à peine sorti de prison, le temps s'accélère pour Théo, une nouvelle vie, tant de choses à faire, appeler Lil, se retrouver, et se faire plaisir à passer voir son frère invalide à l'hôpital. Puis c'est l'imprévu, la fuite paranoïaque, et enfin la vie recluse dans ce fin fond de France, dans une ferme sordide mais qui a le mérite d'être cachée de tous, où personne ne connaît son identité ni son passé. Et pourtant, il a fallu que des hommes, plus fous et plus dégénérés que lui, des hommes inhumains, lui tombent dessus pour faire de lui un esclave qui connaîtra, durant de longs jours, de longues semaines, de longs mois, la torture, la maltraitance, la faim, le froid, la douleur, l'épuisement. La déchéance
Extrait :
 "Nul besoin d'un miroir : mes doigts suffisent à me renvoyer une image terrifiante. Je ne suis plus qu'un reste d'humanité. Une entité qui ne pense qu'à manger, boire et dormir, à éviter les coups, et à se relever le lendemain. Les vieux avaient raison. Je ne vaux pas beaucoup plus qu'un chien. Je ne suis même pas affectueux. Je suis de la race de ces bêtes galeuses qu'on attache au bout d'une chaîne et que personne ne veut plus caresser. Ce que je suis devenu c'est aux vieux que je le dois. Toute ma souffrance et toute ma déchéance, ce sont eux qui les ont faites. J'espère de toutes mes forces qu'il existe quelque chose au delà qui pourra me venger. Au nom de la haine qui me sera restée jusqu'au bout, même sans force, et sans volonté. Un peu de justice.
"
Sandrine Collette parvient parfaitement bien à nous torturer par la durée des souffrances qui sont infligées à son personnage. Cela en devient insupportable, inconcevable. Une torture d'hommes à homme. Un homme esclave qui devient animal. Peu à peu sa parole devient inutile voire préjudiciable, son corps n'est que source d'efforts ou de souffrance, sa pitance lui est jetée sans ustensile, et l'auteur distille peu à peu de plus en plus de termes issus du champ lexical animal. Enfin, les aspects physiques gagnent une importance secondaire, c'est sur le plan psychologique que Théo peut espérer un salut hypothétique. La relation entre les deux tortionnaires, et entre chacun d'eux et Théo sera l'objet de toutes les attentions du lecteur, concentré sur les renversements des rapports de forces, sur les failles qui pourront éventuellement jouer en faveur de Théo.Un roman noir court mais qui s'étire insoutenablement, qui donne froid dans le dos,
L'avis de Carine Boulay - Noirs Emois
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