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Pourquoi Harlem Désir va s'amuser à Bruxelles.

Publié le 14 avril 2014 par Juan
Pourquoi Harlem Désir va s'amuser à Bruxelles.

Harlem Désir a été nommé secrétaire d'Etat aux Affaires européennes. Le scrutin approche. En 2009, le PS s'était pris une claque assez violente, presque dépassé par la nouvelle alliance écologiste Europe Ecologie Les Verts. Cette fois-ci, tout est réuni pour un nouveau coup dur.


1. L'extrême droite rôde
La prochaine claque est pour bientôt. Tous les sondages nous le disent. Aucun sondagier n'explique sa méthode de redressement des données d'enquête. Mais les constats sont clairs, assénés, définitifs: Marine Le Pen en France va cartonner aux prochaines élections européennes de mai. En 2009, le FN avait pâti d'une UMP sarkozysée à la sauce identitaire et sécuritaire. A peine 6%, sur fond d'une abstention qui dépassait les 60%. Les récentes études ne montrent que des "progrès".
En Hongrie, le gouvernement autoritaire de Viktor Orban a remporté les dernières élections législatives. L'extrême droite, antisémite et anti-Roms, "Jobbik" a dépassé les 20%. 
2. La déflation aussi
Notre nouveau secrétaire d'Etat aux affaires européennes aura aussi fort à faire sur deux autres sujets. L'Europe est sous la menace d'une déflation généralisée. Même en France, l'inflation est ridiculement faible. On se souvient, non sans quelque ironie, des hurlements à gauche contre la hausse de la TVA décidée par François Hollande. Certains avaient beau expliqué que cette hausse frappait surtout des secteurs initialement "protégés" ou concurrentiels qui ne pourraient répercuter la hausse sur les prix aux consommateurs, le Front de Gauche s'était obstiné à hurler contre une prétendue hausse des prix. Près de quatre mois après la hausse, la hausse n'a pas eu lieu. C'est d'ailleurs, globalement, l'un des problèmes du moment.  Pire, la déflation menace aussi au niveau européen.
3. La défense délaissée
Pour satisfaire aux fichus critères de Maastricht, les pays les plus vertueux se sont efforcés de couper das leurs dépenses militaires. Trouvez-vous la planète si calme qu'il faille se désarmer collectivement aussi rapidement et unilatéralement ? Non bien sûr. L'idée, défendue par un analyste pourtant habituellement libéral, est de sortir les dépenses de défense des critères maastrichtiens d'équilibre budgétaire.
4. L'euro contesté
L'euro n'est plus un tabou à gauche. Plusieurs ouvrages témoignent d'une prise de conscience. Le plus médiatisé, "la Malfaçon", émane de Frédéric Lordon. L'auteur explique qu'il faudra bien récupérer davantage de souveraineté aux Etats si l'on veut s'en sortir. Un autre,  Aurélien Bernier, ancien dirigeant d'Atac, accuse la gauche radicale de s'être fourvoyer dans un européisme béat laissant au FN le champ de la contestation du fédéralisme et de l'euro.
En 2005, l'opposition au Traité constitutionnel n'était pas unanime contre la politique monétaire européenne. Il fallait remonter à 1992 et la lutte infructueuse contre le Traité de Maastricht pour retrouver pareils accents contre la BCE et le manque de souveraineté des Etats.
5. L'absence démocratique
Une troisième, Coralie Delaume, blogueuse émérite, dénonce cette Europe sans citoyens. Jacques Sapir évoque " le corpus grandissant de la littérature dite « eurosceptique », et qu’il faudrait mieux qualifier d’euroréaliste."  La construction européenne est un concept froid: "la logique du droit européen aboutit à cette figure monstrueuse d’un législateur en autoréférence, se prétendant omniscient pour s’affirmer omnipotent" écrit Sapir. Cette législation n'empêche même pas qu'on nous vende du cheval pour du boeuf. Ni qu'on protège les plus fragiles ou les plus déplacés.
L'Europe n'est plus politique. Elle est cet endroit où la loi s'est construite pour faire échec aux législations nationales, pour donner quelque aise au commerce et aux entreprises.
Le Traité de Lisbonne en 2008 a repris les termes du traité constitutionnel de 2005, pourtant refusé par référendum en France.
6. L'austérité à 28 ?
En septembre 2012, François Hollande a échoué à renégocier le Pacte budgétaire européen (TSCHG), malgré une légère inflexion en faveur de la croissance. Depuis 2008, l'Europe politique ne s'incarne qu'à travers les politiques d'austérité qui frappent le Sud de l'Union. La Grèce, puis le Portugal ou l'Espagne, vivent avec la Troïka, ce triumvirat qui rassemble la Commission de Bruxelles, la FMI et la Banque Mondiale. En 2009, l'Europe indifférait. En 2014, elle risque le rejet pur et simple.
La France n'est pas épargnée, elle aussi demande des sursis à répétition. En 2007, avant la crise, Nicolas Sarkozy  s'était précipité dès le mois de juin suivant son élection pour expliquer pourquoi la Sarkofrance ne tiendrait aucun de ses engagements de réduction de déficits. 7 ans plus tard, c'est pire encore, à cause de la gabegie sarkozyenne, et de la crise.
7. Le Traité translatlantique
Il y a eut quelques réalisations récentes, que notre secrétaire d'Etat rappellera sans doute: l'union bancaire, enfin agréée fin 2013, imposera aux banques en faillite de se retourner vers leurs actionnaires. Mais la même Europe a été invapable de se doter d'une taxe sur les transactions financières un tant soit peu forte.
L'Europe négocie avec une trop grande discrétion un nouveau traité de libre-échange. Au-delà du secret qui finira par être percé (la négociation ne débute véritablement qu'au printemps 2015), le plus grave est l'absence d'installation démocratique dans le processus.

Europe euro les peuples sont ils maîtres de... par SCHOUM1


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