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La couleuvre de Montpellier. Suite...

Publié le 14 avril 2014 par Raymond_matabosch

La couleuvre de Montpellier.

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La couleuvre de Montpellier prolifère dans les terrains secs et chauds, rocailleux ou sableux, à végétation buissonnante, qui lui facilitent la possibilité d'y trouver de nombreuses cachettes pour s'y réfugier car, en cas de danger, elle tente, en priorité, de fuir. Ce n'est seulement, s'il lui est impossible de s’échapper, qu'elle va dresser, à la manière des cobras, le tiers ou le quart du corps, au-dessus du sol, et prendre une posture défensive. Elle balance, alors, la partie soulevée, de gauche à droite, d'avant en arrière, en fonction de sa respiration et de son souffle violent, - en occitan pour cela dénommé le « gisclard » -, tandis que sa langue sort et entre très vite dans sa bouche. Cette posture indique que le « Malpolon monspessulanus » veut intimider l'agresseur. S'il se dresse encore, c'est qu'il est prêt à l'attaque et à mordre s'il en a l’occasion. Mais il faut qu'il soit très violemment provoqué pour frapper vraiment.

Si son habitat de prédilection est surtout les garrigues où, en certaines stations il peut se compter jusqu'à cinq individus à l'hectare, très adaptable, elle a aussi colonisé la proximité des points d’eau, les maquis côtiers, les fourrés, les vignes, les oliveraies, les forêts de chênes verts et les prairies. Elle se rencontre jusqu'à 500 mètres d'altitude et même, dans certaines régions du Sud de la France, de l'Ibérie et du Nord Maghreb, jusqu'à 1.000 mètres. Malgré sa mine patibulaire due à ses « sourcils prononcés », le « Malpolon monspessulanus », même si c'est une couleuvre venimeuse, par le fait qu'il possède elle possède « des crochets à venin », situés en arrière, - opistoglyphe -, les morsures normales étant de l'ordre d'une seconde ou d'une fraction de seconde, n'est pas dangereux pour l'homme.

En effet, contrairement à la vipère, il ne peut l'inoculer directement car ses crochet, non perforés s'assimilent à des dents avec des sillons le long desquels le venin peut s'écouler. Mais, pour la couleuvre de Montpellier, ceci ne peut se réaliser que si la proie est maintenue dans sa gueule, puis, en quelque sorte, « mastiquée » afin que les « dents » puissent pénétrer et que le liquide, paralysant progressivement la victime et facilitant son ingestion, s'introduise dans la chair mordue. Pour les humains, de rares envenimations, - rendues possibles parce que la morsure aurait été particulièrement prolongée -, s'en suivent, ne provocant qu’un léger gonflement de la partie mordue, un phénomène qui disparait au bout d’une ou deux heures.

Serpent diurne, rapide dans ses déplacements reptatoires, - souvent dénommé le TGV des garrigues -, et opportuniste, elle chasse généralement à vue et son alimentation, contribuant à l’équilibre écologique du milieu naturel, est constituée, de sauriens, de petits mammifères, - muridés, lapereaux, mulots, rats -, d'oiseaux nichant au sol, de lézards, - Psammodromus algirus, lézards ocellés de taille adulte... -, et de serpents, - Rhinechis scalaris, Hemorrhois hippocrepis... -

 

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Outre sa coloration caractéristique, - les très jeunes parfois gris avec des motifs de bande non liées sur le dos plus ou moins foncé, ou gris marron avec le même motif, leur ventre vert à orange qui, avec l'évolution, la couleur en devient de moins en moins vive, plus uniforme ensuite, vert foncé, gris foncé et chez les spécimens âgés, une section du corps derrière le cou, vert, noir, parfois bleu foncé -, son identification est aussi possible par ses écailles. Ce grand serpent a une écaille frontale plus étroite que les deux écailles supra-oculaires. Ses dorsales et ses latérales sont plus ou moins creusées longitudinalement chez l’adulte qui possède en outre, une pré-oculaire, deux post-oculaires et deux loréales, situées entre la pré-oculaire et la nasale.

La reproduction a lieu au printemps, généralement à partir de fin Avril-Mai quand les « Malpolon monspessulanus » sortent de l'hibernation. Les couples se forment... Le couple dit dominant peut accueillir d'autres individus mâles ou femelles voire même d'autres couples sur son territoire. Les relations peuvent alors devenir très complexes. Comme pour les pistes de chasse, le mâle dominant va délimiter régulièrement son territoire. En son absence, son rôle pourra même tenu par un mâle « vassal » qu'il aura pris soin de marquer au préalable de son fluide nasal. Ce dernier protègera la femelle sans pour autant s'accoupler avec elle.

A cette époque, le mâle reproducteur se montre très tendre envers la femelle qu'il défend et assiste même pendant la chasse. Mais c'est aussi à cette période que les mâles d'un naturel très farouche oublient leur prudence... N'hésitant pas à passer à découvert, ils sont les victimes nombreuses et toutes désignées des routes passagères. Les femelles pondent environ 15 œufs ; - extrêmes de 5 à 20 œufs -, dans un lieu humide, chaud, souvent dans de la végétation en décomposition. Les œufs éclosent après 8 semaines, fin Août-début Septembre, et les nouveau-nés mesurent entre 20 et 35 cm. La maturité sexuelle est atteinte au bout de 3 à 5 ans et les couleuvres de Montpellier ont une espérance de vie d'une quinzaine d'années.

Le « Malpolon monspessulanus » figurant en annexe III de la convention de Berne de 1982, fait partie des espèces de faune protégées en Europe Sur le territoire métropolitain, il est totalement interdit de la capturer, de la blesser, de la tuer, de le déplacer et de détruire sa ponte.

Bibliographie

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Jean-Philippe Chippaux, Venins de serpents et envenimations, Paris, France, IRD Éditions, coll. « Didactiques »,‎ 2002.

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Fitzinger, 1826 : Neue Classification der Reptilien nach ihren natürlichen Verwandtschaften nebst einer Verwandschafts-Tafel und einem Verzeichnisse der Reptilien-Sammlung des K. K. Zoologischen Museums zu Wien J. G. Heubner, Wien, pages 1 à 66.

Jean Lescure et Bernard Le Garff, L'étymologie des noms d'amphibiens et de reptiles d'Europe, Belin, collection « Éveil nature »,‎ 2006.

Chris Mattison, Tous les serpents du monde, Paris, France, Delachaux et Niestlé,‎ 2008.

Guy Naulleau, Les Serpents de France, Nancy, France, Revue française d'aquariologie herpétologie, université de Nancy I,‎ 1987.

Jean-Pierre Vacher et Michel Geniez (dir.), Les Reptiles de France, Belgique, Luxembourg et Suisse, Paris, Biotope, Mèze & Muséum national d’Histoire naturelle,‎ 2010.


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