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A l'ombre de la haine

Publié le 14 avril 2014 par Olivier Walmacq

Un gardien de prison va faire exécuter un détenu lorsqu'il découvre le suicide de son fils. Il fait alors la rencontre de la veuve du détenu ...

A l'ombre de la haine : Affiche

La critique interaciale de Borat

Dans le cinéma, nous avons souvent eu droit à des arnaques, ces films récompensés qui en fait ne valent pas à un kopeck ou ces films sortis de nulle part qui deviennent des chefs d'oeuvre dès que la critique commence à s'y intéresser. C'est indéniablement le cas d'A l'ombre de la haîne de Marc Forster. Un film dont personne n'avait entendu parler avant l'Oscar de la meilleure actrice pour Halle Berry. En France, il sortira d'ailleurs bien après la cérémonie et lors de sa sortie DVD, la jaquette sera particulièrement foireuse puisque montrant l'actrice avec la coupe touffue qu'elle a d'habitude, alors qu'elle a la coupe au bol dans le film! Cherchez l'erreur! En fait, Monster's ball ("les boules du monstre", titre encore plus incompréhensible que le français) est une immense arnaque comme le cinéma indépendant nous en sort au moins une dizaine par an. Vous pensiez que certains films venant d'Hollywood touchaient énormément sur la corde sensible tire-larme? Attendez de voir ce film pour comprendre votre douleur. Des effets de ce genre, il y en a à la pelle dans ce scénario d'une rare bêtise où tout semble faux jusque dans les péripéties.  

A l'ombre de la haine : Photo Billy Bob Thornton, Heath Ledger, Marc Forster, Sean Combs

En fait, Forster veut nous montrer un couple qui se forme par des coïncidences grosses comme le monde et des raccourcis ahurissants. Alors Billy Bob Thornton est un maton du mitard tout ce qu'il y a de plus banal et quelque peu raciste, parce que son père (Peter Boyle) l'est. Autrement dit, la haîne on l'a dans la famille et ça se nourri de génération en génération. Sauf que non puisque Thornton a un fils incarné par Heath Ledger et lui il est un peu trop tolérant et un peu dépressif aussi. Alors comme papa et grand-père, il est maton sauf que comme il ne s'entend pas avec son père alors ils s'engueulent et un jour, Ledger se suicide. Un élément qui arrive comme un cheveux sur la soupe, qui plus est en moins d'une demi-heure. C'est tellement gros et le personnage n'est tellement pas développé que le spectateur se fout royalement de la mort de ce personnage. Cela veut susciter l'émotion mais avec des pattes d'éléphant! Et la suite ne va cesser de confirmer le côté artificiel de cette émotion fait uniquement parce que ça rend bien dans un film. On fait alors la connaissance du personnage d'Halle Berry, serveuse dans un restaurant-routier où passe Thornton avant ou après son service et comme un hasard n'est jamais très loin, c'est la femme d'un détenu qu'il doit exécuter (Puff Daddy).

A l'ombre de la haine : Photo Halle Berry, Marc Forster
 "Bon alors le gros tu vas bouger ton cul bordel de merde au lieu de regarder la télé en bouffant des barres chocolatées" Echange fictif entre une mère et son fils mais on n'en est pas loin. 

C'est beau le hasard! Alors il tue le mari et puis patatra comme si de rien n'était, son fils obèse se fait écraser par une voiture! Et qui c'est qui est là au bon endroit pour l'emmener à l'hôpital? Ben Tonton Billy voyons! Et en plus, il aura le droit de coucher avec elle à la sauvage sur le canapé ou sur le tapis parce qu'elle "veut se sentir bien" (ce n'est pas moi qui invente, c'est dans le dialogue), ce qui est évidemment un dilemme moral puisque rappelons-le, le coco est raciste et donc coucher avec une afro-américaine ça ne le fait pas trop. Mais quand même durant cinq bonnes minutes il prend son pied dans une séquence à la limite de la pornographie. Alors certes on ne voit pas de pénis et encore moins de vagin, mais la scène est suffisament explicite pour avoir titiller l'intérêt des critiques à l'époque. Par ailleurs, il semblerait que cette séquence reste le seul élément marquant du film tout du moins de ce qui est dit un peu partout. Va savoir, c'est peut être à cause de l'"investissement" d'Halle Berry dans cette scène que l'Académie des Oscars lui a donné la statuette. 

A l'ombre de la haine : Photo Billy Bob Thornton, Halle Berry, Marc Forster

Ou alors l'enlaidissement de l'actrice lorsqu'elle se met à pleurer, je ne sais pas mais en tous cas l'Oscar paraît beaucoup trop gros pour être vrai. Peut être que c'était pour compenser avec l'Oscar de Denzel Washington, mais franchement il n'y a aucune performance dans ce film à signaler. Continuons ainsi ce récit fait de m'as-tu-vu. Elle découvre alors que le père de son petit-copain est raciste et donc fait le parallèle avec le fils. C'est vrai si l'un est raciste, sa décendence l'est aussi. Alors ils se brouillent et puis l'amour revient à toute berzingue! Bref, voici un film qui nous dévoile l'amour dans la douleur et le deuil brutal, soit un thème pas si bête que cela en fin de compte mais tellement mal mis en scène, tellement mal mis en avant que cela en devient ridicule. Les clichés sur la decendence du racisme, l'amour improbable entre deux couleurs (ça va en 2001 l'apartheid et la ségrégation sont terminés depuis longtemps), la scène de sexe explicite (en général depuis Basic Instinct, si vous n'avez pas un but scénaristique notable c'est foutu, autant dire que là...), le fils obèse, les morts engendrant le pathos, le raciste qui devient copain avec un afro-américain au fur et à mesure sont d'un irritant, un agacement pénible qui vous fait mesurer à quel point certains films devraient être réévalué au fil des années.

A l'ombre de la haine : Photo Billy Bob Thornton, Marc Forster
 "Je suis raciste mais pas trop, néanmoins faut pas me faire chier sur mon gazon!"

Une honte bourrée de clichés gros comme des montagnes qui joue sur des effets pour dénoncer une chose: du néant.

Note: prout!

Note naveteuse: 18/20


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