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Quai d'Orsay

Publié le 15 avril 2014 par Olivier Walmacq

Un jeune diplômé de l'ENA se voit parachuter comme script du ministre des affaires étrangères français. Il n'est pas sorti de l'auberge...

Quai d'Orsay : Affiche

La critique remaniée de Borat

Bertrand Tavernier est probablement l'un des meilleurs réalisateurs français encore en activité et véritable touche à tout comme on les aime. Sa carrière est désormais moins productrice qu'avant mais le réalisateur se montre toujours bien présent dans le paysage français. Avec Quai d'Orsay, il vient tater l'adaptation de bande-dessinée tout en réalisant une comédie satirique sur la politique de notre beau pays. La bande-dessinée de Christophe Blain et Antonin Baudry qui a réellement participé au ministère des affaires étrangères entre 2002 et 2004 mettait bien évidemment en scène le ministre en question, sosie évident de Dominique de Villepin à cette fonction en cette période. Pour l'incarner, il fallait donc quelqu'un de grand et pour cela rien de mieux que Thierry "j'ai un voilié à acheter" Lhermitte. Pour le reste, on retrouve Raphael "j'ai une belle gueule et je sais m'en servir" Personnaz, Anaïs Demoustier, Niels Arestrup, Bruno Raffaelli, Julie Gayet, Thomas Chabrol, Thierry Frémont et Jane Birkin. Si le film ne dévoile pas de réelle temporalité, la mention "2002" sur le calendrier au ministère permet de voir qu'on est encore sous les années Chirac.

Quai d'Orsay : Photo Niels Arestrup, Thierry Lhermitte

Pas encore de médiatisation à outrance et encore moins de Closer en ces temps. D'ailleurs, il est assez ironique de voir Julie Gayet dans ce film et particulièrement dénudée le temps de quelques plans. D'ici à faire des allusions satiriques il n'y a qu'un pas que votre interlocuteur ne franchira pas. Evidemment, Quai d'Orsay (retitré The french minister pour l'Amérique, ce qui fait film très sérieux l'air de rien) n'a rien de bien polémique pour lui, ne cherche même pas à montrer les vices du gouvernement (peut être sa faignéantise) mais se pose comme une satire qui se moque gentillement de tout ce beau monde poli et en faisant rire. D'ailleurs à plus d'un titre, Tavernier s'en sort vraiment bien dans la comédie et y prend ses aises assez rapidement preuve en est avec un Thierry Lhermitte que l'on n'avait pas vu aussi amusant depuis très longtemps (Le dîner de cons?). Plus que De Villepin (on n'ose imaginer les vannes sur le nain de ministre de l'intérieur de l'époque), il incarne le politique fort en gouaille qui déclenche un ouragan à chaque fois qu'il apparaît. Un bon petit gimmick comique qui fonctionne à merveille que l'on voit ou non Lhermitte dans le plan.

Quai d'Orsay : Photo Raphaël Personnaz, Thierry Lhermitte

Le personnage connait tellement les rouages du pouvoir qu'il sait typiquement ce qu'il faut mettre dans les discours (voir la séquence des "tac tac tac"), mais évidemment préfère que les autres le font à sa place. Lhermitte atteint peut être son summum dans la séquence du stabilo où il ne s'arrête plus du tout de causer durant au moins cinq minutes, déblatérant que pour lire il a besoin de stabilo pouvant lui permettre de prendre l'essentiel! Comment il reconnaît un bon livre? Parce qu'il y a du stabilo dedans! Il y a également cette manie systèmatique de toujours revenir à Héraclite par exemple en le balançant sur l'énarque à tout bout de champ histoire qu'il s'en inspire. Enfin, on rigolera devant la totale roue libre de Lhermitte face à une Jane Birkin ne savant plus quoi dire devant tant d'absurdité. L'autre beau portrait c'est évidemment celui du directeur de cabinet incarné par Niels Arestrup (césarisé pour l'occasion et à juste raison). Une sorte de chat amateur de détournement d'anchois. Son gimmick est d'apparaître en train de dormir et de soudainement reprendre une conversation comme si de rien n'était. Personnaz s'en sort également bien même si ses histoires sentimentales et son parcours sont moins intéressants. Les seconds-rôles font de même, mon préféré étant Thierry Frémont lui aussi en roue libre et allant dans la grivoiserie tordante ("Je me fais sucer la friandise! Je me fais caresser le gardon!").

Quai d'Orsay : Photo Anaïs Demoustier, Raphaël Personnaz

Une satire politique plutôt jouissive où les acteurs s'en sortent à merveille. Comme quoi quand un grand réalisateur s'attele à une comédie, cela marche bien parfois.

Note: 17/20


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