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Monuments men

Publié le 16 avril 2014 par Olivier Walmacq

Vers la fin de la Seconde Guerre Mondiale, plusieurs historiens d'art partent à la recherche des oeuvres volés par le troisième reich...

Monuments Men : Affiche

La critique donneuse de leçon de Borat

Sur le papier, Monuments men avait tout pour convaincre et à vrai dire, on pouvait s'attendre largement à du bon film d'aventure. D'ailleurs, l'équipe du film n'a cessé de citer La grande évasion de John Sturges et Ocean's eleven de Steven Soderbergh, renvoyant justement à cette notion de divertissement. Mais malheureusement, George Clooney a peut être viser trop haut en voulant un film "inspiré d'une histoire vraie". Même si l'humour est bel et bien là par ci, par là, on sent que le film est beaucoup trop sérieux pour totalement convaincre. Prenez le film de Sturges précité: cela a beau être un film de guerre, il n'oubliait jamais le divertissement et notamment de faire rire (cf Steve McQueen qui allait sans cesse au cachot et jouait avec une balle). Monuments men en revanche a plus d'une fois du mal à s'enlever un balais à chiottes qu'il se serait lui-même mis. La comédie est très vite laissée tomber une fois nos trublions sur le front, enlevant ainsi du charme à l'entreprise. Et pourtant on s'amuse de John Goodman croyant que ce sont des balles à blanc qui sont tirées au cours du parcours du combattant (voir sa gueule déconfite est fantastique) comme des sarcasmes de Bill Murray.

Monuments Men : Photo George Clooney, Matt Damon

On rigole également lors de l'interrogatoire du beau-frère du dentiste qui n'est autre que le nazi s'étant enfoui de Paris après avoir dépouiller un musée de ses oeuvres d'art. Un moment qui aurait pu tourner au suspense vicieux comme l'ouverture d'Inglourious Basterds, mais devient un beau moment d'humour noir avec un nazi qui peine sérieusement à camoufler son passé nauséabond et surtout avec les gosses qui sont au garde à vous dès que l'on fait "Hei Hitler!". Comme quoi il est terriblement facile de démasquer un menteur. Mais voilà le film ne tient pas toujours ses promesses évoquées et tombe beaucoup trop dans un sérieux notoire qui nuit plus à l'entreprise qu'autre chose. On sent que Clooney veut à tout prix rendre hommage à ces hommes voués à leurs convictions au point de mourir parfois et tombe malencontreusement dans la leçon d'histoire. Le personnage de Clooney met souvent en avant l'engagement de son groupe et la volonté de sauver à tout prix des oeuvres d'art. Des honneurs notables mais qui auraient mérités un peu plus de subtilité comme on peut le voir dans les discours de Clooney qui en rajoutent sans cesse. Un discours démagogique qui devient quelque peu soulant d'autant que cela arrive souvent.

Monuments Men : Photo Cate Blanchett, Matt Damon

(attention léger spoilers) Preuve en est encore une fois avec le happy end final tournant à la visite de musée type "tu as vu mon petit, c'est moi qui l'est sauvé la madonne et grâce à moi, tu peux la voir". Ce détail de la transmission est d'autant plus visible que c'est le père Clooney qui incarne la version vieillissante du rôle de son fils. (fin des spoilers) Le film manque également d'une certaine dramaturgie. Les deux décès ont beau être montré ou cité soit c'est très propre (l'un meurt hors champ avant de montrer son corps inanimé, l'autre sera dans les bras d'un autre quand les troupes rappliquent), soit cela manque vraiment d'émotion. L'ensemble est également très romancé et cela se voit quand même beaucoup. L'aspect hollywoodien trop lisse se ressent, renforcé par la musique un peu trop classique d'Alexandre Desplat (que l'on a connu plus inspiré) et on ne peut pas trop croire à certains éléments. Certes le personnage de Cate Blanchett serait bel et bien inspiré d'une vraie historienne, mais le fait qu'elle réussisse à survivre aux nazis de cette manière est très grosse. A noter quelques scènes inutiles comme le petit nazi face à Murray et Bob Balaban ou le passage de la mine. Reste que l'on a plaisir à voir cette belle brochette d'acteurs ensemble, surtout Bill Murray et John Goodman toujours agréables à voir dans des rôles potentiellement amusants.

Monuments Men : Photo Jean Dujardin

George Clooney a probablement était trop ambitieux au point de faire un film pas mal, mais beaucoup trop lisse et donneur de leçon.

Note: 11/20


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